Rentrée 2019 : le monde de Jean-Michel Blanquer

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Mardi 27 août, Jean-Michel Blanquer a lancé officiellement la nouvelle année scolaire 2019-2020. Il ne cesse, bien sûr, de marteler des mots positifs : « réussite », « rassemblés », « élévation générale », « justice sociale », « bonheur », « confiance », « égalité », « bien-être », « vérité ». Mais n’oublions pas que tout travail de propagande commence par donner l’illusion que l’on parle d’un sujet quand, de fait, on évoque une réalité qui lui est opposée.

Le mot le plus inquiétant étant celui de « vérité » : M. Blanquer prétend-il détenir la « vérité » ? Par ailleurs, les mots précités s’appliquent-ils directement aux élèves pour les aider à devenir des citoyens libres et heureux ? Que nenni ! Ils s’appliquent, en réalité, à l’action de M. Blanquer et de ses agents. Le mot d’ordre de ce discours est « réussir ». Mais quel est l’objectif à atteindre ? Notre inclination naturelle tendrait à nous indiquer qu’il s’agit de la « réussite » des élèves, pour que ces derniers se préparent à vivre une vie de citoyens libres et heureux, dans un métier qui leur conviendrait et dans le respect de l’éducation fournie par leurs parents…

Mais si l’on y regarde de près, ce n’est pas ce que promet M. Blanquer. Il vise, quant à lui, la « réussite » de sa politique éducative qui mènerait à la création d’un citoyen standard, prêt à réagir frénétiquement au moindre drapeau idéologique agité : LGBT, changement climatique, "féminicide", "xénophobie"… L’objectif est donc de « réussir » à délivrer le baccalauréat à 100 % des élèves, en les évaluant sur des sujets à la mode dont les interprétations diverses sont sujettes à caution et non plus sur des connaissances disciplinaires et scientifiques, pour qu’ils puissent tous (c’est cela, son idée de « l’égalité »…) entrer dans les études supérieures.

Mais est-il souhaitable que 100 % de la population ait fait des études supérieures ? Les années d’instruction du collège et du lycée devraient pouvoir suffire à effectuer certaines tâches tout en possédant un bagage intellectuel adéquat. Un pays a besoin de plombiers, de maçons, d’agents d’entretien, de professeurs, d’infirmières, de policiers, etc. Il n’a pas besoin de 100 % de bacheliers ! Toutes les filières précitées peuvent requérir certaines années d’études spécifiques, parfois dans le supérieur ; mais il ne faut pas pour autant jeter aux oubliettes les bienfaits de « l’apprentissage sur le tas », l’apport de la richesse humaine avant même la richesse intellectuelle.

Surtout, les études supérieures sont une des façons d’entrer dans le monde du travail, elles ne doivent pas devenir la « seule » façon car cela mènerait à une forme de dictature, puisque les programmes doivent remplir des critères gouvernementaux. Où se trouve la place pour la créativité et la liberté dans l’obligation d’obtenir son baccalauréat et de poursuivre des études supérieures sur des thèmes imposés ?

L’objectif est donc bel et bien idéologique : faire de chaque élève un parfait citoyen-Blanquer qui criera « Bravo Greta ! » En multipliant les sujets à la mode dans les « cours » du secondaire, notre ministre de l’Éducation nationale remplit bien son office de petit fantassin à la solde des idéologies libérales-libertaires. Mais peut-on encore parler de « cours » lorsque l’enseignant se trouve réduit à accompagner l’élève dans l’élaboration de sa vision du monde à partir du matériel idéologisé qu’on lui fournit ? Nous ne nous situons donc pas le moins du monde dans une « école de la confiance » mais dans l’univers propagandiste qui se pare du mot de « liberté » pour ne pas écrire son nom…

Bertrand Dunouau
Bertrand Dunouau
Professeur certifié de Lettres Classiques

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