On avait dit pas le physique : lorsqu’un député macroniste s’en prend à Esther Benbassa

Benbassa

Mais ils ne s’arrêtent donc jamais ? Même le jour de Noël ? Là, je me disais, aujourd’hui, c’est la trêve de Noël : ils vont nous laisser en paix, s’occuper à déballer leurs cadeaux au pied du sapin. Eh non ! V’là ti pas qu’une figure, forcément montante, de la Macronie met cent balles dans le nourrain de la twittosphère. Le nom de cette épée : Joachim Son-Forget, député LREM des Français de Suisse et du Liechtenstein.

Récemment, il a fait parler de lui par deux fois. La première en présentant sa candidature pour prendre la tête du parti présidentiel. Les militants avait préféré une autre tête de gondole en la personne de Stanislas Guerini. La seconde en insultant Donald Trump de manière, il faut bien le dire, assez vulgaire et peu conforme à l’image de gens soi-disant bien élevés que seraient les marcheurs.

Cette fois-ci, le docteur (il est radiologue) Son-Forget s’en est pris à la sénatrice EELV Esther Benbassa. Qu’est-ce que c’est, encore, cette histoire dont, il faut bien l’avouer, tout le monde doit se contrefoutre comme de ses premiers souliers déposés au pied du sapin ?

L’affaire remonte au 22 décembre, il y a trois jours, il y a une éternité. Le Monde rapporte les propos de Brigitte Macron au sujet des gilets jaunes : "Je connais cette violence et cette vulgarité, ce sont les mêmes qui étaient déposées dans la boîte aux lettres de mes parents, lorsque j’ai rencontré Emmanuel." Traduire : les gilets jaunes sont violents et vulgaires. C’est, en tout, cas comme cela que Mme Benbassa a traduit la chose. Et de tweeter le jour même : "Brigitte Macron déplore la violence et la vulgarité des gilets jaunes. Ce n’est pas violent, la pauvreté ? Et elle n’est pas vulgaire, l’arrogance aux dents blanches des riches et des puissants ?" Ça se discute effectivement. Et c’est là qu’intervient notre valet de comédie, notre spadassin de la Macronie, prêt à en découdre pour sa reine, estimant que la sénatrice avait détourné un article "partial et à charge". Et, donc, tweet de contre-batterie : "Avec le pot de maquillage Esther Benbassa que vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vous tentez maladroitement de caricaturer. Vous le sentez l’amalgame violent maintenant ?" Au total, c’est cinquante tweets que le député aurait balancé en une heure et demie, partageant des photos de la sénatrice bien connue pour ses cheveux colorés.

Esther Benbassa, qui ne manque pas d’humour et qui n’est plus une gamine, a alors contre-attaqué : "Il y a à l’AN un député LREM obscur & inactif. Le pire c’est les soirs de réveillon. Là, pour tromper son oisiveté, c’est + fort que lui, il m’insulte sur mon physique & me harcèle. 50 twits en 97 mn. Gilles Le Gendre doit d’urgence lui trouver une occupation pour le 31."

On peut penser ce que l’on veut de Mme Benbassa. Que la couleur de ses cheveux a dû surprendre au début dans les couloirs du Sénat. Que lors du vote de la loi sur le mariage homosexuel, elle fut un redoutable défenseur du projet de loi. Qu'elle est aussi une ardente « immigrationniste » (pour faire court) : on l’avait vue à la frontière franco-italienne prendre la défense des migrants entrant illégalement sur le territoire national. Que durant les auditions de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, elle posa parfois des questions embarrassantes. Mais si, pour défendre leur idole, les petits soldats de La République en marche ne trouvent plus, comme arguments, que l’attaque sur le physique de l’adversaire, tout d’un coup, on a envie de défendre Mme Benbassa. Cela doit être ça, l’esprit et la magie de Noël !

Sauf erreur de notre part, pas de réaction, à cette heure, du côté de Marlène Schiappa...

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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