Pour Booba, l’État français est « beaucoup trop mou et faible » !

Booba

« L’ordre, l’ordre, l’ordre », martelait Emmanuel Macron, le 24 juillet dernier, réagissant enfin, depuis Nouméa, aux émeutes qui secouaient le pays. « Mollesse, lâcheté, faiblesse criminelle », lui répond aujourd’hui le rappeur Booba dans une interview au journal Le Progrès.

Même s’il habite Miami, le rappeur de 46 ans porte sur la France un regard plus lucide que notre Président.
Son analyse est sans fioritures : s’il estime que la mort du « petit ange » Nahel était « une bavure » dans la mesure où, selon lui, « le policier n'était visiblement pas en danger de mort », il juge que « l’État est beaucoup trop mou et faible » en règle générale, et particulièrement avec les émeutiers.

C’est une évidence, le chef de l’État est au mieux un velléitaire, plus certainement hélas un idéologue désorienté par son tropisme de girouette : tout en même temps, ce qui revient à ne rien faire. Ainsi, dans l’entretien qu’Emmanuel Macron a accordé au Figaro Magazine, un mois après les faits qui ont défiguré le pays et entraîné bien des communes dans le désastre financier, le chef de l’État explique benoîtement qu’il n’a pas voulu « réagir à chaud », cela, « parce que dans les moments d’émotion, on est sommé de choisir son camp. Et, donc, on dit toujours des bêtises. » Ce qu’il a fait.

Mais un mois plus tard, s’étant paraît-il accordé le temps de l’étude et de la réflexion, celui qui a fait du cul entre deux chaises une religion n’a pas évolué.

Pour rétablir l’ordre qu’il prétend appeler de ses vœux, que prône-t-il ? Rien. Car s’il réclame la responsabilisation des familles, soit en les aidant « à éduquer leurs enfants », soit en « les sanctionn[ant] quand elles ne font pas leur boulot », le Président dit qu’il ne veut pas « choisir son camp ».

« On ne peut pas faire nation si on n’a pas confiance dans la parole publique, si on n’a pas confiance dans les autorités, dans ses parents, dans ses maîtres », dit le chef de l’État. Plus qu’exact, et le problème, justement, est que les Français n’ont aucune confiance dans sa parole de Président. Et c’est un rappeur expatrié sur le sol américain qui le lui dit : « La police, le système judiciaro-carcéral, et plus globalement l'État, ne se font pas respecter [...] les jeunes n'ont pas peur de la police, l'État est beaucoup trop mou et faible ». Et d’ajouter, lui qui a eu maille à partir avec la Justice par le passé : « Les peines de prison sont trop légères et surtout rarement appliquées, les policiers sont discrédités. »

Quant aux vraies raisons des émeutes de juillet, Booba y voit un « abcès qui avait besoin de péter ». Certes pas une révolution, mais « l'expression d'un mal-être, d'un ras-le-bol, de l'ennui en banlieue, de la situation financière ». Les casseurs et les pillards « se sont défoulés », dit-il. « Ils savent très bien que ça ne résoudra rien, c'est histoire d'exister. »

Saccager pour exister… peut-être. Macron, lui, dit s’être penché sur les chiffres. Surtout, il a pris le temps d’étudier l’état civil des émeutiers interpellés : « Près de 75 % des jeunes déférés à la Justice étaient soit à l’aide sociale à l’enfance, soit des jeunes de familles monoparentales, sans compter les mineurs non accompagnés, mais ceux-ci étaient très peu nombreux dans les émeutes. » Tous des Mathéo et des Kevin.

Booba, lui, est parti vivre aux États-Unis en 2008, essentiellement pour des raisons fiscales. Tout n’y est pas parfait, c’est sûr, mais au moins, là-bas, « tu ne défies pas la police à la bagarre », dit-il.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Le peuple du moins une partie a remis les clés de la France à un anti-français qui ne se gargarise que de palabres et ne fait rien que tout et son contraire. Le sommet de la flèche de notre dame a besoin d’une girouette. Elle est toute trouvée.

  2. On ne peut pas reprocher à ce Booba une certaine constance dans ses propos envers la France et l’État français.
    Mais pour une fois, on ne peut pas lui reprocher de parler juste.
    De quoi faire irriter l’épiderme des gauchistes de service.

  3. Je me fous totalement de la pensée profonde d’un rappeur… D’autant plus s’il a dégagé aux US.
    Les pauvres petits maltraités en ont « ras le bol, il faut comprendre leur mal-être, leur ennui. Ils se sont défoulés »… Il se dédouane, ainsi, des propos qui pourraient être mal compris par ses fans. Du en même temps (Macron fait des émules).
    Cela peut rejoindre, dans l’analyse, ce que nous a expliqué un grand philosophe de LFI sur un plateau télé : « C’est dur d’être dealers, on n’imagine pas les heures de « travail » etc… etc… ».

  4. Si c’est une racaille qui le dit, alors peut être que Macron écoutera. Il les aime les racailles, il les chouchoute même……

  5. « Dénoncer la responsabilité des parents sur l’éducation de leurs enfants »…il a bon dos le jupiter d’avoir laissé enlevé par les service sociaux lui et les gouvernements précédents, l’autorité parental. On appel ça un retour de manivelle dans la gu….le.

  6. Je ne reviendrai pas sur les propos de Macron, lui et ses prédécesseurs sont comptables du délitement de ce pays, rien à ajouter là-dessus. En revanche, je me posais une question cocasse: Booba, en tant que personne « racisée », peut-il être qualifié d’extrême-droite ? Car ces discours sur la mollesse de l’état, s’ils avaient été tenus par un « leucoderme » (un blanc si vous préférez), auraient été directement associés aux heures sombres et tout le tralala… la preuve, ça a été le cas pour ceux qui dénonçaient les émeutes ou appelaient à responsabiliser les parents, quitte à les faire payer pour la casse… bref, encore un noeud inextricable pour les gauchistes: un rappeur racisé certes misogyne, mais issu des banlieues « émotives », peut-il être d’extrême-droite ?

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