Rodéos moto : par crainte de l’incident, les policiers interviennent peu

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Sous sa grande casquette, le préfet Lallement décidait, début juillet, d'abroger une note de 2015 qui restreignait les courses-poursuites. Seuls les crimes de sang et les évasions de prison autorisaient les policiers à appuyer sur l'accélérateur. Les autres délinquants pouvaient respecter les zones 30 sans risquer d'être rattrapés.

« La station directrice nous laissait à peine terminer notre message que l'on nous disait d'arrêter sans plus d'explications. En revanche, il fallait donner le motif précis de la poursuite, motif que l'on ignorait évidemment », déclare, au Parisien, un policier de la BAC.

Devant la grogne des forces de l'ordre, sous son auguste casquette, le préfet Lallement lâcha du lest. Ils pourraient dorénavant courir après tout ce qui refusait d'obtempérer.

Dans le collimateur, les rodéos à moto qui fleurissent ici et là mais contre lesquels les policiers rechignent toujours à intervenir, malgré la bénédiction de l'homme à la casquette improbable. George Floyd et toute la famille Traoré sont passés par là. « Si le fuyard cartonne, on sait qu'on va être montré du doigt », déplore un policier. L'expression « montré du doigt » étant un gentil euphémisme au regard des manifestations mondiales qui suivraient un accident mortel. L'ombre d'Assa Traoré flotte sur la marmite. Au premier dérapage malheureux, par exemple, d'un motard de couleur, la muse des causes antiracistes fait son grand retour place de la République. Pimpante et superbement indignée.

Le souvenir de la poursuite d'un deux-roues qui s'était engouffré, à 120 km/h, au beau milieu de la population d'une cité de Montreuil est resté gravé dans les mémoires des hommes en uniforme. « On préfère ne pas s'engager. Quitte à être à ce que les habitants nous disent : vous ne servez à rien. »

Entre un antiracisme opportuniste et la colère des riverains, le premier l'emporte. Les policiers interviewés indiquent que les rodéos n'ont pas cessé dans les quartiers où ils interviennent. Adama 1 - Lallement 0. La crainte d'être lynché sur la place médiatique est plus forte. Les effets de casquette n'y changeront rien.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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