Parlons bio, parlons vrai

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Sans tabou ni entrave morale ou religieuse, la nature est d’une imagination extraordinaire pour arriver à ses fins : l’émergence de la vie. Aussi accueille-t-elle tous les modes de reproduction possibles. Se reproduire sans mâle, c’est possible chez des espèces, dont celle du lézard dite « à queue de fouet » où l’on observe un comportement d’accouplement mimétique : la femelle monte sur l’autre femelle qui pond. Sauf que cette parthénogénèse est, à long terme, pour l’espèce, risquée. Pour qu’une espèce subsiste, en effet, il faut une variabilité génétique. Dans la reproduction humaine, en revanche, pas de lézard : elle se fait par accouplement du mâle et de la femelle.

La matinale de LCI, le 27 juillet, réunissait Laurence Vanceunebrock-Mialon, députée LREM, et Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour Tous. Celle-ci posa cette question à la députée : « Mais, Madame, comment est conçu un enfant ? » « Eh bien dit la députée, il y a diverses solutions : quand on est en couple hétérosexuel, c’est sous la couette, ou dans une éprouvette. » Ludovine de La Rochère revient à la charge : « Mais Madame, comment se fait un enfant ? À partir d’un homme et d’une femme, de gamètes mâles et femelles ! » Et la députée de détourner la question sur « la souffrance des femmes » qui attendent depuis des années leur enfant, évoquant « un changement de civilisation ».

Dans le novlangue orwellien, le temps n’est plus à l'« homophobie » mais aux mantras : « la société a changé », avec la variante « on a changé de civilisation ». Dans le domaine, médical et politique, « la doctrine a changé ». Avec « la majorité des Français est pour la PMA » et « les Français ont évolué sur le sujet », le compte y est. Des expressions font leur entrée pour évacuer « toute problématique » : la PMA « touche à l’intime ». Alors, parlons vrai, parlons bio. Une PMA pour couples de femmes ou de femme seule ? Avant d’envisager une ROPA, c’est une insémination, avec du sperme, obtenu par masturbation d’un tiers donneur anonyme dans un laboratoire. Cette pratique n’est, en aucun cas, un changement de civilisation. Elle ouvre sur une filiation bricolée et un abus de droit.

Alors qu’on pétitionne pour nos statues déboulonnées, on s’étonnera qu’aucun manifeste, émanant des 67 millions de consommateurs français, n’ait dénoncé une injustice qui touche à notre patrimoine charnel. Le parcours de combattant imposé à l'enfant pour retrouver son père, l’histoire médiatisée des Kermalvezen en témoignent pourtant clairement ! Le temps n’est plus à l’intimidation par la condescendance : Mme de La Rochère, hier, méritait une grande considération.

Mesurons-nous le cynisme de la loi ? Non seulement on prive un enfant de père, mais on lui « permet » d’avoir accès à ses origines, à l’âge de 18 ans, si le donneur le veut ! Quelles chambres, haute et basse, dans notre France, se sont-elles jamais permis pareil abus de droit ?

Et les Français, mesurant, en ce moment, le carré de sable qui leur est octroyé, se désintéresseraient de cette loi ! Si c’était vrai, Monsieur le Président, je répugnerais à « régner sur des bêtes », comme le dit si bien Antigone à Créon dans la pièce d’Anouilh.

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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