Robert Ménard : « L’électorat est-il capable de voir en Éric Zemmour quelqu’un d’autre qu’un éditorialiste de talent ? »

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Robert Ménard dénonce l'abandon, par l'État, de certains quartiers « à des gens qui se croient tout permis ». Interrogé sur les rumeurs de candidature d'Éric Zemmour à l'élection présidentielle, le maire de Béziers décrit l'éditorialiste comme « le plus brillant », « le plus cultivé » et « le plus pertinent dans ses analyses ». Il pense qu'il pourrait incarner cette « autre façon de voir la droite », cette alliance dont aurait besoin Marine Le Pen pour remporter le second tour.

 

À Béziers cette nuit, deux policiers ont été blessés. Un automobiliste a percuté un véhicule de police. Comment avez-vous réagi ?

 

Certaines personnes se croient tout permis dans certains quartiers. L’individu qui a percuté la voiture a pris la fuite et a été poursuivi par la police nationale. Il s’est ensuite réfugié dans un des quartiers difficiles. À ce moment-là, la police nationale a fait appel à la police municipale. Lorsque cette dernière est arrivée avec police secours, ils ont été agressés et caillassés. C’était un véritable guet-apens. C’est la réalité dans certains quartiers qui ont été abandonnés. Lorsque je demande à ma police municipale de s’y rendre, le sous-préfet exigeait jusqu’ici que l’on ait une autorisation de lui avant de nous rendre dans tel ou tel quartier. C’est invraisemblable. L’État a abandonné un certain nombre de quartiers. Dans ces quartiers difficiles, nous avons investi des dizaines, des centaines de millions sur les quinze dernières années et en particulier à la Devèze. Il y a effectivement moins de HLM et moins d’habitation, mais les gens sont sous la coupe d’un certain nombre de voyous. Cette fois encore, nous en avons un exemple.

 

 

 

C’est comme l’Éducation nationale, on a l’impression que les ordres ce n’est « pas de vagues » afin d’éviter ce genre de scénario…

 

C’est la réalité. Avec les précédents chefs de l’État, c’était « il faut fermer les yeux sur telle ou telle chose et si on y va, ce sera l’émeute ». Oui, c’est l’émeute, donc on n’y va plus !

On rentre dans une logique où, moins on y va, plus ces gens font la loi dans ces quartiers.

Les gens qui habitent dans ces quartiers en souffrent et sont menacés si jamais ils s’amusaient à montrer du doigt ou s’ils appelaient la police pour telle ou telle infraction. Ce que nous avons vécu la nuit dernière, c’est inacceptable, mais mon avis est secondaire par rapport à l’attitude de l’État.

L’État comme les collectivités locales doivent refuser l’espèce d’abandon.

 

 

 

La presse se fait l’écho d’une éventuelle candidature d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle. Vous qui avez toujours plaidé pour une droite hors les murs, pour une candidature de droite qui rassemblerait, trouvez-vous l’hypothèse Zemmour pertinente ?

 

Plusieurs personnes pourraient incarner le courant entre le Rassemblement national et les Républicains. Parmi ces personnalités-là, il y a évidemment Eric Zemmour. Sans l’ombre d’un doute, il est l’homme le plus brillant d’entre nous, le plus cultivé et le plus pertinent dans ses analyses. Reste maintenant à franchir le pas d’éditorialiste à homme politique. C’est un double pari. En a-t-il envie ? En a-t-il les capacités ? En sent-il le désir profond ?

D’autre part, l’électorat est-il capable de voir en lui quelqu’un d’autre qu’un polémiste de talent, qu’un éditorialiste exceptionnel, et qu’un journaliste de la renommée que vous connaissez ? Il est un de ceux qui peut incarner cela. J’ai le sentiment qu’il y pense de plus en plus sérieusement.

 

 

 

Au risque de diviser les voix qui pourraient aller à Marine Le Pen ?

 

C’est une des questions. Il ne s’agit en aucune manière de faire perdre Marine Le Pen. Il s’agit d’apporter à côté de Marine Le Pen, quelqu’un qui représente un courant qui aujourd’hui, n’est pas prêt à franchir cette ligne jaune qui consiste à voter pour la candidate du Rassemblement national. Je le dis et le redis, si demain j’avais à choisir entre Marine Le Pen et Monsieur Macron, je n’hésiterais pas un dixième de seconde. Je voterais évidemment pour Marine Le Pen.

Est-ce qu’aujourd’hui, Marine Le Pen, dans l’état des forces actuelles peut gagner ? Je suis dubitatif…

Il lui faut à côté des alliances. Il ne s’agit pas de débaucher telle ou telle personne, mais de faire alliance avec des gens qui incarnent une autre façon de voir la droite. Je pense qu’Eric Zemmour peut l’incarner. C’est encore une fois à lui de le dire et non à moi.

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Robert Ménard
Maire de Béziers, ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

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