[Tribune] Un gouvernement au fil de l’eau

MACRON

Savoir s’en tenir à ses compétences est un adage antique qui, visiblement, fait largement défaut à la Macronie en perdition. C'est pourtant gage d’efficience et de succès. Rien de tel, avec ce gouvernement macroniste qui gouverne au fil de l’eau, avide de coups médiatiques sans lendemains tout en veillant à ce que les médias officiels, ainsi que les journalistes, soient dans la ligne de Jupiter. À défaut, ils sont suspendus. C’est la renaissance de la Pravda !

Un Président imprévisible

Macron Jupiter, nous le savons tous, est imprévisible ; il manie les provocations, il assume les oxymores, sans être conscient des incohérences et contradictions entre ce qu’il a dit hier et ce qu’il affirme dans l’instant. Sans vergogne, il est adepte de la vérité du jour. Si Edgar Faure ne l’avait pas inventée, il pourrait être le père de la fameuse formule : « Ce n’est pas moi qui change comme une girouette, c’est le vent. » On peut citer l’OTAN « en mort cérébrale », première organisation politique européenne instrument de Washington et aujourd’hui choyée jusqu’à la vassalisation servile.

Il y a peu, il convenait de ne pas humilier Vladimir Poutine ; selon un journaliste, désormais, un verre à la main dans une réception à l’Élysée, il estime devoir envoyer des soldats en Ukraine, d’ici une année.

Il ferme la centrale nucléaire de Fessenheim et, depuis peu, il ne jure que par le nucléaire, un complet tête-à-queue. Bravo pour la cohérence !

Et joue les apprentis sorciers lorsqu'il s’attaque à l’unité multiséculaire de la nation en proposant la modification de la Constitution pour conférer à la Corse un statut d’autonomie, statut immédiatement exigé par d’autres régions.

Ses affidaverunt (les macronistes) ont juré d’être des suivistes, des amateurs fiers prêts à traverser la rue et à rencontrer dans les gares des gens qui ne sont rien.

Ses senatus - entendons par là les députés et députées macronistes -, et certaines, parmi ces dernières, conscientes d’être renvoyées à leurs chères études aux prochaines élections, veulent instituer un scrutin proportionnel pour sauver leur siège.

Peu importe que la France devienne ingouvernable, que les appareils politique soient les maitres des investitures, véritable déni de démocratie : avec eux, c'est « après moi, le déluge ».

Pecunia non olet (« l’argent n’a pas d’odeur »)

Cet adage est vieux comme le monde. Néanmoins, il est plaisant de relever que le comptable de Bercy - responsable, avec Jupiter, de 1.000 milliards de dettes supplémentaires -, après avoir dépensé et « dansé tout l’été », appelle à la rigueur. Français, « serrez votre haire avec votre discipline », d’après Tartuffe, qui doit être cité de manière fort opportune, en l’occurrence.

Mais César n’est pas au-dessus de la grammaire : le nouveau ministre des Affaires étrangères, dont la surprenante nomination a visiblement été parrainée par le jeune Attal, a sans doute oublié que la langue française, langue diplomatique, s’écrit et se parle sans la massacrer. Ce ministre a gagné en renommée : celle des ânes.

Le commun des mortels

Pauvre peuple. Il ne comprend pas que les « princes élus qui les gouvernent » veulent leur bien. Il est vrai que Jupiter, d’emblée, a compris qu'il fallait rapidement répondre aux demandes - légitimes - des « gilets jaunes », après des centaines de milliers de manifestants fort en colère ! Jupiter a eu la trouille de sa vie au Puy-en-Velay. Depuis ce mémorable événement, Jupiter entretient des relations de confiance avec les Français qui relèvent de l’amour vache, ces Français pourtant vent debout sur l’absence de contrôle des flux migratoires et l’insécurité qui explose !

Le jeune loup

La nomination du Premier ministre nommé pour ne pas faire de l’ombre à Jupiter est certes un défi en soi. Sera-t-il capable d’imposer sa marque à des ministres vieux routiers, présents depuis fort longtemps en Macronie ? Ils se seraient bien vus à sa place. Les coups tordus font partie de l’enfer bien connu de Matignon. Il y a fort à parier que le jeune Premier ministre ne prononcera pas son dernier mot en hommage à Jupiter. À défaut d’être un fusible, facilement remplaçable, ne va-t-il pas le trahir afin d’essayer de poursuivre une carrière politique problématique ?

L’abîme appelle l’abîme. Soyons lucides, la Macronie est en fin de règne et tous les macronistes enfantés dans le sillage de Jupiter s’adresseront très bientôt à France Travail. Acta fabula est (« la pièce est jouée »), il nous reste à reconstruire la France !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/04/2024 à 23:39.

Jacques Myard
Jacques Myard
Homme politique - Maire de Maisons-Laffitte

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Analyse pertinente d’une fin de règne, prémices d’une 3éme guerre Mondiale, le consumérisme étant arrivé au bout…L’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement, fourrez vous celà dans le crâne ! Tout est mortel ici bas, même les civilisations !

  2. Trois ans ? C’est trop… Comment pourrons-nous tenir tout ce temps ? Dans quel état sera la France dans trois ans ? Que restera-t-il de fiable ? d’efficace ? de sûr ? Je ne peux l’envisager. En revanche une destirtution habilement instruite et menée serait la meilleure solution. Espérons !…

  3. Et si ce n’était pas de l’incompétence, si la ruine de la France était voulue, organisée ?
    Liquider, ou finir de liquider, au nom du remboursement de la dette, ce qui reste de services publics et plus loin, ce qui reste d’État, pour livrer le pays aux diktats de Bruxelles, qui se fera fort de redresser les finances avec des mesures drastiques qui consisteront à réduire les avantages des Français et à les obliger à se placer sous la coupe d’une instance supranationale, FMI, par exemple. En quelques mots, nous forcer à devenir une région européenne sans âme nationale, sans Histoire et sans culture. En haut lieu, on ne s’est d’ailleurs jamais caché vraiment d’un tel objectif : « De l’Europe, encore plus d’Europe, toujours de l’Europe ».
    Le prochain épisode en gestation est celui d’un état de guerre permanent qui va justifier les réquisitions, dûment inscrites dans la dernière loi de programmation militaire, l’envoi de troupes au sol, prélevées sur les populations, de gré ou de force, l’entrée, par la réquisition dans une économie de guerre, la ponction peut-être, sur les épargnes des Français et la spoliation immobilière, sur ce dernier point, il ne s’est jamais caché non plus.
    On se demande comment et pourquoi l’opposition ne voit pas ce qui est pourtant visible, car étalé au grand jour, et pourquoi personne, dans ceux qui en auraient les moyens, n’arrête ce processus mortifère.

    • Je partage votre point de vue, la seule divergence concerne le déroulement des événements. Il n’est pas certain que les Français se laissent faire sans broncher. Et là, ça risque de devenir très sportif, dans le style « Gilets Jaunes », mais à la puissance 10. Quant à la guerre, je pense malheureusement que nos sociétés ont besoin de conflits meurtriers pour se régénérer. Or nous n’avons pas eu de conflit de ce type depuis la seconde guerre mondiale et nous n’avons pas su ou voulu trouver un modèle alternatif capable de perdurer sans un conflit majeur. L’Ukraine est peut-être l’opportunité tant attendue qui se présente aux pays européens. Une chose est certaine, si le conflit éclate, nous ne nous en relèverons pas.

    • Des troupes au sol, prélevées sur les populations ? Quelles population ? La population LGBT++? Les drag Queen ? Il n’y aura pas de troupes au sol parce que personne n’ira mourir pour l’Ukraine. Mener difficilement quelques raids dans le désert contre des terroristes armés de bric et de broc n’a rien à voir avec la guerre d’attrition qui se déroule en Ukraine. Certes, il y a bien sur place quelques professionnels des forces spéciales. Ce sont des gents qui connaissent les risques et qui en ont fait leur métier. Mais pour le reste….

  4. Pour reconstruire il faut des hommes qui soient construits eux-mêmes ! Devant l’hécatombe de l’enseignement public et la démission des familles autant chercher une aiguille dans une botte de foin !
    Les hommes capables de penser aux autres et surtout à la France avant de penser à leur carrière et à leurs besoins égoïstes ne courent vraiment pas les rues.

    • Nous faisons plus dans le « déconstruit » que dans le « construit », quant au « reconstruit », n’en parlons même pas !

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