[Satire à vue] L’eurodéputée poursuivie pour corruption retrouve son siège

Après quatre mois passés en prison, suivis d'une assignation à résidence sous bracelet électronique, l'eurodéputée grecque socialiste Éva Kaïlí fera son grand retour au Parlement européen dès la semaine prochaine. Que d'émotions ! Tous ses collègues qu'elle n'a pas vus depuis décembre 2022... Lui feront-ils une haie d'honneur ? Un « dirladada » version Club Med avec colliers de fleurs et bonnes blagues ? Ah, comme il est bon de retrouver cette ambiance chaleureuse, ces dossiers passionnants sur le calibrage des pruneaux ou la longueur de la queue des vaches... Dans l'attente du procès pour corruption, il reste à examiner la taille des bracelets, la nourriture bio en milieu carcéral.. Dé-bor-dée !

Selon l'avocat de l'ex-incarcérée, sa cliente « ne connaissait pas l'existence de l'argent » retrouvé à son domicile. La pauvre femme n'avait pas remarqué les liasses de billets représentant 1 million et demi d'euros répartis entre son appartement et celui du supposé cerveau de l'opération, l'ex-député Pier-Antonio Panzeri, toujours incarcéré.

On ne saurait trop souhaiter bon courage à ce cascadeur de la plaidoirie dans sa démonstration. « Elle a cru qu'il s'agissait de sacs de pommes de terre, monsieur le juge. Cent patates ! Voyez l'âme innocente de madame l'eurodéputée ! » Mais chassons cette argumentation laborieuse pour revenir aux retrouvailles avec les amis du Parlement. Il convient de leur expliquer que les soupçons de corruption concernaient également son compagnon Francesco Giordi et son papa qui avait été surpris, une grosse somme en liquide dans une valise. Valise aux normes européennes, une circonstance atténuante non négligeable. Sous les « oh » et les « ah » d'admiration, Éva Kaïlí rappellera la ferveur qu'elle mit en œuvre pour défendre le Qatar dans sa manière de traiter les ouvriers attelés à la construction du stade de la Coupe du monde. Sans son intervention désintéressée, à cette heure-ci, ledit stade ne serait toujours pas terminé ! « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait-elle affirmé, lors d'un séjour dans cet éden du travailleur. Passer de quatre coups de fouet par jour à trois fut une des grandes avancées sociales de ce pays. Enfin une eurodéputée soulignait ce fait d'armes... Comment est-il possible qu'elle ne retrouve pas son poste de vice-présidente du Parlement européen ?

Deux autres élus socialistes impliqués dans le Qatargate peuvent, à leur tour, gambader dans les prés alsaciens. Débarrassés de leurs colifichets électroniques, l'eurodéputé Marc Tarabella et Francesco Giordi clament, eux aussi, leur innocence. Outre le titre de compagnon de la revenante, le second larron assurait la lourde responsabilité d'assistant parlementaire de la présumée tête pensante du réseau de corruption. « M'sieur le juge, je vous fiche mon billet qu'il n'était au courant de rien. » Enfin une plaidoirie qui tient la route !

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