Tiens, une nouvelle carte postale de Brégançon !

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Après l’affaire Benalla qui a pourri un mois de juillet pourtant prometteur pour la com’ du Président, quoi de mieux que de petites cartes postales envoyées depuis les bords de la Méditerranée pour essayer de regagner l’opinion. À l'époque des réseaux sociaux, ça marche encore.

On a donc eu la carte postale à l'occasion de la visite, au fort de Brégançon, du Premier ministre britannique. Message : même pendant les vacances, le Président travaille. Bon, une carte postale que l’on a vite oubliée après celle envoyée par le ministre des Armées, contraint et forcé, depuis la Picardie où le Président n’a pas daigné aller à l’occasion du centenaire de la bataille d’Amiens. Avait-il peur de paraître petit devant le prince William ? Puis, il y a eu la carte postale très mignonne de ce garçon de six ans et demi, plus macroniste que Ferrand, Castaner et Griveaux jouant sur la plage à faire des châteaux en Espagne. Un gamin qu'Emmanuel Macron a rencontré « fortuitement » lors d’un bain de foule à Bormes-les-Mimosas. Message : le Président aime les enfants, il est le Président de tous les enfants de France.

Et aujourd’hui, c’est la carte postale du Président apitoyé par la maman plaidant la cause de son fils emprisonné loin de la patrie. Il s'agit de Béatrice Gallay, mère de Thomas, condamné en appel à quatre ans de prison au Maroc pour avoir soutenu financièrement des personnes ayant voulu commettre des actes terroristes : il aurait prêté 70 euros à un radicalisé ! Trente mois, donc, que Thomas Gallay clame son innocence - en vain. Le 28 mai dernier, sa mère avait bien envoyé une lettre au Président. Une lettre restée sans réponse à ce jour. Alors, elle a décidé de se planter devant les grilles du fort de Brégançon avec une pancarte en carton pour attirer l’attention. Et le Président l’a reçue. Comme pour le gamin, la rencontre s’est faite grâce à des journalistes qui ont pris contact avec le service de communication du Président à l’occasion du point presse quotidien. Il y a donc un point presse quotidien à Brégançon, histoire d'alimenter la presse quotidienne régionale pour qui ce séjour est incontestablement une aubaine : le Président a pris son bain, l'eau était à trente degrés, pas de vol de drone signalé ce matin au-dessus du nid présidentiel... Mme Gallay a donc pu ainsi s’entretenir durant trente minutes avec Emmanuel Macron et celui-ci a promis de s’occuper personnellement du dossier. On ne peut qu’en être heureux pour la mère de ce détenu des prisons marocaines.

Cette nouvelle carte postale, plus efficace, semble-t-il, qu’une lettre adressée dans les formes à la présidence de la République, permet ainsi d’envoyer un message de compassion. Le Président n’est pas sourd aux détresses individuelles. C’est quelqu’un de proche des gens, etc. Peut-être, pourquoi pas, sans doute. Maintenant, avouons que cela fait un peu téléphoné. Hier le petit garçon, aujourd'hui la mère désespérée. Alors, quelles sont les nouvelles du village, ce matin ? Que me ramenez-vous donc du marché ? Espérons seulement - pas pour la com’ du Président mais pour la cause de la mère du condamné - qu’on n’en restera pas à la carte postale. On dit que le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit. Pas toujours conciliable avec la com'.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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