Philippe Vardon : « La situation dans certains quartiers de Nice est critique, les médecins de nuit sont escortés par la police »
Il y a quelques jours, une femme médecin a été rouée de coups, après une intervention SOS Médecins dans le quartier sensible des Moulins, à Nice (Alpes-Maritimes).
Pour Boulevard Voltaire, Philippe Vardon, candidat aux municipales à Nice, qui a grandi dans ce quartier, fait le point sur l'échec de la politique de la ville menée par Christian Estrosi. Il déplore une insécurité grandissante dans sa ville avec des quartiers où règnent « les caïds du trafic de drogue et les imams islamistes ».
Hier, les médecins ont manifesté. Quelques jours auparavant une femme médecin a été agressée à Nice alors qu’elle se rendait auprès d’un patient. Observez-vous à Nice cette insécurité qui touche les médecins ?
Cette insécurité est illustrée à travers cette jeune femme médecin. Elle a été agressée dans le quartier des Moulins à Nice. Je connais bien ce quartier puisque j’y ai grandi. Les médecins qui interviennent dans ces quartiers sont confrontés à cette insécurité. La situation y est particulièrement critique puisqu’on a annoncé hier que les médecins qui se rendent dans ce quartier, où règnent l’insécurité et les trafics de drogue, pourront désormais, s’ils le souhaitent, être escortés par la police. La police elle-même est régulièrement attaquée et caillassée dans ce genre de quartiers.
Aujourd’hui, ce sont les médecins qui vont être escortés par la police. Demain, la police sera escortée par les gendarmes. Ensuite, les gendarmes seront escortés par l’armée. On ne fait que poser de petites mesurettes là où il faudrait s’attaquer à la racine du problème, c’est-à-dire l’insécurité qui gangrène ces quartiers.
Ces quartiers s’appellent pudiquement "en phase de reconquête républicaine". À Nice, sentez-vous que l’insécurité s’élargit ou au contraire est-elle circonscrite à des zones bien précises ?
À Nice, 40 % des délits et des crimes sont commis dans le centre-ville. En réalité, l’insécurité n’est pas circonscrite à ces quartiers. Beaucoup de zones sensibles sont en plein cœur de Nice. C’est d’ailleurs le cas dans beaucoup de villes du Sud aujourd’hui comme Nice, Marseille et Toulon.
Vendredi, cette jeune femme médecin a été agressée dans le quartier des Moulins. Samedi, des émeutes ont eu lieu dans le quartier de l’Ariane à l’occasion du tournage sauvage d’un clip de rap. Dimanche, une personne a été poignardée en plein cœur de Nice à proximité de l’avenue Jean Médecin. C’est uniquement le bilan de la fin de la semaine dernière.
Lorsqu’il a été élu, Christian Estrosi nous avait expliqué que Nice deviendrait la vitrine de la sécurité. En réalité, Nice est la vitrine de l’insécurité.
En 2016, le magazine municipal de la ville titrait « Les Moulins, un quartier d'avenir ». Estrosi décrivait un futur idyllique et écrivait que le quartier serait au cœur de la révolution de la Nice du XXIe siècle. Voilà ce qu’est la Nice du XXIe siècle qu’Estrosi est en train de nous construire. Il a déployé toute sa politique de clientélisme communautaire dans ce quartier des Moulins. On a déversé 215 millions d’euros pour la rénovation urbaine. Malheureusement, règnent aujourd’hui pour une part, les caïds de trafic de drogues et pour l’autre part, les imams islamistes. Voilà la réalité de la politique menée dans les quartiers par la municipalité Estrosi.
Éric Ciotti a annoncé dans les colonnes du Figaro qu’il ne se présentera pas pour conquérir la mairie de Nice. Comment accueillez-vous cette sortie de course ?
J’ai toujours eu le sentiment qu’il ne se présenterait pas. Peut-être parce que je connais trop à la fois Christian Estrosi et Éric Ciotti. Il ne m’appartient pas de commenter une décision manifestement interne au parti Les Républicains. Cela a été décidé dans le bureau de Christian Jacob en présence de François Baroin. C’est ainsi qu’Éric Ciotti s’est couché, pour dire les choses un peu trivialement. C’est la vérité.
On constate que de l’UMP à LR, de Sarkozy à Éric Ciotti et du plan national au plan local, ces gens ne semblent vouer qu’à décevoir les espoirs que certains Français et Niçois mettent parfois et malencontreusement en eux. Pour autant, toutes les critiques dures, mais réelles formulées par Éric Ciotti à l’encontre du bilan de la municipalité Estrosi sont toujours vraies, contrairement à ce qu’il dit dans ses entretiens.
Oui, il y a un vrai problème de bétonisation dans la plaine du Var.
Oui, il y a un vrai problème d’insécurité dans notre ville qu’on a largement évoqué auparavant.
Oui, l’explosion du nombre de centres commerciaux et leur développement anarchique sont en train de tuer le commerce de proximité.
Oui, il y a une surfiscalité dans notre ville. Entre 2008 et 2018, sous la mandature Estrosi, la ville de Nice a augmenté sa taxe foncière de 52,2 %. C’est la plus grande augmentation des grandes villes françaises.
C’est sur tous ces sujets que nous allons nous battre dans cette campagne municipale, où désormais, nous sommes aux yeux de tous la seule alternative possible au système Estrosi.
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