Métro-boulot-dodo : en pire !

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La France schizophrène ? Au sens étymologique du terme plus que dans sa signification psychiatrique, la France, sa conscience collective, sont coupées en deux parts qui sont en contradiction l’une avec l’autre et ne sont pas loin d’infliger au peuple français le supplice de l’écartèlement promis aux régicides. Il y a, en haut, un pouvoir qui distille l’angoisse et étrangle les libertés de la majorité des Français. Ceux-ci, soumis à la peur de la pandémie, voient leur vie se restreindre jour après jour comme une peau de chagrin. Mais il y a, en bas, non sans complicité avec le haut, une attaque systématique et dissolvante contre tout ce qui pouvait protéger et rassurer l’individu.

De manière obsessionnelle, l’information est monopolisée par la peur du virus. La situation actuelle fait renaître l’expression « métro-boulot-dodo » emblématique des années 1960, à l’époque où la France connaissait la croissance et le plein-emploi, mais où « elle s’ennuyait », selon la formule de Pierre Viansson-Ponté, dans un article du Monde. Cet « ennui » dans la monotonie d’un quotidien qui ressemblerait bien, aujourd’hui, au bonheur perdu traduit assez bien le divorce qui s’est produit entre le microcosme de l’oligarchie parisienne et le peuple français. Voilà des décennies que de prétendues élites occupent le pouvoir en imposant leurs priorités à une France qui en crève. Pierre Béarn, dans son poème, avait écrit : « métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro ». On ne regrettera pas la diminution des « mégots », mais ils sont remplacés par les « joints ». On constate la fermeture des bistrots et, avec elle, la disparition d’un havre de socialisation. On déplore la raréfaction du travail. Ce qui en reste sépare les Français dans un nouvel archipel entre ceux qui vont au travail, masqués et entassés dans les wagons, culpabilisés au volant de leur voiture, ceux qui n’y vont pas parce qu’ils n’en ont pas ou plus et ne sont, désormais, que des consommateurs plus ou moins capables de consommer, et ceux qui bossent à domicile, parfois seuls. Quant à ceux qui vivent avec leur famille ou leurs proches dans des logements assez grands et qu’un chauffeur vient chercher pour les conduire à leur bureau, ils sont à part, mais ce sont eux qui décident de la vie des autres.

Ce sont eux qui, en démolissant systématiquement la famille traditionnelle au nom d’une illusoire libération, ont généré cette « foule solitaire » qui fait de moins en moins d’enfants et qui s’en occupe si peu. L’Express reprenait, récemment, l’anathème de Gide, ce riche héritier pédophile : « Familles je vous hais », pour montrer que la famille est la cible de plusieurs livres récents qui en font le foyer des turpitudes, de Yann Moix à Camille Kouchner en passant par Raphaël Enthoven. Violences, viol, pédophilie : la famille serait coupable, qu’il s’agisse de maltraitance infantile, de viol, de pédophilie. Mais à y regarder de près, entre les élucubrations d’une âme compliquée prête à tout pour satisfaire son narcissisme et les déboires des familles décomposées, recomposées, redécomposées, explosées, est-ce la famille qui est l’accusée, ou sa destruction par des esprits pervers ?

La manœuvre consistant à appeler inceste un viol commis par un beau-père consiste, justement, à mettre en accusation la famille quand c’est sa désintégration et sa « recomposition » qui sont en cause. Xavier Gorce, dessinateur au Monde, avait ironisé sur la complexité des « liens » créés par les nouvelles configurations « familiales » et sur la relativité des normes comportementales qui en résultait, Alain Finkielkraut avait plus sérieusement posé la question du consentement, que le Sénat vient de relancer en inscrivant l’âge de 13 ans comme celui à partir duquel il pourrait être pris en compte. L’humoriste, écœuré par les excuses du Monde, est parti, le philosophe, lui, a été chassé de LCI, tandis que Cohn-Bendit continue d’afficher sa nullité intellectuelle et morale sur les écrans.

L’air de rien, de la « révolution » de 1968 contre le triptyque « métro-boulot-dodo », ce qu’il en reste est le triptyque bien abîmé avec chômeurs et SDF, avec moins de liberté, notamment de s’exprimer, moins de bonheur en famille, avec beaucoup plus de violences aussi, comme le souligne le « lynchage » de Yuriy, tardivement révélé par la presse et non élucidé par la police. Le Covid-19 est un puissant éteignoir !

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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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