Ramadan 2018 : des musulmans réclament plus de garanties pour le halal

Bientôt le ramadan, qui devrait s’achever avec la fête de l’Aïd el-Fitr, à la mi-juin. L’occasion, pour des sites musulmans, de prodiguer des conseils sur une bonne pratique religieuse et de dresser un palmarès des magasins de grande distribution, en fonction des garanties qu’ils offrent pour la viande halal.

C’est ainsi qu’Al-Kanz, une figure incontournable de la blogosphère musulmane, explique comment bien se préparer au ramadan (jeûner, lire le Coran assidûment, s’investir dans des associations à vocation sociale et humanitaire) et publie une étude sur les catalogues de grande distribution. Il rappelle que le mois de ramadan est un "mois de déconsommation" et qu’il ne faut donc pas "se goinfrer tous les soirs à l’heure de l’iftar" mais appliquer le "minimalisme" à l’alimentation (manger peu le soir et suffisamment le matin avant l’aube).

Les Français de confession musulmane sont incités à suivre ce rite, avec une insistance qu’on trouve rarement dans les autres religions - pour le carême, par exemple. Une démonstration de la vitalité de l’islam qui ne devrait pas laisser indifférents nos dirigeants. Car s’il est vrai que la loi de 1905 reconnaît la liberté religieuse et le libre exercice des cultes, on ne peut nier que l’islam pose des problèmes par la confusion qu’il opère entre le spirituel et le temporel.

Al-Kanz constate donc que, comme chaque année, des opérations commerciales sont lancées "pour capter l’argent des consommateurs musulmans". Il ne s’agit pas principalement, pour ce site, de critiquer la société de consommation, qui prend prétexte de tout pour vendre, mais de souligner que la plupart des grandes enseignes n’apportent pas suffisamment de garanties sur le caractère halal de la viande qu’elles proposent à leur clientèle.

Il insiste sur le fait que, "alors que le mois de ramadan est un mois religieux, que jeûner pendant ce mois constitue le quatrième pilier de l’islam et que manger non halal pour un musulman est d’une extrême gravité", cette absence de garantie est intolérable. Il suggère de faire pression sur les grandes enseignes et de les "bouder […] pour n’acheter viande et accommodements traditionnels que dans une boucherie halal (certifiée, il vaut mieux)".

Je ne m’aventurerai pas à dire qu’un tel formalisme peut conduire à s’interroger sur une religion qui accorde tant d’importance aux prescriptions rituelles : à chacun, musulman ou non, de le faire. Mais le chantage exercé auprès des grandes enseignes montre une volonté d’imposer comme naturelle cette pratique pour le moins discutable. Rappelons que le rituel de la « dhabiha » implique d'abattre un animal vivant, sans l’étourdir auparavant, sa tête devant être tournée vers La Mecque.

On pourrait penser que cette coutume est quelque peu barbare, surtout à une époque où l’on évoque de plus en plus le droit des animaux. Mais oser le penser serait attenter à une religion, ce qui ne se fait pas – surtout quand il s’agit de l’islam. On se souvient de la polémique soulevée par Marine Le Pen, en 2012, quand elle déclara que "l'ensemble de la viande qui est distribuée en Île-de-France, à l'insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal". C’était sans doute un peu excessif, mais ce propos dénonçait une tendance.

Il reste que le gouvernement, en fermant les yeux ou en adaptant la législation, devient complice de ce qu’il faut bien appeler un certain obscurantisme et favorise l’expansion du communautarisme. Nul doute que la mairie de Paris organisera de nouveau une soirée festive pour fêter le ramadan et qu’Anne Hidalgo répétera que "le ramadan fait partie du patrimoine culturel français".

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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