Le nombre de chrétiens persécutés dans le monde augmente. Chaque jour, treize sont assassinés pour l’unique raison de leur foi.

Selon l’Index mondial de la Fédération protestante de France sur le sujet, publié ce 12 janvier, leur nombre annuel a augmenté de 60 %, en 2020, pour atteindre 4.761 victimes. Neuf sur dix l’ont été sur le continent africain. Le Nigeria détient le lugubre record mondial de 3.520 chrétiens tués en une année, loin devant la République démocratique du Congo (460), le Mozambique (100), le Cameroun (53), le Burkina Faso (38) et la Centrafrique (38).

On a déjà eu l’occasion de signaler ici l’extension récente d’un corridor djihadiste de la mort le long d’une bande territoriale continue de deux mille kilomètres. Elle relie le Mali au Cameroun en passant par le Nigeria. On en a également souligné des causes rarement évoquées dans les médias - jamais dans les sommets internationaux de l’inutilité politique - qui relèvent de la mauvaise gouvernance publique et de la criminalité économique, meilleures alliées du terrorisme. Par ailleurs, les zones rurales, abandonnées à leur sort, deviennent de vastes sanctuaires terroristes.

C’est ainsi que la zone d’influence islamiste au nord-est du pays a opéré sa jonction territoriale avec le nord-ouest, pour se prolonger vers le Sahel. Cette zone d’occupation territoriale au nord fait maintenant pression vers le sud majoritairement chrétien, le long de l’axe routier principal qui mène à Abuja, capitale politique. La ville-carrefour de Kano était, jusqu’il y a peu, la limite nord d’accès « raisonnable » pour un non-musulman ; c’est désormais Kaduna, 250 km plus au sud, qui marque la limite, désormais à moins de 200 km d’Abuja. C’est dans cet État qu’une vingtaine de chrétiens ont été assassinés par des tribus musulmanes, peu avant Noël dernier.

Le Nigeria ne devrait pas perdre sa première place dans un avenir proche au tableau des persécutions antichrétiennes, faute de réelle volonté politique et à cause d’une organisation centralisée-décentralisée confuse. Trente-six États partagent – ou plutôt disputent – leur souveraineté avec un gouvernement fédéral corrompu. Si de nombreux pays africains souffrent de nanisme économique, le Nigeria, grand comme une France et demie, est la première économie africaine, mais étouffe, avec deux cent quatorze millions d’habitants. En découle une pression foncière insupportable, qui sert souvent de prétexte à des exactions de populations semi-nomades musulmanes contre les boucs émissaires chrétiens, sédentaires.

Ces exactions se sont multipliées, ces derniers mois, avec des enlèvements à but crapuleux qui finissent rarement aussi bien que pour l’évêque auxiliaire d’Owerri, relâché le 1er janvier après une semaine de détention. Les chrétiens sont régulièrement victimes de rapts et d’assassinats au Nigeria, causant officiellement 2.200 morts en 2020.

Associons à ce martyrologe chrétien les nombreux musulmans également victimes de leurs coreligionnaires pour motif de tiédeur religieuse. Car ces fous d’Allah, inspirés par la secte islamique radicale des ḥašašyīn, née au XIe siècle et qui a donné le mot « assassin », estiment que la charia ne supporte pas de demi-mesure et décident lâchement de la mort d’autrui par peur de l’affronter seuls.

C’est donc un islamisme pauvrement doctrinaire, largement identitaire et toujours crapuleux qui se développe au Nigeria et dans le Sahel, par des sectes aux « doctrines » incompatibles entre elles, souvent teintées de traditions animistes, associées opportunément dans la terreur par intérêt face à un ennemi commun – la religion chrétienne et la modernité. Rivales, elles n’ont aucun avenir commun stable.

Rappelons, enfin, que la France contribue à ce macabre bilan international par les martyrs chrétiens français assassinés dans son espace public ou dans ses églises, par des islamistes conquérants – et pas seulement « dissidents », comme le murmure le champion présidentiel du compromis. La France doit participer à la résistance en réglant le problème sur son propre territoire et en mettant la pression sur les gouvernements africains concernés. Ce n’est pas dans une boîte de nuit de Lagos, où Macron a fait une opération de communication au son de l’afrobeat, en juillet 2018, lors d’un passage bref et inutile au Nigeria, que ces sujets se discutent.

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14 janvier 2021 à 10:56

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