Parcoursup est-il un fiasco ?

Les étudiants ont découvert, mardi soir, les résultats de Parcoursup et les oreilles de Mme Vidal, ministre de l’Enseignement universitaire (et celles de M. Macron) ont dû siffler, car les commentaires négatifs (voire très négatifs) des lycéens et de leurs parents fleurissent sur les réseaux sociaux.

810.000 étudiants ont participé à Parcoursup, 436.000 ont eu un « oui », mais dans beaucoup de cas dans une filière qui ne les intéresse guère (voire pas du tout), car il ne s’agit que d’un vœu de secours. Peut-être ne sont-ils que 250.000 (Moins ? Plus ?) à être réellement satisfaits. 345.000 ont des « oui en attente » et 29.000 (3,6 %) n’ont eu que des « non », car ils n’ont postulé que dans des filières sélectives. Ce cas ne se présentait pas en 2017, car les candidats devaient mettre dans leurs vœux une formation universitaire (qui les acceptait tous en théorie). Les lycéens n’ont souvent aucune indication sur leurs chances d’être pris dans la faculté de leur choix, car, certes, ils ont leur place sur la liste d’attente, mais comme c’est la première année de la sélection à l’université, ils ne connaissent pas le rang du dernier reçu en 2017, comme dans les filières sélectives, même si ce critère est à prendre avec une marge de 20 % (J’ai enseigné 30 ans en maths sup et je sais combien ce dernier rang fluctue d’une année sur l’autre). En 2019, avec le recul, les lycéens pourront mieux évaluer leurs chances d’être acceptés dans la formation qu’ils visent, mais en 2018, ils sont dans le noir.

Nous avons donc 500.000 étudiants et leurs familles qui sont stressés et beaucoup sont en colère. Bien sûr, des places vont se libérer au fil de l’eau, mais quand ? En 2017, 80 % des lycéens connaissaient leur future affectation le 2 juin et pouvaient se concentrer sur le bac. Leurs parents réservaient leur logement en juin et organisaient la vie future de leur enfant. En 2018, ils devront souvent attendre début juillet. Et combien au final n’auront rien, car un certain nombre d’universités (pas la majorité mais un pourcentage important) ont restreint le nombre de places proposées ou écarté des candidats tournant autour de la moyenne avec un « oui si ». Le candidat qui reçoit une telle réponse devra suivre une remise à niveau ou faire la licence en quatre ans au lieu de trois. Pour finir, nous risquons d’avoir 150.000 lycéens sans aucune proposition acceptable à leurs yeux. Des commissions rectorales s’efforceront de les caser, mais les universités les accepteront-ils ? Certaines feront de la résistance. En juillet 2017 seulement 40.000 n’avaient pas d’affectation principalement en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) et en droit.

Parcoursup est donc ressenti par beaucoup de candidats comme un fiasco (ce qui est faux. La procédure fonctionne quand même) Ce nouveau dispositif est issu d'une décision idéologique, qui suit la logique macronnienne, alors qu’une réforme d’APB (admission post-ba) intégrant les points positifs de Parcoursup (sélection en STAPS et en droit, fin du tirage au sort, information sur le rang sur la liste d’attente) aurait été infiniment préférable.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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