Promeneur de migrant est un métier. À Saint-Brieuc, deux policiers qui débutent dans cette activité ont témoigné de leur journée. Après s'être rendus auprès d'un ressortissant marocain résidant dans un hôtel financé par le contribuable, ceux-ci l'emmènent à l'aéroport le plus proche pour un vol en direction de Roissy. L'homme est frappé d'une obligation de quitter le territoire. Arrivé à destination, le personnage refuse de monter à bord de l'appareil en partance pour le Maroc. Breton depuis quelques mois, il a des racines, une histoire et a investi dans un biniou. En ces circonstances d'attachement au folklore local, le concept d'obligation est fluctuant. La Bisounours Compagnie a fixé des règles strictes : le traumatisme engendré par une contrainte serait irréparable. Les deux accompagnateurs, psychologiquement plus robustes, ont la capacité de se soumettre à l'obligation de ramener leur fragile personnage à son logement gratuit de Saint-Brieuc. Ils s'exécutent. Voilà. Le métier est simple mais demande des nerfs solides.

Selon la préfecture des Côtes d'Armor, la profession est promise à un bel avenir. Le rappel du règlement émis par ses services permet de nombreux allers-retours infructueux : « Dans ce cas de figure, il est prévu qu’un nouveau vol soit réservé à l’intention de l’intéressé. Si la personne persiste à faire obstacle à l’exécution de la mesure d’éloignement ou ne respecte pas l’assignation à résidence, le procureur de la République sera saisi. Il pourra engager des poursuites pénales, avant de mettre à nouveau exécution la mesure d’éloignement. » Le texte ne précise pas le nombre d'avions refusés au-delà duquel les autorités donnent un blâme au contrevenant. SOS Racisme redoute un durcissement des sanctions.

Au-delà du bilan carbone et du coût exorbitant que des esprits chagrins viendront dénoncer, ces allers et retours effectués dans la bonne humeur permettent au migrant de nouer des liens avec le personnel de bord. Après douze allers et retours Saint-Brieuc-Paris, le passager s'est parfaitement intégré à la carlingue. Il fait partie des meubles, connaît les habitués, devise avec le commandant, raconte des blagues sur Darmanin. Bref, à défaut de s'être intégré à la terre qui l'accueille, il s'est familiarisé avec son ciel. Que prévoient les autorités s'il refuse de descendre ? Ne serait-il pas contraire aux droits de l'homme de l'obliger à rejoindre son hôtel ? Et s'il refuse de voyager en classe éco ? À la lumière de ces turpitudes révélées grâce à un examen complet de la condition de migrant sous le coup d'une OQTF, de graves questions se posent. Arrivé à Saint-Brieuc, l'expulsé a raccompagné les deux policiers jusqu'à leur domicile. Ils n'étaient plus en état de comprendre ce qui leur arrivait.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 02/07/2022 à 18:57.

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01 juillet 2022 à 17:05

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39 commentaires

  1. Du temps où Charles PASQUA , ancien agent commercial à la société Ricard , qu’il quittera n° 2 de l’entreprise en 1967, puis ministre de l’Intérieur de 1986 à 1995 , les expulsions se traitaient au  » cocktail PASQUA  » : quand l’expulsé avait ingurgité un litre de Ricard , il était rond comme une queue de pelle et ne dessaoulait que le lendemain, arrivé à destination.

  2. et une fois de plus nous passons pour des « RIGOLOS » dans le monde. il faut une prise en compte sérieuse par des gendarmes, un avion militaire et un transfert sans condition dans le pays d’origine, en cas de récidive, aller simple et saut a haute altitude. cela suffit de payer pour des mecs qui nous emmerdent en permanence, nous sommes chez nous, nous dirigeons et nous gouvernons. a force d’être con, nous sommes minables

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