Élisabeth, reine : Sa Majesté, au service depuis 70 ans

reine elisabeth

Cela fait donc tout juste soixante-dix ans qu’Élisabeth est reine. En effet, le 5 février 1952 mourait son père, le roi George VI. Le Premier ministre du Royaume-Uni était alors Winston Churchill. Âgé de 78 ans, né sous la reine Victoria, arrière-arrière-grand-mère de la princesse héritière, il avait chargé à cheval au Soudan en 1898 et achevait sa carrière et sa vie sous la menace de l’apocalypse atomique. Il sera le premier Premier ministre d'Élisabeth. Le monde, en à peine un demi-siècle, avait connu une accélération sans pareille. Mais la monarchie britannique roulait et roule encore aujourd'hui en carrosse. Les soixante-dix ans qui ont suivi ont fait plus fort encore et Élisabeth est toujours là, véritable reine des reines, monarque des monarques.

À la naissance d'Élisabeth, en 1926, l’Europe était résolument et cruellement entrée dans le XXe siècle, le premier conflit mondial aidant. En 1914, la France faisait figure de relative exception avec sa république à peine âgée d’une quarantaine d’années. À part la Suisse, le Portugal et Saint-Marin, toute l’Europe était monarchique. À l’issue de la Première Guerre mondiale, les empires russe, allemand et austro-hongrois ainsi que le royaume du Monténégro étaient balayés. De nouvelles républiques voyaient le jour : l’URSS, l’Allemagne, l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Finlande, les trois républiques baltes. Trois royaumes venaient un peu rééquilibrer cette redistribution des cartes : celui des Serbes, Croates et Slovènes, né en 1918 et devenu Yougoslavie en 1929, celui d’Albanie en 1928, et celui d’Islande dont la souveraineté fut reconnue en 1918 mais qui avait pour roi celui de Danemark. Quant à la Hongrie, elle restait une monarchie, mais sans roi !

À la naissance d'Élisabeth d’York, puisque c'est ainsi qu'on l'appelait à l'époque, monarchies et républiques faisaient donc à peu près jeu égal en Europe. Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Suède, Norvège, Espagne, Liechtenstein, Monaco, Grèce, Italie, Roumanie, Bulgarie et, bien sûr, Grande-Bretagne avaient à leur tête un monarque. Vingt ans plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les monarchies albanaise, roumaine, bulgare, yougoslave et italienne furent balayées. En 1974, la Grèce fera le choix de la république.

Et aujourd’hui ? Élisabeth est toujours là. La dernière des Saxe-Cobourg-Gotha sur le trône d'Édouard le Confesseur, car il ne faut pas oublier qu'Élisabeth appartient à cette famille princière allemande et que le nom de Windsor ne fut pris qu'en 1917 par son grand-père George V, pour lui et ses descendants. Charles, fils du prince Philip, né prince de Grèce et de Danemark, sera donc le premier de la maison allemande de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg (issue, elle-même, de celle d'Oldenbourg dont sont aussi issus les Romanov de Russie) sur le trône d’Angleterre. Leur cousine, la reine Margrethe de Danemark, fête aussi son jubilé cette année : cinquante ans de règne, ce qui n’est déjà pas mal. Margrethe, elle, sera la dernière des Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg sur le trône de Danemark ! Lorsque son fils Frederik deviendra roi, c’est donc une famille française qui accédera à la couronne danoise : les Laborde de Montpezat, nom du prince Henrik, époux de la reine, mort en 2018. Et lorsque la cousine suédoise de Frederik, la princesse héritière Victoria, deviendra reine à la suite de son père, le roi Charles XVI Gustave, âgé de 76 ans, elle sera la dernière des Bernadotte à régner sur la Suède. La roue tourne, les dynasties aussi.

Mais puisqu’on évoque le mercato royal, passons par la Belgique. Âgé bientôt de 62 ans, le roi Philippe aura pour successeur sa fille, la princesse Élisabeth, duchesse de Brabant. Elle sera donc le dernier souverain de la maison de Saxe-Cobourg-Gotha à régner sur la Belgique. Terminons ce petit et très incomplet tour d'Europe des monarchies par l'Espagne. Si la royauté survit à Philippe VI, sa fille, Leonor, princesse des Asturies, devrait être la dernière des Bourbons à régner sur l’Espagne. À moins que… À moins qu’elle n’épouse, un jour, l'un de ses nombreux cousins de la maison de Bourbon. Par les temps qui courent, ce serait faire preuve d’une sacrée originalité chez les têtes couronnées...

Mais pour l’instant, imperturbable, ou presque, Élisabeth II, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la foi, entame, ce 5 février 2022, la soixante et onzième année de son règne. God save the Queen!

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Pour moi, l’anniversaire de Sa Majesté est d’autant plus émouvant qu’elle est née le 21 avril 1926, soit moins de 4 semaines avant Papa, né le 15 mai suivant. Sauf que Papa nous a quitté, voilà bientôt 7 ans. Et pour moi, Papa est né la même année que Sa Majesté et VGE.
    Et si Sa Majesté vit deux ans de plus, elle dépassera le Roi Soleil, ce qui constituera le record des grands souverains européens.
    Long life to Her Majesty !

  2. A-t-on le droit de critiquer la reine sur ce lien ?
    Grande dame ? Quel mérite quand on nait avec le titre !
    Ce serait oublier tous les scandales liés au sexe dans cette famille, le plus affligeant étant son préféré Andrew. La pédocriminalité ne semble pas effleurer certains.

  3. Est-elle candidate à la Présidence de la République Française ? Dommage …
    Je ne suis pas royaliste et je n’aime pas particulièrement les Rosbifs , mais elle , si !

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