La grande erreur du laïcisme à la française

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La loi contre le « séparatisme », contre l’« islamisme », a été réduite à un texte confortant la laïcité destiné à gommer un peu plus la dimension religieuse dans la société française, y compris celle de l’islam, sans aller toutefois jusqu’à en interdire les signes ostentatoires qui ne sont pas fondus dans le paysage.

La grande erreur du laïcisme à la française est de croire que l’animal social qu’est l’homme peut se passer de religion, que celle-ci est une affaire privée que la science va faire disparaître tandis que l’éducation des Lumières permettra d’émanciper les « humains » et, « en même temps », de fabriquer des citoyens responsables dans une société devenue consommatrice, individualiste et hédoniste.

Il faut être très distrait pour ne pas voir que l’esprit de la fin du XIXe siècle a totalement disparu, que les « hussards de la République » remplaçant les curés pour former un nouveau peuple « libéré » sont devenus des enseignants prudents, parfois timorés, partagés entre l’esprit libertaire qui en habite certains et la peur de se faire décapiter qui peut légitimement en paralyser d’autres. Le « prêchi-prêcha » laïque, avec ses sermons sur l’esprit républicain, sonne creux dans la tête de la plupart des jeunes de banlieue et beaucoup d’autres Français n’y attachent plus guère d’importance.

Comment faire confiance à un État qui punit davantage le protestataire « gilet jaune » ou le retardataire du couvre-feu que le « Black Bloc » ou le loubard des banlieues ? Comment croire à la rengaine des valeurs de la République ? On menace de dissoudre un groupe de jeunes patriotes parce qu’ils manifestent contre l’immigration illégale, mais on félicite le berger passeur de migrants et on tolère les manifestations racialistes, indigénistes, anticolonialistes qui n’ont qu’un seul but, suscité non par la justice mais par le ressentiment : affaiblir la nation française !

La perte de la dimension religieuse a été une blessure inguérissable dans l’âme de la nation. La plupart des grands pays ont conservé cette dimension parce qu’elle est indissociable de toute société. Le catholicisme a joué un rôle crucial dans la formation de la France parce qu’il a été l’élément spirituel qui a permis à la monarchie de réunir et de défendre le pays. L’identité nationale s’est construite sur deux piliers : la prévalence du catholicisme qui légitime le pouvoir du roi par le sacre et l’autonomie du pouvoir politique national par rapport à la papauté. Cet équilibre a été rompu par la Révolution.

Le judaïsme a toujours été très minoritaire. Ses textes fondamentaux, ceux de l’Ancien Testament, ne sont pas moins féroces pour certains que le Coran, mais la religion juive n’a jamais revendiqué que la terre de Canaan où Israël est revenu. L’islam, qui prêche également la destruction des ennemis avec l’aide de Dieu, revendique le monde. C’est une sacrée différence. Le protestantisme aurait pu l’emporter militairement, mais aurait eu beaucoup de mal à s’imposer à un peuple très majoritairement catholique. La guerre entre les deux religions était aussi la porte ouverte à la domination de l’étranger, espagnol auprès des catholiques, anglais à côté des protestants. L’unité s’est refaite par la conversion du roi et la fin du séparatisme calviniste. Louis XIV a été trop loin en voulant extirper le protestantisme qui, minoritaire et fidèle au roi, était pour le coup une « richesse » pour la France. L’islam n’est en rien comparable à ces deux précédents : une population importante en croissance rapide, provenant de pays où il est majoritaire et intolérant, gardant avec eux des liens puissants, alors qu’ils professent parfois à l’encontre de la France un ressentiment virulent. Nier cette différence en pensant la lisser par quelques idées creuses et quelques opérations de police relève de la trahison ou de la folie. C’est la seule question qui demeure.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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