[Tribune] Michel Onfray se trompe sur Marine Le Pen
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Michel Onfray n’apprécie pas, semble-t-il, Marine Le Pen. C’est son droit le plus strict. Mais en dénaturant sa pensée par un raisonnement fallacieux, il rend un bien mauvais service à une démocratie française déjà souffrante.
Que dit, au juste, le philosophe à Paris Match ? « Je suis étonné que d’aucuns, jusqu’à Marine Le Pen, nient la pertinence des thèses de Samuel Huntington. C’est un marqueur. Ceux qui pensent qu’annoncer le cancer, c’est le créer, et ceux qui pensent, dont je suis, qu’il ne saurait y avoir de guérison possible si l’on commence par nier l’existence de la maladie. Les premiers défendent le système. Les autres non. »
Depuis trente ans, Huntington et son ouvrage phare, Le Choc des civilisations, ont inspiré les néo-conservateurs et la politique étrangère des États-Unis. Les relations internationales ne seraient plus l’expression d’une compétition géopolitique ou idéologique, mais le lieu d’affrontements sans pitié de cultures et de civilisations différentes. À voir la violence qui s’empare du monde, dont les attaques du Hamas en Israël ont été un point d’orgue le 7 octobre dernier, on peut penser qu’Huntington n’avait pas eu entièrement tort en prévoyant cette montée aux extrêmes dans la détestation de l’Autre.
Cependant, appartient-il au politique, et en particulier à ceux qui exercent le pouvoir ou s’apprêtent à l’exercer, de s’accommoder du nouveau sens inéluctable d’une Histoire qui nous annonce benoîtement la guerre de tous contre tous ? La noblesse de la politique ne consiste-t-elle pas à rappeler que rien n’est jamais écrit tant que le combat n’est pas terminé et qu’il est donc toujours possible d’éviter le pire ?
Depuis qu’elle préside aux destinées du Rassemblement national, Marine Le Pen n’a cessé de dénoncer les lâchetés et les erreurs des décennies passées. Celles qui ont abouti, notamment par les effets d’une vague migratoire incontrôlée, à la désagrégation progressive de la société française. Alors, dire que Marine Le Pen se rangera aux cotés des « défenseurs du système » et se « mélonisera » une fois à l’Élysée est un bien mauvais procès d’intention. Marine Le Pen refuse, au contraire, de considérer inéluctable cet affrontement de civilisations que certains cherchent à nous vendre. Le monde apparaît chaque jour, et indubitablement, plus dangereux et plus volatile. Il serait lâche de se résoudre à l’accepter sans chercher à le pacifier et à l’ordonner. Ce serait faire le deuil de l’honneur, du courage, de la volonté ainsi que de la paix, de la raison et de la capacité de l’Homme à changer le cours des choses. Ce serait entrer dans un chemin de désespérance et de guerre généralisée qui ne correspond pas à la vocation de la France en tant que nation civilisée. Or, rien n’est plus éloigné de la pensée de Marine Le Pen en qui les Français reconnaissent une femme courageuse. Au contraire, c’est parce que la France recouvrera demain son indépendance et sa souveraineté, comme elle l’a fait sous le général de Gaulle en 1958, qu’elle sera entendue du monde et saura s’y faire respecter comme puissance.
Pour porter un tel projet, il faut une force de volonté hors de la portée du premier venu et que la France n’a plus vue depuis bien des années. Reconstruire le pays gisant sur des décombres et restaurer un État, démantelé de l’intérieur en étant livré aux intérêts suspects des cabinets de conseil privés anglo-saxons, exige une détermination peu commune. Présenter une alternative aux politiques d’accompagnement de l’islamisation et de l’immigration, qui sont celles d’Emmanuel Macron et de ceux qui l’ont précédé, est loin d’être une sinécure. Protéger les Français nécessite d’avoir la main ferme. Victime d’un attentat à la bombe à l’âge de huit ans, la vie s’est chargée de tanner le cuir de Marine Le Pen. Et l’épaisseur de ce cuir saura faire la différence.
Marine Le Pen dispose de cette capacité, rare chez les dirigeants politiques occidentaux confrontés à l’instabilité du monde, à vouloir changer réellement le cours des choses et à défendre l’essentiel, c’est-à-dire l’unité nationale et la paix.
Alors, Michel Onfray, à l’avenir, peut-être gagneriez-vous à méditer ces paroles de Charles Péguy qui devraient être inscrites au frontispice de nos universités, y compris celle de l’Université populaire de Caen : « Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. »
66 commentaires
Je crains que beaucoup, dont l’auteur de cet article, n’aient des oeillères (ou la mémoire courte) concernant cette personnalité politique. Faut-il rappeler le désastreux débat du second tour en 2017, alors qu’elle disposait de tous les atouts à ce moment là pour battre le petit Macron ? De la même manière, elle n’ose plus parler de frexit, et pourtant le vrai courage commanderait , pour retrouver la souveraineté du pays, de quitter cette Europe devenue délétère. Je crois malheureusement que cette dame va décevoir nombre d’entre vous….
Onfray devrait s’exprimer sur ce qu’il connaît le mieux, les philosophes et la philosophie. Je ne lui pardonnerai jamais ses prises de position durant la mascarade covid, comparer ceux qui refusaient les injections de ces escrocs à des inconscients porteurs du VIH qui auraient des relations sexuelles sans préservatif….il m’a dégoûtée à jamais…d’autant qu’il avait demandé au Pr Raoult de pouvoir bénéficier de son traitement, impossible à cause de ses pathologies….ces philosophes qui se mêlent de tout…c’est insupportable. Quant à l’UE, c’est une cata pour le citoyen lambda.
J’aime bien Onfray ; MAIS il se trompe de combat . La FRANCE à le devoir de retrouver sa souveraineté . L’europe est la cause de tout les maux . Aux grands maux les grands remèdes . Certes ; il faudra des sacrifices , mais là c’est nous qui déciderons (pour nos enfants et nos petits enfants ) et NON ces incompétents qui « nous gouvernent » ,et nous amène le chaos économique et social .La FRANCE se doit de redevenir la FRANCE .
Absolument !
Ce n’est pas l’Europe qui est la cause de TOUS les maux ! L’UE, et non l’Europe, est devenue une instance soumise aux US et à l’Allemagne, dévoyée par l’idéologie mondialiste. Elle fait de mauvais diagnostics, nous coûte cher et agit contre nos intérêts nationaux. Mais si l’on supprime l’UE ce n’est pas pour autant que l’on règle tous nos problèmes. On fait sauter une contrainte, certes majeure, mais on ne règle pas TOUT. Islamisation, immigration, insécurité, désindustrialisation, chômage de masse et assistanat, école et hôpital à la ramasse, commerce extérieur ultra déficitaire, finances en faillite, etc… Même après un FREXIT il reste un boulot immense et il faudra se retrousser les manches. Sans croire que la sortie de l’UE aura tout réglé.
J’aime Onfray mais il se trompe. Les épreuves lui ont bien tanné le cuir. En 2017, elle ne fut pas adoubée par Merkel comme le fut Fillon.
Quitter l’Ue est une succession de pièges et chausses trappes balisant le chemin de l’ émancipation du carcan. Ne rêvez pas, lisez la vidéo de ASSELINEAU dans laquelle le Jacques Attali ricane des dangers financiers consécutifs à ce frexit. Le pouvoir financier domine tout et se fout des peuples. Un immense merci aux RPR UMP Lr ayant tout transféré à Bruxelles.
Et donc, que fait-on, concrètement ?
» un État démantelé de l’intérieur en étant livré aux intérêts suspects des cabinets de conseil privés anglo-saxons, » Ces intérêts n’ont rien de suspect, ils sont uniquement au service des USA et ne s’en cachent pas.
« Au contraire, c’est parce que la France recouvrera demain son indépendance et sa souveraineté, comme elle l’a fait sous le général de Gaulle en 1958, qu’elle sera entendue du monde et saura s’y faire respecter comme puissance ».
Ce n’est pas dans le programme de MLP de sortir de cette Europe corrompu jusqu’à la moelle, par conséquent le retour à la souveraineté de la France c’est inutile d’en parler, quand à inverser l’immigration de masse qui déferle sur l’Europe et surtout la France, comment sérieusement croire que la tendance s’inversera, rien ne changera ce n’est qu’un argument électoral de plus comme la sécurité…
Merci aux RPR UMP Lr et à leurs alliés de la gamelle centriste!
Donc laissons-nous égorger sans bouger ! il n’est pas question de quitter l’Europe mais de changer sa gouvernance . Votre optimisme est inquiétant !
Tant qu elle sera présente au RN , le RN ne passera pas , ses électeurs devraient le comprendre et se retourner vers reconquête