Pauvre ambassadrice des pôles, à qui l’Assemblée nationale veut demander des comptes !

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Pauvre Ségolène Royal ! Le père Noël ne lui a pas fait de cadeau ! Ou, plutôt, il lui en a laissé un qui mettra à l'épreuve sa légendaire « bravitude ». La presse nous apprend les déboires de l'ancien ministre de l'Environnement, nommé par Emmanuel Macron, le 28 juillet 2017, « ambassadrice de France chargée de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique ». De quoi attraper un coup de froid ! Mais notre ambassadrice serait restée bien au chaud pour organiser sa propre publicité.

Ségolène Royal va donc être convoquée pour s'expliquer sur l'utilisation des moyens financiers liés à sa fonction, à l'initiative du député UDI Christophe Naegelen, coresponsable du groupe de travail de l’Assemblée sur les pôles et de son collègue macroniste Éric Girardin. « Nous demandons qu'elle soit en parallèle auditionnée par la commission des Affaires étrangères », a précisé Jean-Christophe Lagarde à l'AFP. Selon M. Naegelen, cité par Le Figaro, les députés veulent entendre sa version sur « son absence à l'ensemble des réunions officielles au Conseil de l'Arctique qui se sont tenues depuis sa nomination » et « ses interventions médiatiques quasiment hebdomadaires sur la politique nationale ».

Déjà, en novembre, Radio France avait critiqué son bilan, l'accusant de se servir de sa fonction à des fins personnelles. Si elle n'est pas rémunérée, elle disposerait, en revanche, d'une enveloppe de 100.000 euros pour ses frais de mission et de trois collaborateurs payés par le ministère des Affaires étrangères. « Je ne vais pas aux réunions qui ne sont pas utiles, parce que ça coûte cher, parce qu’il y a un bilan carbone », s'était justifiée, sur RMC, l'intéressée, qui ne comprend pas cet acharnement. À moins que ces « insinuations calomnieuses », comme elle les appelle, n'aient pour objectif de la déconsidérer pour une éventuelle candidature à la présidence de la République ?

Ségolène Royal avait dénoncé ces attaques lancées contre elle, « comme par hasard au moment où [elle] apparaît dans les sondages la mieux placée pour relever le défi de la gauche à l’élection présidentielle » de 2022. Ce serait donc un complot politique ! Pauvre Ségolène ! Elle a pourtant toutes les qualités pour affronter Macron, qui l'a dédaignée en ne lui accordant pas un poste ministériel. Ambassadrice des pôles, c'était purement honorifique, un hochet pour l'empêcher de s'occuper de choses plus sérieuses ! Mais on ne dupe pas celle qui se croit investie d'une mission rédemptrice pour la France. « C'est peut-être le moment des femmes », confie-t-elle, ne doutant pas qu'elle ne fera qu'une bouchée de Marine Le Pen.

Ah, notre Ségolène, Don Quichotte des temps modernes ! On voulait la reléguer au pôle Nord ou au pôle Sud, mais elle a des ambitions plus nobles. Elle se voit en ange salvateur, débarrassant la France de ce démon de Macron, ou peut-être en Jeanne d'Arc ! Soyez indulgents avec elle. À supposer qu'elle ait commis quelques indélicatesses, ce ne serait ni la première ni la dernière. Si jamais vous la croisez, chantez-lui, pour la consoler, cette parodie de la chanson de Jacques Brel : « Ce soir j'attends Ségolène. »

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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