Quand Bayrou déforme avec malhonnêteté les arguments de Zemmour

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Vendredi, sur BFM TV-RMC, après avoir loué son maître comme le meilleur Président que la France ait connu depuis trois décennies avec « le sens des choses essentielles », François Bayrou revenait à la charge contre Zemmour avec cette vieille méthode éprouvée qui consiste à attendrir le populaire en essayant de le submerger d’émotion.

Contre un Zemmour porteur d'un cap, celui d’une nouvelle grandeur française qui mobiliserait les énergies collectives contre la mort du pays, ceux qui n’ont ni cap – « tête », en béarnais –, ni vision d’ensemble, ni plan à long terme pour la nation, à l’image du haut-commissaire au Plan, reprennent à l’envi les failles éventuelles de la démonstration du « Z ».

En revenant sur les propos controversés de Zemmour sur la réaction des parents des enfants assassinés en 2012 par Merah dans l’école juive Ozar-Hatorah, en septembre dernier, Nicolas Sarkozy avait porté l’estocade sur le plan émotionnel. Il évoquait des parents « intouchables », « au nom d’une souffrance ». Sa critique était cinglante : « Qu’on puisse parler de la souffrance de ces gens, c’est qu’on ne connaît rien à l’humanité. » Zemmour inhumain.

En reprenant cet angle de l'affectif, François Bayrou imite au rabais l’ancien Président qui sait communiquer. Il démontre surtout une canaillerie intellectuelle profonde en dénaturant les propos du presque candidat, ce que ne faisait pas Nicolas Sarkozy, pourtant incisif. Qu’a dit Bayrou qui se prétend, d’emblée, bouleversé par ce qu’il a pu lire ?

Après avoir rappelé les détails de l’assassinat des fillettes, il entreprend de déformer, sciemment, les arguments du polémiste : « Quand il dit et quand il insinue qu’elles ne sont pas vraiment françaises parce qu’elles ont été enterrées en Israël, et il les met dans la même phrase que Merah qui, lui, a été en... enterré dans... dans son pays d’origine au Maghreb, est-ce qu’on peut imaginer pire comme déclaration ? » Passons sur le fait que l’émotif Bayrou ne sache pas que la dépouille de Merah est à Cornebarrieu, près de Toulouse, et non en Algérie. Pour le reste, voilà bien l’expression d’une malhonnêteté intellectuelle, car Éric Zemmour n’a jamais dit cela.

Entre fausse émotion et raclements de gorge, le commissaire prend ensuite la journaliste à témoin : « Vous avez des filles, j’ai des filles, on sait ce que c’est l’enfance et l’enfance massacrée – il fronce les sourcils, plisse les yeux, serre les dents, expression d’intense souffrance, souffle coupé –, l’enfance profanée par des actes de cet ordre. » Question téléguidée à la journaliste qui demande s’il s’agit, de la part de Zemmour, d’une seconde profanation. « Oui, je ressens ça, je le dis comme vous voyez, avec l’émotion d’un père de famille. Comment peut-on dire des choses comme ça ? » répond le faux dévot moralisateur. Après le Zemmour inhumain de Sarko, voilà le Zemmour profanateur de sépultures !

Au bout du compte, ces rhéteurs de parade et d’industrie, faussement altruistes, qui n’ont de cesse de détourner un détail de son livre et anathématisent Zemmour comme un être inhumain, profanateur ou suppôt abominable de la guerre civile et d’un futur totalitaire, signent, par leur mauvaise foi, leur aveu d’impuissance. Zemmour, lui, ne se conçoit pas parfait, mais affirme sans détours : « J’entends des gens qui viennent me dire "Si vous êtes élu président de la République, je ne partirai pas à l’étranger. Si vous êtes élu, mes enfants échapperont à la barbarie. Si vous êtes élu, mes enfants pourront vivre en France comme des Français"... » Comprenne qui voudra.

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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