Retailleau à l’offensive : jusqu’à interdire les Frères musulmans ?

Capture d'écran
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Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pourrait-il interdire les Frères musulmans ? « Je n’écarte rien », déclare-t-il à nos confrères de Valeurs actuelles. Considérant que « le frérisme est une menace réelle », il a demandé aux préfets « qu’ils fassent remonter un maximum d’informations ». Il ne manque pourtant pas d’études ni de livres sur le sujet. En 2020, une lettre ouverte adressée à Macron, Castex et Darmanin demandait la dissolution de l’association Musulmans de France en rappelant que les différentes structures fréristes sont « parfaitement connues et identifiées par les services de l’État ». Parmi les signataires de la lettre : Bruno Retailleau.

Fondés en Égypte en 1928, les Frères musulmans sont « un mouvement politico-religieux qui s’est donné pour mission d’organiser la marche de tous les musulmans vers un même objectif : l’instauration de la société islamique mondiale », selon les mots de Florence Bergeaud-Blackler, auteur du Frérisme et ses réseaux (Odile Jacob, 2023). Les Frères musulmans pensent que l’avènement d’une théocratie musulmane mondialisée passe par l’enracinement politique et social, ce qui les distingue des salafistes, plus portés sur l’utilisation de la force aveugle. La finalité est identique : islamiser la Terre entière.

L’islamisme, dérive sectaire ?

En France, les Frères musulmans n'ont pas l'apparence d'une organisation avec hiérarchie et organigramme. Leur action est basée sur le réseautage et l’entrisme dans les mosquées, les écoles, les clubs, l’aide sociale… ou le monde juridique. La question se pose alors : comment interdire une nébuleuse ? Une solution serait de classer l’organisation comme terroriste. Bruno Retailleau songe à « une nouvelle incrimination qui correspondrait à cet entrisme islamiste et aux menaces qu’il fait peser sur les intérêts fondamentaux de la nation ».

Autre piste, celle suggérée par Nathalie Kosciuzko-Morizet, en 2016, pour interdire le salafisme : « Peut-être peut-on déclarer que le salafisme est une dérive sectaire de l’islam ». Par son emprise sur les personnes et les sociétés, le frérisme répond-il à la définition du phénomène, selon la Miviludes ? Le musulman sous emprise est-il « en état de sujétion psychologique ou physique » ? Poser la question, c’est savoir qu’elle sera jugée islamophobe.

Les Musulmans de France, ex-UOIF

Parmi les organisations soupçonnées de lien avec le frérisme, l’association Musulmans de France, morceau d’importance qui regroupe « 280 associations musulmanes dont beaucoup gèrent des mosquées ». Sur sa page Facebook, l’association est impeccable. Elle « condamne fermement » l’incendie à Saint-Hilaire de Poitiers, met en avant les minutes de silence du 14 octobre au collège Avicenne (Nice) et au lycée Averroès (Lille) avec les mêmes propos convenus.

Son président Mohsen Ngazou considère d'ailleurs comme des « allégations » une supposée proximité avec les Frères musulmans. Mais sous ses dehors amènes, il estime que le hijab est « un signe d’émancipation, c’est un signe de liberté, d’élévation spirituelle » et ce qu’il retient des attentats de 2015, c’est… l’islamophobie. « Après Charlie Hebdo et le Bataclan, l’imam est mis à l’index. Il est devenu le souffre-douleur de la société et de la République ».

« Un noyau solide »

En mars dernier, le guide suprême des Frères musulmans, dans son message « Les Frères musulmans : noyau solide et lueur d’espoir », notait que ce noyau « se déplace dans la société, introduisant l’idée islamique et créant un large courant de soutien en sa faveur. […] Ses fruits ont mûri et se sont répandus à travers le monde, et sa base populaire s’est élargie ». Il y a urgence à réagir. Bruno Retailleau trouvera-t-il autour de lui, auprès de Didier Migaud puis devant le Conseil d’État, l’aide dont il aura besoin pour interdire les Frères musulmans en France, non seulement sur le papier, mais partout où ils prospèrent ?

[NDLR] À l'heure de la publication de cet article, BV n'a pas réussi à joindre Musulmans de France

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Dire qu’il y en a qui croient que ce type va nuire aux islamistes…. C’est à mourir de rire. Mais bon le rire allonge la vie alors…. Carpe diem.

  2. De l’agitation pour calmer et détourner les esprits pendant le vote du budget. C’est la caution Retailleau, plus qu’isolé dans ce gouvernement à majorité macroniste …

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