Sondage : Jean-Michel Blanquer décroche, et ce n’est que le début

BLANQUER

C'était l'élève modèle de la Macronie. Celui qui, après le passage mémorable de Najat Vallaud-Belkacem, et sa réforme du collège, allait remettre les choses à l'endroit. Il atteignait des sommets dans les sondages de popularité : 60, 70 % ! Il y avait certes un effet d'aubaine dans cette popularité. Mais pas seulement : l'homme respirait le sérieux, la sérénité, le pragmatisme. Le meilleur du macronisme. Ou son fantasme mobilisateur.

Et d'ailleurs, le sondage Odoxa-Dentsu Consulting réalisé pour franceinfo et Le Figaro paru ce jeudi 29 août confirme l'approbation des premières mesures de bon sens : le dédoublement des classes dans les quartiers défavorisés, l’introduction des symboles de la République française et de l’Europe dans les salles de cours, l’école obligatoire dès 3 ans, l'assouplissement de la réforme du collège.

Mais alors, d'où provient cette chute de popularité qu'enregistre ce même sondage ? Car le ministre perd tout de même 16 points en un an et demi, passant de 62 à 46 % de bonnes opinions ! Même plus la moyenne !

Mais voilà, Jean-Michel Blanquer a voulu toucher au bac, et il l'a mal fait. En supprimant les filières générales L, S et ES, bien identifiées par les parents et les élèves depuis plus de vingt ans, il a, durant toute l'année dernière, semé le doute dans les esprits : et toutes les stratégies ont consisté en fait à trouver des « menus » de spécialités pour reconstituer une filière S ou ES. 54 % des Français désapprouvent cette suppression et 53 % ne croient pas que l'ensemble des réformes Blanquer soient susceptibles « d'améliorer l'enseignement ».

Pourtant, plus des deux tiers des Français (71 %) approuvaient l'introduction d'une part de contrôle continu dans le nouveau bac. Mais l'opinion a vite senti que l'administration de la rue de Grenelle était en train de recréer une usine à gaz avec ce nouveau bac, ces spécialités (celles que l'on prend, et celle que l'on abandonne en fin de première...), ces épreuves de contrôle continu, ces nouveaux programmes souvent trop ambitieux et irréalisables, notamment en français, et la reconstitution de classes à effectifs pouvant monter jusqu'à... 38 élèves !

Dans ces conditions, pas étonnant  qu'une majorité (52 %) estime que d’éventuelles grèves d’enseignants en septembre seraient « justifiées » ! L'opinion n'a pas aimé le passage en force du ministre en juillet et ses méthodes folles consistant à attribuer de fausses notes aux copies qui n'avaient pas encore été rendues. Cela en disait long.

On peut raisonnablement estimer qu'avec la mise en place de cette réforme, cette année en seconde et première, l'an prochain en terminale, le scepticisme et le rejet ne feront que s'accroître.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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