Interrogé, le 28 mars 2021, par Le HuffPost pour une polémique qui durait depuis dix jours, Adrien Liénard, vice-président de l’UNEF, répondait : « L’universalisme, ce n’est pas seulement dire "tout le monde est égaux" (sic), il faut aussi regarder les faits. Ce n’est pas parce que la loi dit qu’on est égaux qu’on l’est : c’est vrai pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes et pour le racisme. Les deux sont interdits par la loi, mais ce n’est pas pour ça que ça n’existe pas. » En vertu de quoi le syndicat étudiant organisait des réunions en non-mixité – c’est-à-dire interdites aux Blancs – pour que « les racisés » puissent s’y exprimer librement. C’est, en tout cas, ce qu’ils disent.

Depuis bien des décennies, l’UNEF est la pouponnière du Parti socialiste. En sont issus tous ou presque tous les éléphants, de même les grandes et les petites mains qui œuvrent dans les officines de gauche. Sur ce plan, rien n’a changé et les patrons du syndicat d’aujourd’hui sont comme ceux d’hier, ils rêvent de donner corps aux paroles de « La Marseillaise » : « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus. » Mais les aînés y sont toujours et regardent avec une certaine frayeur la dérive « wokiste » de la pouponnière en question.

C’est ainsi qu’on vit, en ce printemps 2021, la gauche socialo-communiste se diviser sur les positions radicales de l’UNEF, certains, comme Cambadélis, allant même jusqu’à demander la dissolution de sa direction. Ainsi, à une Audrey Pulvar estimant, sur BFM TV, que si une « femme blanche, un homme blanc » venait à ces réunions, il n'était « pas question de le jeter dehors », « en revanche on peut lui demander de se taire, d'être spectatrice ou spectateur silencieux », Manuel Valls répondait, sur France Inter, que « quand on organise des réunions "racialisées", on légitime le concept de race, et c'est insupportable. C'est une régression, pas seulement pour la gauche, mais aussi pour la République. » Et l’ancien Premier ministre de François Hollande de conclure au « naufrage politique et culturel » de la gauche.

Qu’en est-il, un an plus tard ? Les choses ont-elles changé ? C’est ce qu’a voulu savoir Apolline de Malherbe, recevant sur le plateau de RMC Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, en ce jour des Morts.

À la question simple « Est-ce qu’on continue aussi, à l’UNEF, à faire des réunions en non-mixité ? », il n’y a pourtant pas eu de réponse simple. « C’est comme ça aussi qu’on se souvient de vous et qu’on vous a beaucoup vue à une époque », dit la journaliste. L’autre baisse du nez, essaie de regarder ses chaussures… Apolline de Malherbe insiste : « Pourquoi vous ne voulez pas le dire ? » Gênée, Mélanie Luce tente une diversion : « C’est pas que j’veux pas le dire. En fait, l’UNEF n’a jamais remis en cause son fonctionnement, donc c’est pas ça le débat […] Si vous voulez discuter de ça, on pourra reprendre un rendez-vous… Dans ce cas-là, on peut prendre le temps d’en parler mais on ne le fera pas en surface. »

Ce qu’elle veut, Mélanie Luce, c’est parler des « discriminations énormes dans l’enseignement supérieur », insistant sur le fait qu’il y a du « racisme à l’université comme il y en a dans toute la société ». Mais la journaliste revient à la charge : « Je suis juste surprise que vous n’assumiez pas, que vous ne répondiez pas à la question "Continuez-vous à faire des réunions en non-mixité ?" » Sur le plateau, quelqu’un lance : « C’est simple, c’est oui ou non ? »

Dernière défausse : « Ce que je vous ai dit, c’est que l’UNEF, elle continue d’avancer avec les pratiques qui sont les siennes », répond Mélanie Luce. Donc, les Blancs d’un côté et les « racisés » de l’autre, c’est ça ?

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02 novembre 2021 à 14:00

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