À force de dégringoler dans les enquêtes d’opinion, Emmanuel Borne et Élisabeth Macron finiront bientôt par trouver du pétrole, pour reprendre l’expression consacrée.

Ainsi, à en croire le sondage commandé ce vendredi par Les Échos à l’institut Elabe, ce serait le grand « coup de froid » pour Matignon et l’Élysée. Élisabeth Borne perd encore 4 %, chutant à seulement 23 % de Français déclarant lui « faire confiance pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays ». À tel point que Bernard Sananès, président d’Elabe, tire la sonnette d’alarme : « La cote de confiance d’Élisabeth Borne atteint celle d’alerte. » Et le même de conclure : « Elle est vue comme une personnalité de gauche menant une politique de droite. » Ce qui, par ailleurs, est un peu le cas de son supérieur hiérarchique direct.

Dans le même temps, Emmanuel Macron tombe à 30 % d’opinions favorables, soit encore un recul de 2 %. Les plus atteints par ce désamour sont les retraités : -3 % pour lui et -7 % pour l’hôtesse de Matignon. Explications de Bernard Sananès : « S’ils ne sont pas directement concernés par la réforme des retraites, les retraités font preuve d’une solidarité intergénérationnelle. » De quoi inquiéter le Président, qui doit en grande partie ses deux élections à l’électorat des plus âgés de nos compatriotes…

De tels chiffres n’ont toutefois rien de surprenant, sachant que le même institut, dans une enquête remontant à la fin janvier, dressait déjà semblable constat. L’action d’Emmanuel Macron y était alors jugée « décevante » par 64 % des Français, avec une baisse de 7 % depuis le mois d’octobre, alors que seulement 15 % des sondés la jugeaient « satisfaisante ». Pour Élisabeth Borne, le constat était similaire, 57 % la tenant pour un « mauvais » Premier ministre, soit 20 % de mécontents supplémentaires. Elabe remarquait déjà : « L’opposition à la réforme des retraites progresse fortement en une semaine et devient pour la première fois majoritaire chez les retraités (59 %, soit +13 %). »

Bref, il y a péril en la demeure gouvernementale. Mais comment expliquer une telle débandade ? C’est finalement assez simple, notre Président jupitérien estimant sûrement avoir été élu par deux fois sur ses seules qualités, alors qu’il ne s’agissait, fortuitement pour lui, que d’élections par défaut ; un peu comme Jacques Chirac en mai 2002. Ce n’était pas eux qu’on conduisait ou reconduisait à la magistrature suprême, une majorité d’électeurs se toquant seulement de faire front contre un péril fasciste imaginaire. De tels malentendus finissent par se payer tôt ou tard. Au prix fort.

D’où le mal-être existentiel de ces mélenchonistes et autres syndicalistes mobilisés contre un Macron pour lequel ils ont pourtant appelé à voter. D’où l’angoisse tout aussi existentielle de ce dernier qui n’ignore pas qu’adhésion à sa personne il n’y eut point et qu’il n’y a plus. D’où, pour finir, la jubilation de moins en moins feinte d’une Marine Le Pen, prête à mettre tout ce joli monde au court-bouillon à petit feu, avant de le passer à l’essoreuse, macronistes et mélenchonistes compris. Sans oublier les idiots utiles du PS et de LR.

Pour l’instant, voilà qui n’est pas trop mal joué de la part de cette dame à laquelle il est souvent reproché d’incarner l'éternelle perdante. Jadis, on disait de même d’un François Mitterrand. La suite est connue.

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03 février 2023 à 22:50

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50 commentaires

  1. La baisse de confiance pourrait peut être aussi tenir aux comportements gravement va-t’en guerre de ces gens là, qui ont un mépris profond pour la représentation nationale !
    Il me semblait que le parlement devait être au moins consulté avant les décisions de guerre (ou cobelligérance, c’est pareil).

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