Soldats français tués au Mali : que fait-on encore là-bas ?
Entre la météo et les dernières nouvelles du front du Covid-19, on apprend régulièrement qu’au Mali, de jeunes Français perdent la vie dans le combat, contre le terrorisme selon la version officielle, en fait contre les islamistes dont les frères sont accueillis chez nous. Évidemment, le Président et le ministre des Armées expriment réglementairement leur émotion tout en préparant, j’imagine, leur tenue pour aller s’incliner sur les cercueils des nôtres tombés si loin.
Que nos soldats risquent leur vie pour la protection des Français n’est, en soi, pas scandaleux. C’est leur raison d’être. Ce qui l’est, dans cette affaire, c’est que le sens de leur sacrifice n’est plus discernable.
Je n’ose penser que les derniers ont peut-être été tués par ceux-là mêmes qu'Emmanuel Macron a consenti à libérer pour « récupérer » Sophie (pardon, Mariam) Pétronin il y a peu. Pourtant comment ne pas l’imaginer ? Comment ne pas se rappeler une fois de plus que, pendant que nous risquons la vie des nôtres au Mali, 80.000 Maliens vivent chez nous, tranquilles. La famille Traoré ne serait-elle pas mieux à défendre « ses valeurs » là-bas plutôt que subir la « tyrannie blanche » ici ? Comment ne pas imaginer le désarroi, l’inquiétude de nos soldats luttant là-bas, alors qu’ils ne sont même pas rassurés sur la sécurité de leurs familles ici parce que le chef qui les exhorte au combat contre la vague islamiste africaine est incapable d’endiguer l’invasion des mêmes chez nous et d’assurer la sécurité des quartiers où vivent leurs familles ?
Que fait-on encore, là-bas ? Chaque fois qu’un de nos soldats tombe, on ne peut s’empêcher de se poser la question. Peut-on apercevoir la lumière au bout du tunnel quand on ne connaît même pas le but de guerre ?
En décembre 2019, en déplacement au Mali avec le président de la République, le général Lecointre, chef d'état-major des armées, déclarait, au sujet de notre engagement au Sahel : « Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent […] car si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera. »
Je voudrais pouvoir oublier ses derniers mots qui sont une prise de position politique qu’on n’attend pas d’un soldat. Doit-on penser que, pour lui, le principal objectif final de notre action au Sahel est la lutte contre le populisme en Europe, qui naît justement, en grande partie, d’une immigration massive qu’on tolère ? Il ne devait pas donner ce quitus courtisan à un Président égaré.
Peut-on raisonnablement penser que la pression migratoire subie, consentie, actuellement chez nous, qui n’est que l’avant-garde de la déferlante africaine à venir, sera contenue par cette unique « légion » à la romaine engagée sur un territoire grand comme huit fois la France, où se mène une guerre de nomades sans cesse à recommencer ; avec des alliés européens presque absents et des alliés locaux dont la médiocrité militaire semble sans remède.
Le CEMA dit chercher la sécurité en France pour les 30 ans à venir. Pour l’instant, la seule perspective, c’est un enlisement de 30 ans qui ne protégera in fine rien du tout.
Bien sûr, on peut se réjouir de nos succès sur place ; autant de « salopards » en moins. Bien sûr, notre retrait aggravera la situation locale. Mais les moyens engagés sont dérisoires, ne nous permettent pas d’envisager, à nous seuls, l'issue heureuse d’un conflit dont, d’ailleurs, l’impact sur notre situation intérieure n’est guère appréciable, compte tenu de l’absence de véritable volonté de défense du pré carré national. Le sacrifice des nôtres en Afrique sert de caution à un État qui, à travers ses Présidents successifs, veut nous faire croire qu’il défend la France et les Français.
La citadelle est assiégée, déjà envahie, les murailles s’écroulent pendant que nos soldats sont engagés au loin dans une lutte sans espoir de succès final. Le donjon risque de céder, il faut rameuter les troupes.
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