Affaire Yuriy : le point de non-retour de la violence

agression youryi

C’est bien un nouvel épisode de « La France Orange mécanique » qui s’est déroulé, le 15 janvier dernier, dans le quartier Beaugrenelle du 15e arrondissement de Paris. Un jeune adolescent de 15 ans prénommé Yuriy a été sauvagement agressé à coups de barre de fer et de marteau par un groupe d’une dizaine de jeunes, vraisemblablement en provenance d’un quartier de Vanves. Les raisons de ce déchaînement de violence sont, à ce jour, encore ignorées et devront être établies par les policiers de la 3e DPJ chargés de l’enquête.

Une fois encore, ce fait divers malheureux n’a pas manqué de faire réagir tout ce que la France médiatique connaît de criminologues, de spécialistes, d’élus et de professionnels en tous genres. Et une fois encore, le ministre en exercice y est allé de son message sur les réseaux sociaux dénonçant, à juste titre il est vrai, « une attaque d’une sauvagerie inouïe ». Sans doute une occasion, pour ce dernier, de rappeler « l’ensauvagement » que connaît notre pays, et qu’il avait dénoncé il y a quelques mois dans un communiqué qui avait fait débat.

Pourtant, au-delà de la guerre des mots et des communiqués qui alimentent régulièrement les polémiques politiciennes sur nos plateaux de télévision, c’est bien une nouvelle preuve de la déliquescence sécuritaire qui touche désormais notre pays qui est apportée. Sur fond de chiffres officiels rapportant une nette augmentation de la délinquance en 2019, en particulier des infractions concernant les violences contre les personnes (+8 %), cette énième agression relayée via Internet nous rappelle le point de non-retour déjà atteint face à l’insécurité qui règne actuellement dans l’Hexagone.

Malheureusement, passées les déclarations ministérielles toutes plus grandiloquentes les unes que les autres, que se passera-t-il ? Rien. Cela fait, en effet, des années que des faits similaires se produisent sans que nos gouvernements successifs aient pris la moindre initiative ayant produit des effets efficaces sur le phénomène criminel. Bien sûr, de nombreux rapports ont été rédigés. Un des derniers en date étant celui du Sénat sur « l’ancrage territorial de la sécurité intérieure », remontant à juillet 2020. Ce rapport, comme tous les autres d’une rare technocratie, enfonce quelques portes ouvertes sans donner de solutions véritables. Bien plus : il entérine quelques vieilles recettes sur les « stratégies nationales de prévention de la délinquance » et les usines à gaz aussi coûteuses qu’inefficaces qu’elles engendrent depuis trente ans.

Les remèdes au mal qui touche notre société sont pourtant connus. Application de la loi pénale et retour à l’enfermement pour les infractions les plus graves ; celles touchant les personnes, notamment. Renforcement des moyens humains et matériels pour nos forces de l’ordre et nos juges. Construction de 40.000 nouvelles place de prison. Et, surtout, réforme en profondeur de l’ordonnance de 1945 relative aux mineurs délinquants. Il faut, en effet, abaisser l’âge de la majorité pénale à 16 ans et pouvoir exclure de l’excuse de minorité les délinquants mineurs les plus endurcis. À un moment où nos politiques ne voient aucun inconvénient à abaisser l’âge du consentement sexuel à 13 ans, on voit mal pourquoi la même capacité de discernement serait refusée aux mineurs délinquants de 16 ans.

Mais, évidemment, il faudrait, pour cela, une volonté politique forte, et cette volonté n’existe pas. Il y a longtemps que nos gouvernements libéro-socio-libertaires, que d’autres qualifieront de progressistes, ont fait le choix de ne rien faire, laissant les victimes à leurs souffrances et la France tomber inexorablement dans le chaos.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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