Sondages : le paradoxe Marine Le Pen, dominante et en crise

marine le pen bfm

Le rétablissement sondagier est spectaculaire. En quelques jours et sans tambour ni trompette, Marine Le Pen s’est réinstallée au sommet des sondages des opposants à Emmanuel Macron. Un temps dominée puis au coude à coude avec la candidate LR Valérie Pécresse, elle a repris de la hauteur. Dans le sondage Challenges-Harris Interactive du 2 février, Marie Le Pen reste stable à 17 %, derrière Emmanuel Macron lui aussi stable à 24 %, mais devant Pécresse (15 %) talonnée par Éric Zemmour (14 %). Le match est loin d’être plié. Du côté de Zemmour, les militants sont convaincus que les sondages se trompent et évaluent mal ce nouveau venu dans le paysage politique qui ne s’est jamais présenté aux suffrages et n’a donc jamais été « corrigé » : cette correction recouvre les opérations d'ajustage des points de sondage en fonction des écarts observés sur les scrutins passés.

Appuyée sur un socle électoral en granit, Marine Le Pen a donc retrouvé son ticket pour le second tour. Mais cette fidélité des électeurs contraste, du coup, de manière éclatante avec… l’infidélité des nombreux élus RN qui passent le Rubicon pour rejoindre le candidat Zemmour. Paradoxe : le RN broie du noir au moment où il devrait être gagné par l'euphorie, tandis que les zémmouristes euphoriques pourraient s'inquiéter de leur retard dans les sondages... Il y a donc, dans cette fuite éperdue des cadres RN vers Zemmour, quelque chose d’assez nouveau. Bruno Mégret et Florian Philippot, en leur temps, ne quittaient pas un parti donné au deuxième tour de l’élection présidentielle à deux mois de l’échéance. Les dissidents se rallient généralement au vainqueur possible ou se lancent dans des aventures individuelles. Les cadres du RN, eux, quittent la candidate challenger de la course à l’Élysée pour rejoindre le numéro quatre… Le tout sans que les intentions de vote en faveur de Marine Le Pen en soient pour l’instant le moins du monde affectées. Et pour cause. « Marine Le Pen dispose d’un socle électoral populaire, cette France malmenée par la mondialisation qui se sent méprisée, abandonnée et lâchée, comme Marine Le Pen est elle aussi lâchée, méprisée et humiliée : cette France-là se reconnaît dans la candidate du RN », explique à Boulevard Voltaire le politologue Guillaume Bigot, auteur de La Populophobie (Plon). Une population nombreuse mais qui a ses limites : elle est très touchée par l’abstentionnisme. Et si elle se reconnaît dans Marine Le Pen, c’est aussi parce qu’elle y voit une figure de défaite, avance Guillaume Bigot. « On pourrait en dire autant de Taubira, Mélenchon ou Jadot : ils ne parviennent pas à convaincre qu’il y a un au-delà du modèle actuel où la France viendrait mourir aux pieds de Bruxelles et de l’Allemagne. » Pour lui, Zemmour doit encore gagner en crédibilité sur des thématiques autres que l’immigration et la sécurité.

Cette hésitation se dissipera-t-elle au deuxième tour ? « Ca peut bouger, estime Guillaume Bigot. Une grande partie des Français ont envie que cela change mais il n’y a pas de solution entraînante et positive. Je ne vois pas d’équivalent au souffle gagnant qui a porté la campagne de Johnson au Royaume-Uni ou celle de Trump aux États-Unis. » A-t-on encore le droit de rêver de l’alliance entre les convictions d’un Ciotti, la solidité du socle populaire d’une Marine Le Pen et l’incroyable souffle de la campagne d’Éric Zemmour ? Peut-on encore parler d’avenir, de développement, de réindustrialisation, de prestige de la France, de conquêtes ? Et éviter les coups de griffe inutiles ? Les Français se sont fait voler jusqu’à leurs rêves de grandeur. Ils doivent exiger qu’on les leur rende, sous peine de souffrir cinq années de macronisme supplémentaires.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Baratin, baratin, comme si seuls les media parisiens inféodés en savaient plus sur l’état de la France et l’opinion des Français. Quant aux sondages, parlons-en, car on peut leur faire dire à peu près tout ce qu’on veut. Les Français aime leur pays et une très grande majorité ne veut pas qu’il tombe dans le bouillon de culture européen et mondialiste. Attendez le 10 avril !

    • Tout le monde sait depuis longtemps que les sondages ne sont qu’un instrument pour influencer les moutons indécis. Donc ils promeuvent la solution préconisée par nos « élites mondialistes » le plus longtemps possible.

  2. Il faut le dire et le redire: les sondages publiés sont destinés seulement à influencer l’opinion. Rappelez-vous ceux qui, en 2016 début 2017, mettaient MLP à 30%. Il importait alors de ne pas démobiliser son électorat pour induire un second tour Macron-Le Pen.
    « On » va veiller à des scores équilibrés entre MLP et EZ de façon à ce qu’ils se neutralisent l’un l’autre.
    Les sondages étrangers mettent Macron à 11%. Donc tout le reste est faux quand on annonce 25%…

  3. Excellent. Ciotti MLP et Z s’ils ne s’unissent pas publiquement seront les nouveaux complices du désastre français.

  4. Je n’ai aucune confiance dans les sondages. Ils ne sont pas là pour montrer ce que pensent les Francais, mais pour leur indiquer ce qu’il faut penser. Tous les candidats varient, perdent ou gagnent 1 ou 2 points, en fonction de leur déclarations. Macron, lui, quoiqu’il fasse, est immuablement vissé à ses 24 %. Et quand on sait que le patron d’un des plus important institut de sondage est son « gendre »… Pourquoi des « têtes » qui sont mieux renseignées que nous quittent-elle le FN ?

  5. Il n’y a pas de paradoxe, juste une utilisation des sondages pour orienter l’électorat. Ce scandale démocratique se vérifie à chaque élection, mais aujourd’hui, cette dérive devient encore plus inquiétante, car elle est journalière. Maintenir Marine Le Pen à un niveau artificeillement haut, relève de la manoeuvre médiatique la plus abjecte, mais qu’importe, les manipulateurs espèrent que cette fois, ça marchera. A qui profite le crime ? Elémentaire mon cher Watson.

  6. Nous ne sommes pas dupes, nous savons bien que les sondages concernant Eric Zemmour sous très sous évalués !
    Contrairement à ceux de Macron qui lui depuis novembre 2021 ne bougent pas !
    Arrêtez de nous prendre pour des lapins de 3 mois !!!!

  7. Marine Le Pen a du mal à convaincre de ses capacités à gouverner le pays après ses défaites électorale (sa chute aux élections régionales. ) Zemmour lui sait que même s’il n’est pas président a toutes les chances d’avoir un succès au prochaines législatives et de constituer ainsi une véritable opposition à Macron qui n’aura plus une assemblée à sa botte. Valérie Pécresse et son parti (un peu hétéroclite) qui a voté pour le passe sanitaire et le passe vaccinale ne convainc pas vraiment non plus.

  8. Ciotti votera Pécresse au premier tour et Macron au second. Marine Le Pen vient une nouvelle fois de montrer ses failles dans ses dernières déclarations qui prouvent qu’elle n’a pas la stature d’un chef d’état.

  9. Faut dire qu’en ce qui concerne les femmes il fait fort Éric… de la légitimation de la main aux fesses dans le bus aux femmes qui ne sont pas faites pour le pouvoir… je pense qu’il peut faire une croix sur l’électorat féminin surtout les femmes qui travaillent et qui ont des responsabilités. Ma femme et mes filles éclatent de rire quand elles l’entendent sur le sujet : un reac passéiste à l’état pur…alors que Marine est ancrée dans la réalité

    • Il a parlé des mains aux fesses ,Zemmour ?
      Quant à la réalité ,vous avez raison ,la main aux fesses c’est plutôt passéiste ,la modernité c’est plutôt les tournantes dans les caves …et les petites filles voilées pour les éviter .

    • Espérons qu il reste des cerveaux au RN quand on lit des conneries comme ça, Bardella lui même quitterait le navire mais elle l’a coincé en lui donnant la présidence du RN , qu il ouvre les yeux et sauve la France en rejoignant Zemmour si réellement il veut sauver ce pays

  10. Qu’elle profite de son avance pour proposer un vrai programme commun et un vrai accord de gouvernement à tous les candidats patriotes. Et les nationaux dépasseront 40% dès le premier tour. Mais saura-t-elle le faire d’ici le 4 mars ? L’histoire la regarde

  11. Ah ces sondages , si on ne les avait pas il faudrait les inventer !
    Euh , on me dit dans l’oreillette qu’ils sont DEJA inventés :-)

  12. MLP : des lieutenants s ‘ en vont mais …. l ‘ électorat reste !
    Si les sondages sont fiables , bien sûr…..
    Très bonne conclusion : « rendre aux Français leurs rêves de grandeur volée  » : le pays est à bout de souffle , sa population bafouée et usée par des gouvernances désastreuses , une union des vraies convictions de droite est indispensable pour ne pas retomber dans un cauchemar macron ou pécresse , il y va de notre survie et de notre liberté .

  13. Aucun des commentateurs qu’on a entendus sur les plateaux n’a vraiment su interpréter ses propos. L’analyse du Figaro est vraiment intéressante et pertinente.

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