Poitiers : une statue de la Vierge à l’abandon, la jeunesse se mobilise

Plus de 1.300 signatures en 10 jours, c’est le succès que rencontre la pétition lancée à la mi-septembre par de jeunes étudiants de Poitiers, face à l’inaction de la mairie à l’égard de la statue Notre-Dame des Dunes, quasiment laissée à l’abandon.

Surplombant la ville depuis 1876, la statue de la Vierge est menacée. Sale et couverte de mousse, selon Dylan Baudouin, responsable de la pétition, son accès, autrefois ouvert au public à certaines occasions telles que les journées du patrimoine, est complètement condamné depuis juillet 2021. Et pour cause : son socle est fissuré, ce qui met en péril le monument.

Symbole de la contre-révolution

Haute de 6 mètres, juchée sur un promontoire de 22 mètres, la Vierge Marie surplombe la ville, et elle semble aussi la déranger… Inaugurée par le cardinal Pie, elle est un symbole de la contre-révolution. La CGT avait déjà, en 2021, déposé une requête auprès de Léonore Moncond’huy, maire écologiste de Poitiers, afin de débaptiser la place de l’Église, portant le nom de l'évêque. Pour Alain Peyrotte, président de l’Institut d’histoire social de la CGT, s'il ne s'agissait en aucun cas de déboulonner la statue, il fallait, en revanche, que les élus prouvent leur « attachement aux idées républicaines de notre Constitution, à la séparation de l’Église et de l’État » en réparant cet « oubli des précédentes municipalités en faisant disparaître cette tache que constitue le nom du cardinal Pie dans la ville de Poitiers ».

Nous avons rencontré la municipalité ce lundi. Voici un compte-rendu de notre entretien.

Pour plus de détails, retrouvez notre communiqué de presse sur notre site. Lien en bio. pic.twitter.com/8ernIhKM4Y

— Notre-Dame des Dunes ❙ Poitiers (@NotreDameDunes) September 26, 2023

Parce qu'elle indissociable de la ville de Poitiers, des étudiants ont décider de monter une association dédiée à sa restauration. « Avec des amis, on est souvent en centre-ville et on voit cette statue. On s’est rendu compte qu’elle était sale, laissée à l’abandon. On s’est dit que c’était dommage que personne ne puisse la visiter, qu’elle soit fermée au public », nous confie le responsable de cette association. Il juge les raison de cet abandon pas très claires : « On suppose que c’est parce que son histoire dérange. » La mairie, quant à elle, avance plusieurs prétextes : la restauration demanderait la mobilisation d’un hélicoptère (vraiment ?) et d’autres problèmes de taille, pour chacun desquels l’association dit avoir trouvé une solution… Impossibilité ou mauvaise volonté ?

Une situation qui stagne

Pourtant, la mairie de Poitiers ne semble pas hostile à la restauration des édifices religieux. En effet, selon Dylan Baudoin, elle a débloqué quelque deux millions d’euros pour les travaux de l’église Notre-Dame-la-Grande, dans le centre de la ville. Pour ce qui concerne la statue, la municipalité semble plus frileuse. Les choses stagnent. Depuis la fermeture de son accès, aucun calendrier des travaux n’a été communiqué. L’explication est assez simple : rien ne peut être entrepris car le socle est fissuré et que le sol argileux met en péril la stabilité de la Vierge. Sonder le sol s’impose pour poser un diagnostic, l’étude géotechnique des sols commencera le 3 octobre. Mais « rien n’est envisageable avant fin 2024 », déclare la mairie à Dylan Baudouin.

Les revendications de ces jeunes sont simples et ont été transmises à la mairie par un communiqué de presse : publier le diagnostic actuel ainsi qu’un calendrier des travaux, faire preuve de bonne foi en s’engageant à donner le feu vert pour la proposition de classer cet édifice aux monuments historiques. Cette démarche assurerait des fonds pour sa mise en valeur. Cette demande a été amorcée auprès de la DRAC par l’association. Cependant, la ville étant propriétaire de la statue, son accord est nécessaire pour la mise en route de la procédure.

Élever plutôt qu’abattre

Alors que la gauche wokiste cherche à déboulonner, taguer, décapiter les statues qui ont fait notre Histoire - saint Michel aux Sables-d’Olonne, Gallieni à Paris, Napoléon à Rouen… -, cet exemple de Poitiers est la preuve, parmi tant d’autres, qu’une partie de la jeunesse refuse d’abandonner son Histoire, ses traditions catholiques. Pendant que certains dénoncent et détruisent, d’autres célèbrent leurs monuments, plus soucieux d’élever que d’abattre.

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