Petite leçon d’orthographe à l’usage d’Emmanuel Macron

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Ayant eu la curiosité de lire, sans maligne intention, le discours d’Emmanuel Macron à la cérémonie de naturalisation du 27 juillet, j’ai été frappé par les fautes d’orthographe et de langue dont il est parsemé. Des fautes qu’un élève, passant naguère l’examen d’entrée en sixième, n’aurait pas commises, sous peine d’être sanctionné d’un 0 à la dictée.

Sans doute n’est-ce pas le Président lui-même qui a retranscrit son discours, mais n’est-il pas du devoir de Jupiter, à défaut de le relire lui-même, de s’entourer de personnes compétentes pour cette tâche ? Je me suis amusé à relever ces fautes, qui ne sont pas dues à de l’inadvertance, mais à un manque de maîtrise de la langue française. En voici quelques exemples : nos lecteurs rectifieront d’eux-mêmes.

Les fautes d’accord sont les plus nombreuses, notamment l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, une règle grammaticale pourtant classique : "Nous avons rejoint cette belle cérémonie qui vous a réuni (sic) aujourd'hui ici" ou encore "La France vous a choisi (sic) pour faire partie d’elle". Sans oublier l’accord du verbe avec son sujet : "L’usage républicain veut qu’en ce moment solennel vous soit rappelé (sic) les droits et devoirs" ou "Des délais beaucoup trop longs, qui fait (sic) que".

Les fautes de français ne manquent pas à l’appel : "Des femmes et des hommes pour les uns et les autres demandeurs d’asile, pour les autres en procédure et en train d’être intégrés". Les confusions de mots : "Vous devenez aussi par la même (sic) pour ceux qui ne le sont pas déjà, des citoyens européens" ou "qui parfois construisent des murs, d'autrefois (sic) conduisent à des actes d’une violence inadmissible sur notre territoire".

La ponctuation est parfois défaillante ou incohérente : "les uns avec des discours généreux mais, qui n'expliquent pas aux autres comment on intégrera" ou "c’est aussi porter la France, chaque jour un peu ou beaucoup, par l’exemple par ce que l’on donne". Un petit signe de ponctuation peut pourtant sauver une vie : "Et si on mangeait, Brigitte ?" n’a pas le même sens que "Et si on mangeait Brigitte ?"

Vous me direz que l’Élysée n’a pas le privilège exclusif des fautes de langue. Elles sont courantes dans les médias ou sur les bandeaux d’information en continu. Je me souviens d’avoir vu Jean-Claude Mailly affublé du titre de "secrétaire générale de FO". En plein débat sur la théorie du genre, c’était pour le moins ambigu.

Si, d’aventure, cet article parvenait jusqu’à Jupiter, qu’il n’aille pas imaginer que je veuille le ridiculiser. Je veux simplement lui rendre service. Les fautes de langue, il n’est pas le seul à en laisser passer. Mais, alors que les entreprises organisent, en cas de besoin, des séances de formation pour leurs cadres, ne conviendrait-il pas qu’il fît de même pour ses collaborateurs ?

Et si l’exemple des entreprises ne le convainc pas – ce qui serait étonnant –, qu’il relise les Paradoxes des stoïciens de Cicéron, ouvrage qu’il a certainement étudié en hypokhâgne ou en khâgne. Il y apprendra que toutes les fautes, petites ou grandes, ont la même valeur : "Quelle que soit la faute, elle est commise dans le trouble de la raison et de l’ordre ; mais une fois que la raison et l’ordre sont troublés, on ne peut rien ajouter qui pourrait accroître la gravité de la faute." Il pourrait d’ailleurs appliquer aussi cette maxime à sa politique.

Quand on se prétend Jupiter, on se doit d’être exemplaire…

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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