Pour la première fois, un jury américain a reconnu Monsanto responsable d’un cancer incurable dont est atteint Dewayne Johnson, jardinier entretenant des espaces verts scolaires, qui a largement épandu du Roundup entre 2012 et 2014. À la question : "La conception du Roundup a-t-elle été un facteur important ayant causé des dommages à M. Johnson ?", la réponse est : "Oui".

Monsanto a été condamné par le tribunal de San Francisco à lui verser 289 millions de dollars de dommages et intérêts. Niant sa responsabilité, Monsanto annonce qu'il compte faire appel. L’avocat de Dewayne Johnson a, lui, déjà annoncé que plus de 4.000 plaintes ayant été déposées contre Monsanto, les actions judiciaires allaient se multiplier…

En Europe, Bruxelles a renouvelé pour cinq ans l’autorisation du glyphosate…

La France, qui depuis des décennies partage avec les Pays-Bas le record mondial envié de pesticides épandus par tête d’habitant, a mollement réagi car le lobby productiviste agricole veille. Il suffit de lire le webzine Agriculture et Environnement pour voir jusqu’où va le négationnisme agricole. C’est ainsi que les centaines de milliers de morts observées dans le tiers-monde des suites de l’emploi d’OGM aux rendements catastrophiques et du glyphosate y ont reçu ce commentaire cynique dans un article les traitant de "fake news" : "Les trois quarts de ces décès estimés correspondent à des suicides par intoxications volontaires dans les pays en voie de développement." (sic) Il fallait l’oser !

La nouvelle loi Agriculture et Environnement a ainsi été vidée de sa substance. Selon Simon Ricottier, "l'interdiction du glyphosate, accusé d'avoir des effets cancérigènes, d'ici trois ans ne figure pas dans le projet de loi. Même chose pour l'interdiction des épandages des pesticides près des lieux de vie, elle aussi, abandonnée."

Aujourd’hui, Ségolène Royal salue "une décision magistrale, historique, qui renverse le rapport de force", ce qui ne manque pas de sel quand on sait que, durant son « pontificat à l’environnement » entre 2014 et 2016, les épandages de pesticides en France ont augmenté de 12 % !

Pour faire « autrement », il suffirait de revoir les axes de recherche de l'INRA, pourtant curieusement jamais remis en cause : une décision purement politique !

Marie-Monique Robin - qui a tant fait pour dénoncer les manœuvres du lobbying de Monsanto (lequel n'a pas hésité à produire des études de complaisance) et qui a révélé les fameux "Monsanto Papers", documents internes de Monsanto – s’interroge : "Est-ce qu'ils vont payer ?", "est-ce que tout n'a pas été organisé pour que les victimes ne soient pas indemnisées ?"

Déjà, le président de Bayer France est monté au créneau, déclarant de façon péremptoire et sans justification : "Le glyphosate ne constitue pas de danger pour la santé humaine." Bayer avait bouclé, début juin, l’achat de Monsanto pour 63 milliards de dollars. La fusion de ces deux mastodontes – Bayer, fabricant des très décriés néonicotinoïdes, et Monsanto, spécialiste des OGM et fabricant de l’herbicide Roundup – consolide leur mainmise sur l’agriculture. Bayer devient ainsi le numéro un mondial, contrôlant 30 % des semences et 24 % des pesticides ! Monsanto va disparaître, mais ses produits rebaptisés « Bayer » resteront…

C’est là que se révèle tout l’enjeu à la base du mondialisme. Sans faire de « conspirationnisme », il suffit de reprendre la déclaration d’Henri Kissinger de 1973 : "Qui contrôle la nourriture contrôle les populations, qui contrôle l’énergie contrôle les nations et celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde."

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12 août 2018 à 19:38

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