Quand Élise Lucet consacre un « Envoyé spécial » aux… violences policières !

Élise Lucet

Encore une journée marquée de rouge, quelque part en France. Une de plus, qui vient s'ajouter à plusieurs dizaines qui ont vu le terrorisme islamiste ensanglanter les rues de nos villes et anéantir la vie de centaines d'innocents. « Nous ne céderons rien », a dit Emmanuel Macron. Si nous n'avions rien cédé, nous n'entendrions plus parler depuis longtemps de tout cela. Au contraire, nous commençons à nous habituer à l'horreur, nous courbons l'échine, fatalistes et soumis, devant cette défaite qui s'annonce sans que nous n'ayons jamais esquissé la moindre réaction d'envergure.

Car la défaite est programmée, tout s'acharne à nous y résigner. Si nous étions ne fût-ce qu'un seul instant en guerre contre le terrorisme islamiste, nous placerions cette cause tout en haut de nos priorités et sacrifierions bien des choses pour triompher. Mais est-ce le cas ? Certaines coïncidences sont particulièrement significatives : ce jeudi soir, Élise Lucet a consacré son numéro d'« Envoyé spécial » aux violences policières. Avec, en guest star, M. Zecler, producteur passé à tabac il y a quelques mois par des policiers. Car il est de notoriété mondiale que la police, en France, c'est la Gestapo. La violence policière, c'est véritablement LE sujet qui terrorise la France entière : croiser une patrouille de police, en France, c'est risquer sa peau, surtout si elle est basanée, dixit Assa Traoré et Camélia Jordana. C'est ce leitmotiv qu'Élise Lucet a cherché à nous assener, lors de l'émission de jeudi, et ce, malgré les traditionnelles précautions de langage, censées cerner une « infime minorité de brebis galeuses ».

Il y a plusieurs manières de travestir la réalité, quand on est journaliste. On peut mentir, on peut passer sous silence des sujets ou taire des vérités. On peut aussi focaliser les projecteurs sur un sujet secondaire, par choix idéologique, et négliger l'essentiel. Sur les cinq dernières années, ce sont plus de cent policiers qui ont été tués, un chiffre sans rapport avec les bavures qu'ils auraient, eux, commises, toujours de trop, mais très rares. Ils sont plus de dix mille, chaque année, à être blessés suite à des violences. Faites donc des micros-trottoirs, dans n'importe quel pays d'Europe : ce sont bien les images des policiers achevés à terre par des terroristes, celles de voitures obligées de reculer face à la racaille déchaînée, d'agents insultés et violentés qui ont sidéré les esprits ; certainement pas la prétendue violence ou le racisme de notre police, reconnue partout comme l'une des plus humaines du monde.>

En hystérisant le sujet des violences policières, alors que les policiers sont devenus des cibles vivantes, Élise Lucet a fauté. Quelques heures après la diffusion de ce reportage, où M. Zecler a été hissé au rang de martyr pour quelques jours d'ITT, c'est Stéphanie, policière depuis vingt-huit ans, qui aura sacrifié sa vie pour défendre celle des autres. La vôtre, la mienne, celle des délinquants même, celle des gauchistes qui leur crachent dessus à longueur de temps, celle de Zecler et celle d'Élise Lucet également. Mme Lucet, vous a-t-il effleuré l'esprit, ne fût-ce qu'une seconde, que l'opprobre médiatique contre la police, à laquelle vous avez apporté votre contribution, favorise ce type de drame ? Ne ressentez-vous donc, aujourd'hui, aucun remords d'avoir à ce point participé, certes à votre corps défendant, à ce sinistre choc des actualités ? On ne peut pas faire la guerre à la fois au terrorisme et à la police. C'est l'un ou l'autre, il faut choisir son camp.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/04/2021 à 15:52.
Olivier Piacentini
Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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