Pologne, 1er septembre 1939 : une invasion montée de toutes pièces !
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Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne, déclenchant, vingt ans après la signature du traité de Versailles, la Seconde Guerre mondiale. En cette année 1939, Adolf Hitler (1889-1945) a toutes les cartes du monde en mains, tant il est passé maître dans l’art de la dissimulation. Fort de son Anschluß (mars 1938), des accords de Munich (septembre 1938) qui lui permettent de « voler aux secours des Sudètes », cette minorité allemande résidant en Tchécoslovaquie, il peut compter aussi sur le pacte de non-agression qu’il a signé, le 23 août 1939, avec son pendant dictatorial : Joseph Staline (1878-1953).
En sous-main, il rêve de reconquérir les territoires perdus par l’Empire allemand au lendemain de la défaite de novembre 1918, territoires passés sous le contrôle de la Pologne : Haute-Silésie, Prusse-Occidentale et surtout le corridor de Dantzig. C’est pourquoi il a signé, le 26 janvier 1934, un traité de non-agression avec son voisin la Pologne. Ce pacte vise littéralement à interdire, pour dix années, le recours à la force dans la résolution des conflits frontaliers et économiques entre les deux pays. Ce traité, qui permet en réalité de gagner du temps afin de réarmer la Kriegsmarine, la Wehrmacht et la Luftwaffe, endort aussi la vigilance diplomatique française, alliée naturelle et objective de la Pologne.
Après l’annexion de la Tchécoslovaquie, Hitler entend « ne pas épargner la Pologne ». Il commence, le 28 avril 1939, par dénoncer le traité de 1934 puis convoque Heinrich Himmler (1900-1945) le 23 juin. Tous deux décident qu’il faut un prétexte pour envahir le pays alors dirigé par Ignacy Mościcki (1867-1946). Pourquoi ne pas mettre au point une fausse agression, « une action indirecte » dans le jargon militaire ? La réalisation de l'« opération Himmler » (elle est aussi appelée « incident de Gleiwitz (1) ») est alors confiée à Reinhard Heydrich (1904-1942) et Alfred Naujocks (1911-1966). Ils décident que la fausse agression de la Pologne envers l’Allemagne consistera à attaquer l'émetteur radio de la station de Gleiwitz (située en Allemagne) par des soldats en uniforme polonais, lesquels diffuseront un appel aux populations de Silésie à se soulever contre l'Allemagne. Le prétexte sera tout trouvé pour envahir la Pologne sans déclaration de guerre et sans autre forme de procès. Pour donner plus de crédibilité à cette action, il faut aussi des morts. Les Allemands décident de prendre avec eux douze criminels issus de camps de concentration à qui ils promettent la liberté après ce coup de main « patriotique ». Ces criminels à qui Heydrich donne le nom de code « Conserves » seront, eux aussi, déguisés en Polonais.
Le 31 août au soir, vers 19 h 30, Heydrich lance l’opération avec cette annonce codée : « Großmutter ist gestorben » (« Grand-mère est décédée »). Quelques instants plus tard, deux automobiles s’arrêtent à proximité du bois de Rabitot, près de la frontière germano-polonaise. Du coffre, six soldats de la SS sortent des uniformes polonais, s’habillent, prennent des Luger et, avec les criminels, eux aussi déguisés en civils polonais, se dirigent vers la station radio de Gleiwitz. Ils la prennent sans coup férir et lancent leur appel au soulèvement. « Attention ! Ici Gleiwitz. La station de radiodiffusion se trouve en mains polonaises. » Mais finalement, celui-ci n’est diffusé qu’à faible distance, car l’opérateur allemand confond les manettes. Il semble qu’un seul criminel (2) ait été volontairement exécuté et laissé sur place, revêtu d’un uniforme polonais. L’opération n’a, en tout et pour tout, duré que quelques minutes, cinq tout au plus. D’autres opérations de ce type se déroulent dans d’autres lieux mais n’ont pas la même portée que celle de Gleiwitz.
Le 1er septembre, sans évoquer l’action contre la station radio, Hitler décide d’envahir la Pologne. La Seconde Guerre mondiale vient de commencer.
(1) « Gliwice », en polonais
(2) Franciszek Honiok, un Silésien d'origine polonaise
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