C’est la rentrée des classes pour tout le monde, et pas seulement à l’école, Emmanuel Macron préparant aussi celle de son gouvernement. Là, il n’a bizarrement pas cité McFly et Carlito ; un oubli, sans doute. Ce qui ne manque d’ailleurs pas de sel, quand le premier des Français assène à ses ministres : « Je demande de la cohésion et de l’unité. Il faut se dégager de ce qui peut nous faire perdre du temps. Pas de faux débats, pas de fausse polémique. »

Venant de celui n’en finissant plus de susciter de « faux débats » et de « fausses polémiques », même le dernier ministricule est en position légitime de se demander si on ne se fout pas un peu de lui. En effet, de « la culture française qui n’existe pas », en passant par « la Guyane qui est une île », de Kiddy Smile venu se dandiner à l’Élysée lors de la fête de la Musique, avec son tee-shirt arborant le slogan « Fils d’immigré, noir et pédé », sans oublier cette colonisation coupable de « crimes contre l’humanité » et ces chômeurs qui trouveraient du travail rien qu’en traversant la rue, il est un fait qu’en la matière, Emmanuel Macron demeure insurpassable.

La meilleure défense consistant à attaquer, tel qu’au jeu d’échecs, le Président a donc « secoué tout le monde », pour reprendre l’expression d’un de ses intimes, cité par Le Parisien de ce 9 septembre 2021. Mieux, un proche sûrement encore plus proche, toujours selon la même source, affirme : « La période dans laquelle nous sommes demande une concentration absolue. C’est quand on a le sentiment que tout se passe bien qu’il faut être vigilant. » C’est beau comme du Louis Bodin qui, chaque matin sur RTL, nous dit que le beau temps précède généralement la tempête. Ou le contraire.

Au cœur de cette remontée de bretelles en bonne et due forme, la réforme des retraites. Soit l’occasion de, justement, battre en retraite, tel qu’en témoigne cette présidentielle injonction : « La feuille de route dépeinte aux Français le 12 juillet reste d’actualité sur les sujets de court terme, comme de moyen terme. Et je vous demande de ne pas faire de ballon d'essai dans la presse. » Cette déclaration sibylline, une fois traduite en langage vernaculaire par le même Parisien, donne ceci : « Le gouvernement est de moins en moins allant, les parlementaires de la majorité pareils, et Castex freine des quatre fers pour ne pas lancer, si près de la présidentielle, une réforme aussi électrique. »

On imagine que cette droite donnée pour être de gouvernement s’engouffrera tôt dans la brèche, mais en sera-t-elle plausible pour autant ? Malin comme pas deux, un « intime du Président » se fait ainsi un plaisir de rappeler : « À droite, cela fait vingt ans qu’ils sont pour, mais ils ont été incapables de le faire. À gauche, ils sont contre sans avoir quoi que ce soit à proposer. »

Au spectacle de ces événements qui n’en sont pas, même le plus bienveillant des observateurs de la chose politique constatera que :
- on ne dirige pas la France comme une entreprise ;
- un gouvernement n’a rien à voir avec un conseil d’administration ;
- l’Histoire est tragique par nature, ce que l’on n’enseigne pas dans ces écoles de commerce par la Macronie fréquentées ; la preuve par les gilets jaunes et l’actuelle pandémie ;
- tout l’art de la politique consiste à prendre les Français pour des idiots, mais à condition que cela ne se voie pas trop.

Mais là, ça se voit un peu trop, que ce soit sur des questions sociales – réforme des retraites sans cesse ajournée – ou sur celles relevant des questions régaliennes, tel qu’en témoignent les récentes fusillades entre gangs marseillais, fêtant ainsi effets de manche et de menton de ce pauvre Emmanuel Macron.

Tel qu’autrefois chanté par Jordy, à quelques mots près, « dur d’être un bébé ». Cela semble aussi valoir pour les Présidents…

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09 septembre 2021 à 19:45

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