Lors des élections législatives de ce dimanche 24 septembre 2017, le parti patriotique Alternative pour l’Allemagne (AfD) fait son entrée au Parlement allemand en décrochant 12,6 % des voix et 94 députés. Cet événement constitue un tremblement de terre au sein du paysage politique d’outre-Rhin car, pour la première fois depuis 1961, un parti patriotique siège au sein de cette assemblée. L’AfD devient la troisième force politique du pays !

Le parti chrétien-démocrate CDU de la chancelière Angela Merkel et son allié conservateur bavarois le parti social-chrétien CSU se retrouvent désormais dépassés sur leur droite par un parti conservateur-libéral et patriote. Ils n’ont pas réussi à préserver l’adage du défunt dirigeant de la CSU et ancien ministre-président de Bavière Franz Josef Strauß (1915-1988) : "Il ne doit pas exister de parti démocratiquement légitimé à la droite de la CSU."

La raison de cette percée de l’AfD, qui s’est déjà manifestée lors de divers scrutins régionaux, est principalement la politique d’ouverture des frontières pratiquée par Angela Merkel en 2015.

En tentant, par tous les moyens, de rendre la ligne politique de son parti compatible avec celle des écologistes afin de pouvoir gouverner avec ceux-ci à divers niveaux de pouvoir en évitant des alliances avec le parti social-démocrate SPD - le parti libéral-centriste FDP n’ayant plus obtenu les 5 % nécessaires pour siéger dans les assemblées régionales ou à la Chambre des députés -, Angela Merkel a ouvert la boîte de Pandore. Son objectif premier étant de disposer de nombreux postes dans les exécutifs, en s’alliant à un petit parti plutôt qu’à un gros auquel elle doit octroyer de nombreuses places, amène finalement son parti à perdre de nombreux sièges dans les instances législatives au niveau national et régional.

Entre-temps, le FDP, alors que depuis le décès de Jürgen Möllemann en 2003 l’aile nationaliste de ce parti a complètement disparu, s’est refait une santé… en prenant un tournant patriotique. Le FDP désire désormais renvoyer les réfugiés dans leur pays, accepter l'annexion de la Crimée par la Russie, abandonner les sanctions contre cette dernière et expulser la Grèce de la zone euro. Il obtient 10,7 % et 80 députés.

Les trois partis du gouvernement sortant (la CDU, la CSU et le SPD) subissent un lourd recul électoral et sont les grands perdants. Les écologistes et les post-communistes se maintiennent.

La formation du gouvernement s’annonce difficile car les sociaux-démocrates ont annoncé vouloir aller dans l’opposition. Si ceux-ci maintiennent leur décision, seuls seront possibles, soit un gouvernement minoritaire par définition instable, soit une coalition CDU-CSU-FDP-Verts. Or, le FDP et la CSU étant favorables à une politique restrictive en matière d’accueil des migrants, ces deux formations seront en opposition sur la question avec les écologistes.

L’AfD "performe" particulièrement en Saxe, un État de l’est de l’Allemagne, où elle arrive, juste devant la CDU, en première position au scrutin proportionnel. De plus, les électeurs - appelés à émettre un vote à la proportionnelle et un au scrutin majoritaire - y ont donné au scrutin majoritaire trois mandats directs à l’AfD, dont un à la figure de proue du parti Frauke Petry.

Le patriotisme est de retour en Allemagne et désormais ancré au sein de la Chambre des députés grâce à l’AfD.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:43.

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25 septembre 2017 à 8:44

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