Non, Gabriel Attal n’est pas le plus jeune Premier ministre de notre Histoire !

PRINCE DE CONDE

Si tout le monde s’exalte devant la nomination de Gabriel Attal comme le plus jeune Premier ministre de la République - certains ont même dit de l'Histoire de France -, on oublie cependant que l’Histoire de France ne se limite pas au régime républicain. Ainsi, si l'on parcourt notre chronologie et que l’on revient à l’Ancien Régime, nous pouvons trouver le seul et vrai plus jeune Premier ministre de la France : Louis IV Henri de Bourbon, septième prince de Condé.

C’est le 18 août 1692 que le jeune Louis vit le jour au sein de la majestueuse demeure royale des souverains Bourbons : le château de Versailles, un palais tout à la mesure du rang et du sang du nouveau-né. En effet, ce jeune garçon a de qui tenir. Fils de la maison de Condé, il compte parmi ses ancêtres un grand personnage de l’Histoire de France : le Grand Condé. Cet arrière-grand-père s’était illustré lors de la bataille de Rocroi en 1643 contre l’Espagne avant de se retourner contre Mazarin lors de la Fronde des princes. Le futur Louis IV de Bourbon profite aussi d’une prestigieuse ascendance du côté de sa mère, Louise de Bourbon, surnommée « Mademoiselle de Nantes », qui n’est autre que l’une des filles légitimées de Louis XIV, issue de sa relation avec Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan.

À la mort du Roi-Soleil en 1715, le testament du défunt monarque garantit au prince de Condé une place au Conseil de régence afin d’aider le duc d’Orléans à gouverner le royaume de France jusqu’à la majorité du jeune Louis XV. Ce dernier, devenu pleinement roi en 1723, accepte la demande du duc de Bourbon d’être choisi comme Premier ministre de France. Cette nomination fait ainsi de notre principal intéressé, alors âgé de 31 ans, la plus jeune personne à recevoir une telle charge. Malheureusement, la jeunesse ne fait ni le talent ni la réussite. Ainsi, certains regrettent une telle situation, comme le cardinal de Bernis qui commente, dans ses mémoires : « Si la probité et les bonnes intentions avaient suffi pour remplir ce poste important, M. le Duc aurait pu espérer d’y réussir : mais les grands talents lui manquaient, et souvent les bons conseils. »

Soumis à l’influence de sa maîtresse, Madame de Prie, le septième prince de Condé préfère profiter de son immense richesse pour mener grand train en son château de Chantilly. Il y invite régulièrement le jeune roi Louis XV à venir chasser dans l’espoir de rester dans ses bonnes grâces. Néanmoins, Louis IV, surnommé le Cyclope en raison d’une blessure à l’œil l’ayant éborgné, ne se détourne pas entièrement des affaires politiques, et notamment celle de la succession. En effet, Louis XV doit impérativement se marier afin de donner un héritier à la France pour que la dynastie des Bourbons puisse se perpétuer, mais aussi pour ainsi évincer la maison d’Orléans de toute prétention au trône. Commence alors une chasse particulière, une chasse à celle qui sera la future reine de France. Une liste des princesses d’Europe est dressée et compte alors plus d’une centaine de noms. On décide d’évincer les prétendantes trop âgées, trop jeunes (dont la jeune infante d’Espagne née en 1718, promise à Louis XV et résidant à Versailles depuis 1721) et celles qui ne sont pas catholiques. En fin de compte, il ne reste plus qu’un seul choix possible : la fille du roi de Pologne en exil, la douce Marie Leszczyńska.

Malheureusement pour le prince de Condé, ce bon service rendu à la couronne de France n’empêche pas son impopularité et son incapacité à régler le déficit de l’État en raison de la banqueroute due à l’échec du système de Law. Louis de Bourbon finit même par perdre les grâces du roi, qui le déchoit de son poste de Premier ministre d’État en juin 1726 et l’exile en son domaine de Chantilly où il mourra en 1740. Ainsi, d’une gloire et une ambition précoce advint une disgrâce fatale pour celui qui aura été le plus jeune de nos Premiers ministres en France. Il y a toujours des enseignements à tirer de l'Histoire...

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

8 commentaires

  1. « ILS » peuvent nommer qui ils veulent ,rien ne changera ! Le mal est fait ; la catastrophe est là .Attal aura beau se démener il ne pourra pas endiguer cette déliquescence que subit la FRANCE . Si l’on veut un semblant de changement ,il faut changer littéralement de politique . Mais surtout changer ces godillots de politiciens arrivistes et véreux . Et surtout n’ayons pas peur des mots , car la cause de tout les maux c’est bel et bien cette europe qui détruit les nations . Cette europe dont Macron se soucie plus que de la FRANCE .

  2. On se fout qu »il soit le plus jeune ou le plus vieux. On lui demande de travailler intelligemment. Je sais que c’est un sacrés challenge. Mais se fixer un objectif atteignable relève du mangue d’ambition.

  3. A part la maîtrise des mots, et quelques saillies verbales qui, mises bout à bout, ne dépassent pas 3 minutes, qu’a fait G.ATTAL ?
    Ses cours de théâtre lui ont été bien utiles, mais qu’en est-il du concret ?
    Nous avons tellement été habitué à la médiocrité et même à la nullité, que nous nous contentons d’un espoir futile et de quelques mots. C’est bien maigre…

  4. On s’en fiche que Gabriel Attal soit le plus jeune premier ministre de la Vème République, Jordan Bardella aura 32 ans quand il sera à Matignon en 2027, et donc le record d’Attal n’aura tenu que 3 ans… Ça revient à dire que Egan Bernal fut le plus jeune vainqueur du Tour de France après-guerre en 2019, et que dès 2020, sa précocité fut battue par Tadej Pogacar, mais que Henri Cornet en 1904 avait 19 ans quand il a gagné la grande boucle. Et bien Attal est à Matignon ce que Bernal est au Tour, que Bardella fera ce que Pogacar a fait juste après, que le Grand Condé comme Cornet seront des recordman trop avant-gardistes pour qu’on s’en souvienne, et qu’entre temps il y eut Laurent Fignon et Laurent Fabius qui ont détenu ce titre honorifique dans leurs domaines respectifs.

  5. Les exemples sont nombreux, prouvant que la valeur n’attend pas le nombre des années : Alexandre le Grand, Auguste faisant son premier discours au Sénat à 19 ans, Jeanne d’Arc… Mais peut-on sérieusement leur comparer Gabriel Attal et notre cher président ?

  6. Condé ? Joli nom dont l’un de ses contemporains avait dit qu’il recelait à la fois les jeux de l’amour et du hasard…

  7. N’oublions pas que Napoléon Bonaparte devient premier Consul à 31 ans. Peut on penser que monsieur Attal saura galvaniser les foules comme ce dernier. En politique, il faut voir grand. Je crains bien qu’en guise de chef, nous n’ayons qu’un figurant.

  8. méditez monsieur Attal vous qui n’êtes que la marionnette de votre patron  » le cardinal de Bernis qui commente, dans ses mémoires : « Si la probité et les bonnes intentions avaient suffi pour remplir ce poste important, M. le Duc aurait pu espérer d’y réussir : mais les grands talents lui manquaient, et souvent les bons conseils. »

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