[Tribune] Affaire Palmade, assassinat d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz : des « faits divers » qui n’en sont plus

peur

La France est choquée par deux affaires sans aucun lien ni ressemblance mais qui donnent une inquiétante image de notre société. Un homme du show-biz sous l’empire de la cocaïne, après plusieurs jours de défonce de sexe et de stupéfiants, prend la route et provoque un tragique accident qui brise la vie des occupants de la voiture accidentée, tandis que ses passagers, plutôt que de prêter assistance aux blessés, prennent la fuite. Parmi eux, une personne en situation irrégulière. De surcroît une autre enquête est ouverte pour des faits sordides.

À Saint-Jean-de-Luz, un élève de seize ans assassine à coups de couteau son professeur d’espagnol. Il prétend avoir entendu une voix lui disant de tuer quelqu’un. À propos de la mort de cette enseignante, le ministre Pap Ndiaye se borne à déclarer : « C’est un jour triste pour l’Éducation nationale. » Un peu court. Ce professeur exerçait son métier au collège-lycée catholique Saint-Thomas-d’Aquin. Jour tragique, et pas seulement triste.

La première affaire met au jour la dérive d’une certaine part de la société pour laquelle la jouissance individuelle est la règle de vie. En l’occurrence au mépris de celle des autres. L’usage de la cocaïne s’est d’abord répandu dans certaines sphères fortunées de la société, du monde du spectacle, de l’intelligentsia, de la politique, de la finance et des affaires pour se propager au-delà. Cyniquement, il serait possible de considérer que si ces gens veulent se détruire eux-mêmes, c’est, après tout, une forme de sélection naturelle. Le problème est qu’ils ne détruisent pas qu’eux, comme le démontre l’affaire Palmade, et qu’ils engraissent les trafiquants, devenant ainsi les complices d’une forme de délinquance parmi les plus violentes de notre époque.

Clairement, il a existé et il existe encore, chez certains hommes de gauche et certains libéraux, une espèce de complaisance pour une forme de toxicomanie « mondaine ». La cocaïne pour les riches, le cannabis pour le « petit peuple » et les jeunes au départ. Tout ceci ne vient pas de nulle part. Rappelons qu’un des maîtres à penser de notre époque, Freud, était un toxicomane, adepte de la cocaïne. En 1966, l’UNEF avait distribué aux étudiants strasbourgeois un pamphlet dont la conclusion était « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves » (formule du syndicaliste tunisien situationniste Mustapha Khayati). La formule « il est interdit d’interdire », boutade de Jean Yanne, sera souvent reprise comme symbole de Mai 68 et se révèle emblématique de l’individualisme contemporain qui refuse toute limite aux désirs de l’individu. « Prenons nos désirs pour des réalités », proclamait-on aussi, durant le même mois de mai.

Le drame de Saint-Jean-de-Luz est certes d’une autre nature et semble être en lien avec des troubles psychiques graves. Mais il symbolise le basculement de notre société dans la violence gratuite. « Enragez-vous » était aussi un des mots d’ordre de Mai 68. C'est-à-dire laissez libre cours à vos fureurs. Dangereux conseil ! Faut-il évoquer la terrifiante litanie de violences et de crimes qui émaillent nos « actualités ». Et après lesquelles sont déroulés les mêmes rituels : marches blanches, bougies, fleurs, minutes de silence, qui en rien ne font reculer l’inadmissible violence. Thérapie de groupe de l’impuissance politique et de la démission éducative.

Journalistes et politiques n’ont pas manqué de déplorer le viol du « sanctuaire » que serait l’école. Cette mythologie républicaine est assez cocasse par sa référence religieuse, alors que le but de Jules Ferry était de combattre l’Église et sa place dans l’éducation et la cité afin « d’enraciner le régime républicain au plus profond de la société française ». Dans sa lettre aux instituteurs (27 novembre 1883), il précisait que la loi du 18 mars 1882 plaçait « au premier rang l’enseignement moral et civique ». Il y a bien longtemps que ceci a été oublié au profit des idéologies en vogue. On en mesure le résultat et il est bien naïf de « sanctifier » l’école comme remède aux dérives de la société alors qu’elle est elle-même trop souvent à la dérive.

Le but de la philosophie grecque et romaine, de la morale et de la spiritualité chrétiennes, étaient d’apprendre à l’homme à se contrôler lui-même, à dominer ses passions et à rechercher la vérité des choses et des êtres dans la parfaite conscience des faiblesses de la nature humaine. Le relativisme et l’individualisme triomphants combattent ces aspirations et ont détruit jusqu’à la notion même de bien commun. Ce qu’ils proposent n’est pas une contre-civilisation. C’est l’absence de civilisation. La barbarie. Nous y glissons dans l’aveuglement général. Tandis que l’oligarchie dirigeante avoue son impuissance. Si elle ne sert plus à rien, il convient de la congédier.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/02/2023 à 14:11.
Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Je ne vois nulle part d’individualisme, mais une collection disparates de troupeaux de moutons qui se croient tous originaux. L’individualiste est plus orgueilleux que cela.

  2. Excellent article , excellente conclusion ;
    Il est vrai que l ‘ idéologie révolutionnaire et décadente de 68 , martelée au fil des années par une gauche omniprésente dans ce pays et par une « droite » molle et complaisante , est , en grande partie , responsable de l ‘ effroyable situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement ;
    Il faut chasser du pouvoir cette macronie qui n ‘ a fait qu ‘ en accélérer le déroulement .

  3. Bien sûr que ce ne sont pas des « faits divers ». Il s’agit d’homicides (volontaires ou non , peu importe) et il est choquant qu’un ministre – normalien de surcroit , qui devrait donc connaître le sens des mots- s’exprime aussi légèrement sur ces horreurs. On pourrait aussi rappeler ici les « exploits abominables d’un certain Duhamel !

  4. La malheureuse enseignante…l’affaire va s’arrêter …et le cinéma palmade …à coup sûr …protections et soutien de nombreux personnages .donc la prison n’y comptons pas ..la justice en ce bas monde …est un mot qui n’existe pas ..un À V C paraît il ? On peut sourire ..c’est affligeant .

  5. On multiplie les campagnes de sensibilisation sur les méfaits de l’alcool et du tabac, mais contre les drogues : rien. Et notamment contre le cannabis, omni présent dans les collèges et les lycées et qui liquéfie le cerveau de nos ados.

    • S ils voulaient arrêter vraiment le trafic ils stopperaient tous les bateaux venant du Maroc , mais ils se partagent les benefs en amont , et l’abrutissement de la jeunesse les arrangent bien

  6. Arrêtez avec ces histoires… Notre ministre de la justice a dit que ce n’était qu’un « sentiment d’insécurité »… D’ailleurs, je suis étonné : on ne l’entend plus monsieur Dupont-Moretti…

    • Il doit être en vacances comme tant d’autres, il semblerait que pour le moment ces sinitres s’organisent pour assurer une présence discontinue, comme un système de « quart » comme sur un bâteau ou à l’armée !

  7. Je n’aurai aucune compassion pour monsieur Palmade d’autant qu’il risque de bien s’en sortir compte tenu des personnes d’influence qu’il a dû côtoyer lors de ses soirées.
    Oui je sais, je suis complotiste

    • Ces amis vont évoquer qu il avait eu un prémisse d AVC au moment de l’accident et que c est la raison pour laquelle il,a fait une embardée, il va devenir une victime

  8. Wokisme ou absence de civilisation, c’est égal . Jules Ferry, ne voulant pas laisser à l’Ecole Catholique seule le soin de lier par la morale le corps social et ne pouvant se passer de ce ciment, tente de faire de « l’enseignement moral et civique » un des points forts de l’Ecole Républicaine. Cette digue est rompue et,par suite, l’Education Nationale n’enseigne plus grand chose . La civilisation doit également disparaître puisqu’elle aussi est la résultante du Christianisme historique.

  9. Dans un pays où le plus haut de ses représentants, ne possède ni morale, ni ne montre son sens du civisme, que ce soit dans son vocabulaire ou dans ses actes, nous ne devrions plus nous étonner que chaque semaine un nouveau ministre est, « semble-t-il, présumé », en délicatesse avec ce qu’il reste de « la justice ».
    Ce pays n’en est plus un, sa justice n’est qu’une immense farce !

  10. Le premier à parler de la sanctuarisation de l’école est bien Eric Zemmour, son parti veut remettre l’église au milieu du village ! Il serait temps que les français en prennent conscience aux prochaines élections !

  11. France pays des droits de l’homme surement plus . Pays ou les racailles de tous bords sévissent en toute impunité et les victimes et leurs proches condamnées doublement : ceux qui tombent sous les coups des racailles et la peine des familles . Il serait bon que nos élus revoient le code des droits de l’homme et fassent leurs devoirs qui est de protéger les honnêtes gens et les victimes .

    • Ils s en foutent ce qu ils veulent c est que les français ne réfléchissent plus , le climat d insécurité doit leur préoccuper l’esprit et les exemples quotidiens de faits divers doivent amplifier leurs inquiétudes , le Covid , l’Ukraine , les retraites tout ça fait parti du plan mondialiste de domination des peuples

      • Ma foi, qu’attendre de toutes façons de juges qui noircissent un « mur des cons » en y faisant figurer les victimes… Ce que l’on appelait « la Justice » n’a plus rien d’un corps ni d’un esprit sain ! Le woisme tue tout.

  12. Je souscris entièrement à la description faite par l’auteur de l’article. L’absence de règles nous ramène tout droit à la barbarie. Et comme la barbarie appelle la barbarie, personnellement je n’hésiterais pas une seconde à me défendre, même létalement, si j’étais agressé par un de ces nouveaux barbares. Que soit à mon domicile ou sur la voie publique. Quand allons nous nous débarrasser de ces politicards pleutres et lâches qui prétendent nous faire la morale ? Nous aimons tous la vie malgré ses différents aléas pour supporter ce que des sauvages et des abrutis veulent y ajouter.

  13. Je peux me tromper, mais je trouve qu’on met beaucoup de soin à cacher ne serait-ce que le prénom de l’auteur… En général, pour les mineurs, on a droit à Laurent X. ou Thomas Y….. Plus rarement Abdel M.

  14. On remarque aussi que les médias, élus et ministres passent beaucoup plus vite sur les meurtres d’élèves que sur ceux des enseignants.
    Durant ma scolarité dans un état particulièrement difficile, j’avais déjà remarqué que tout le monde se moquait des élèves tabassés, harcelés, poussés au suicide ou au changement d’établissement. Par contre, quand un prof de retournait un ongle, c’était une catastrophe avec une semaine de « droit de retrait ».
    C’est un mauvais calcul car ce sentiment qu’ont tous les élèves ne les aide pas vraiment à avoir envie de respecter leurs professeurs.

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