Nouveau blocage à la Sorbonne : quand la minorité fait sa loi

blocage Sorbonne

La Sorbonne, grande victime de la vie politique française ? C’est, en tout cas, ce que porte à croire le traitement réservé à la célèbre université, qui enchaîne les blocages, année après année, au gré des revendications sociales de ses étudiants.

En 2018, des blocus étaient votés pour protester contre la loi relative à l’orientation et la réussite des étudiants (ORE). Le président de l’université Panthéon-Sorbonne avait demandé à la préfecture de Paris de lever les blocages, sollicitation qui était demeurée sans réponse. En janvier 2020, des blocages étaient mis en place pour protester contre la tenue des partiels en période de grèves. En avril 2022, la Sorbonne et Sciences Po étaient occupées par les étudiants qui contestaient les résultats du premier tour de la présidentielle. Le blocus de ce mercredi 12 avril n’est donc que la suite logique de ce large mouvement contestataire avec, cette fois, pour revendication le retrait de la réforme des retraites. « C’est encore une fois une minorité qui agit, tandis que la majorité subit en silence », déplore Antoine, étudiant en lettres classiques à la Sorbonne. « J’ai eu l’occasion de discuter avec les bloqueurs, c’était un véritable dialogue de sourds, poursuit l’étudiant. Ils prétendent qu’il n’y a pas de problème des retraites et que, même s’il y en a un, il se résorbera tout seul. On se demande bien comment. » Albane, étudiante en master d’histoire, abonde : « Lorsque je suis arrivée devant la Sorbonne, ils étaient une vingtaine à bloquer l’entrée. On était nombreux à vouloir rentrer, mais personne n’osait trop rien dire. »

De blocages, il n’y en a eu que deux, cette année. Les 6 et 12 avril. Un mouvement minime, dû à la stratégie d’anticipation du rectorat. Désormais, les étudiants n’ont plus besoin de bloquer, car la faculté ferme d’elle-même. « Il y a des mouvements une semaine sur deux dans le Quartier latin. Dès que le rectorat en a vent, il ferme systématiquement. Cela évite les blocages », explique Antoine. L’étudiant explique cette frilosité notamment par l’étendue des dégâts constatés à la Sorbonne lors des blocages du second tour de la présidentielle. Plusieurs fois cette année, les étudiants ont ainsi vu leurs cours se terminer bien avant l’heure prévue, par décision soudaine de l’université. « Un jour, nous avions un devoir de latin de 11 h à 13 h. À midi, nous avons dû évacuer les lieux car la Sorbonne avait décidé de fermer. Nous avons dû terminer l’exercice assis par terre, place de la Sorbonne », témoigne Antoine. De son côté, Albane raconte avoir dû faire un exposé sous un kiosque au jardin du Luxembourg situé à proximité, car les bâtiments étaient inaccessibles.

Au-delà de l’impossibilité, pour les professeurs, d’exercer leur métier sereinement et, pour les étudiants, de mener à bien leurs études, le chaos qui règne à la Sorbonne a des répercussions bien plus larges. Antoine rapporte ainsi qu’une conférence donnée par un professeur d’Oxford a dû se terminer à 18 heures au lieu de 20 heures, toujours en raison d’une fermeture préventive des bâtiments. « On fait venir un professeur de l’étranger et il se voit empêché de parler à cause des mouvements sociaux », déplore le jeune garçon, qui fait part de la honte que lui procure l’événement.

Pour couronner le tout, il est fort probable que ces bloqueurs ne soient même pas étudiants à la Sorbonne. Depuis les mesures préventives prises par les universités, les contestataires cherchent un moyen de bloquer des bâtiments, quels qu’ils soient, et se donnent rendez-vous pour bloquer le lieu symbolique du savoir : la Sorbonne. « Je pense que ce sont simplement des militants d’ultra-gauche, analyse Albane. Ils sont jeunes, entre 20 et 25 ans, et veulent faire entendre leur voix, d’une manière ou d’une autre. »

Cela fait maintenant bien des années que la Sorbonne a perdu de sa superbe, tant par les cours gangrenés par le wokisme que par l’anarchie imposée par une minorité d’activistes. Le rayonnement international de cette université, qui accueillit jadis dans ses murs de grands noms, dont saint Thomas d’Aquin, semble en phase terminale, à l’image de la plupart des institutions françaises…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 13/04/2023 à 18:24.
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Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Il serait temps que le gouvernement frappe un grand coup dans cette fourmlière d’ incapables ,qui hurlent leur haine de la société dans laquelle ils ne se sentent pas à l’ aise et laissent ainsi travailler ceux qui veulent réussir !
    Assez de ce laxisme mortifère qui tue notre civilisation ancestrale !

  2. Quand je pense qu’ en 1957 la Sorbonne était une des plus prestigieuses facultés,qu’ il fallait passer une année de Propédeutique ,après les bacs ,pour entrer dans la filière des Lettres et que 5 fautes d’ orthographe au bac vous recalaient!
    Comment en est-on arrivé à cette décadence?

  3. J’entends encore ma grand-mère s’exclamer : « Qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter ça ? » La Sorbonne, l’une des fiertés de notre pays, du monde chrétien peut-être, du monde entier peut-être. Créée en 1257, il y a donc plus de 7 siècles, cette Université a fait rayonner la France dans le domaine de la connaissance de très haut niveau. Et ce, depuis sa création. Et aujourd’hui un tas de morveux qui savent à peine lire l’ont prise en otage et y font régner leurs lois débiles. Un jour, un ex-président (par charité chrétienne, je ne citerai pas son nom) a crié qu’il allait « passer les banlieues au karcher ». Très mauvaise pub pour les nettoyeurs haute pression de cette marque (j’en ai un et ça marche pourtant très bien), mais dans la cas de la Sorbonne il semblerait qu’un grand coup de karcher s’impose. Qui aura ce courage ?

  4. Certes, ça ne tournait pas bien avant, mais la macronie a œuvré volontairement à son extinction finale sans passer par la case « soins palliatifs ».
    Un jour ou l’autre, il faudra bien rendre des comptes et payer cher et au comptant une idéologie qui nous a menés là où nous en sommes…

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