Quelle France ? Pour quelle Europe ?
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Après Athènes et la Sorbonne, il est permis de craindre une contestable adaptation au public concerné. Certes, il est bon que le chef de l’État s’adresse à la jeunesse, sans pour autant privilégier les plus diplômés au détriment de ceux qui ne vaudraient « rien ». De même, la ligne de conduite d’une reconstruction européenne s’adresse essentiellement aux responsables de l’Union européenne qui, malheureusement jusqu’à présent, ne savent pas, ne peuvent pas ou ne veulent pas prendre les décisions qui s’imposent à l’évidence. Il reste donc à s’adresser aux représentants des vingt-sept pays européens, et plus particulièrement au peuple de France qui doit être associé à une telle démarche, sans attendre que ses nombreux problèmes vitaux soient enfin traités en priorité.
Si la souveraineté française doit se fondre dans une incertaine souveraineté européenne, il faut non seulement le suggérer mais le proposer clairement aux citoyens français appelés à se prononcer par référendum sur l’intégration dans une Europe fédérale. Ils devront, alors, revenir sur leur position de 2005. De toute façon, la volonté de sortir l’Union européenne de son marasme doit s’appliquer également aux réformes de la France pour la sortir de son ornière avant qu’elle ne s’enlise dans le magma d’une Europe sans âme. C’est la prospérité de notre nation qui, pour sa part, garantira la réussite européenne.
En fait, on ne pourra pas éviter de consentir modestement des avancées pragmatiques et concrètes, dans l’esprit des pères fondateurs de l’Europe qui, dans les années 1950, ont pris la courageuse initiative de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, puis de l’Euratom, et ont inspiré plus récemment Airbus et Erasmus. Jacques Delors a pu fixer le cap européen par son impulsion dépolitisée et par sa personnalité irréprochable. Valéry Giscard d’Estaing, expert incontestable, a attribué "l’enlisement de l’Europe à l’absence d’une vision et d’une volonté politique des dirigeants des principaux États membres, parce qu’ils ont pour objectif leur réélection, les yeux rivés sur les sondages, se gardant de toucher aux privilèges de leurs électeurs".
Une politique réaliste devrait donc démontrer dans l’immédiat des preuves d’efficacité, particulièrement la sécurité des frontières, la maîtrise de la poussée migratoire, la protection des emplois dans l’industrie et l’agriculture, l’exigence culturelle et l’harmonisation fiscale. L’Europe de la Défense gagnerait, dès à présent, à faire profiter la France de contingents armés en renfort des théâtres d’opérations où notre pays se bat pour le compte de la sécurité européenne.
Pour éviter de prendre les citoyens à rebrousse-poil, la reconstruction de l’Europe doit surmonter la tentation des multi-structures institutionnelles, la paralysie des procédures et des réglementations. Notre peuple ne supporte plus, de la part de l’État national, le maquis des lois et des discours inopérants à court terme. Nos concitoyens n’ont aucune envie de subir les diktats d’un pseudo-État européen prétendu souverain, qui n’en a pas l’esprit ni les moyens et qui devrait se consacrer essentiellement à la coopération des vingt-sept États-nations dans l’intérêt des populations.
Dans ce domaine, la parole a des limites et la foi personnelle doit se transformer en un idéal partagé par tout un peuple. L’Europe ne peut se limiter au domaine du rêve ou du pari. Dans les épreuves d’un pays, seuls comptent les décisions courageuses et les témoignages populaires, comme ce fut le cas en 1792 à Valmy, en 1944 avec la libération du territoire, en 1958 pour restaurer par référendum un État porté par tout un peuple.
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