On commémore aujourd’hui la mort de Louis XVII. À 10 ans et en prison

LOUIS XVII

On commémore, aujourd’hui, la mort de Louis XVII, l’enfant royal victime, dans sa prison, d’une maltraitance quotidienne qui a fini par le faire mourir. J’avoue n’avoir pas eu le courage de lire le roman de Françoise Chandernagor, La Chambre, parce que j’ai eu peur de devoir y supporter une intensité insoutenable, venant d’elle, que le regretté Vladimir Volkoff considérait comme la meilleure parmi les romanciers contemporains.

Quand je dis que l’on « commémore » aujourd’hui, ce n’est rien moins qu’officiel : la République française, si prompte à exiger des États étrangers qu’ils désavouent leurs crimes anciens, ne dira jamais un mot de Louis XVII, ni des Vendéens dont, à la Convention - autrement dit à l’Assemblée -, elle a démocratiquement voté la motion ordonnant leur anéantissement.

Ce sont les Vendéens, justement, qui ont été les premiers à appeler le dauphin « Louis XVII ». Insurgés contre la République, il fallait qu’ils expriment sur leurs drapeaux une autre fidélité à laquelle ils puissent donner un nom. Pas de philosophie politique, mais un nom à crier : "Vive Louis XVII !" Montant sur le trône, le comte de Provence s’est donc fait appeler Louis XVIII. Il y a quelque chose qui me gêne dans ce qui est devenu, depuis, une habitude dans notre dynastie renversée : y a-t-il un sens à donner des numéros à des princes qui n’ont jamais régné ? Trop de royalistes, aujourd’hui, se complaisent dans les appellations « untel, roi de jure »… Cela entretient un déni de réalité : la puissance souveraine, qu’elle soit monarchique ou républicaine, demeure souveraine dans son principe, lequel s’inscrit dans la continuité. Ce qui était admissible venant du comte de Chambord « Henri V », né aux Tuileries sous Louis XVIII et si près de retrouver son trône, l’est plus difficilement aujourd’hui, à moins que l’on ne confonde poésie et politique : je n’ai pas besoin de rappeler, ici, mon attachement à la poésie, mais il y a un domaine réservé à chaque chose.

À ce propos, on sait qu’il existe également chez quelques-uns une croyance en la survivance puis une descendance de Louis XVII. Il entre peut-être dans cette croyance un espoir d’atténuer un peu la gravité du crime commis sur la famille royale : si le roi Louis XVI avait des descendants pour le perpétuer en quelque façon, la faute serait moins complète. Peu importe, d’ailleurs, cette approche psychologique : s’il est déjà difficile d’imaginer rasseoir un prince actuel sur le trône des lis, quand l’Histoire n’offre aucun exemple de restauration d’une dynastie après une si longue absence, comment saurait-on convertir un survivantisme en une politique ? Car en dépit du fait que j’aie dû sortir, il y a dix ans, de l’impasse dans laquelle m’engageait mon combat royaliste, je persiste à penser que le royalisme, aujourd’hui, n’est pas une fidélité mais une politique. C’est, d’ailleurs, ce qui m’aliénait naguère ceux qui, parmi les royalistes, se contentaient de commémorations en partageant une galette le 21 janvier.

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