On savait depuis la démission de Jean-Guy de Chalvron, fin novembre, que les comptes de campagne du candidat Mélenchon lui avaient laissé comme un goût amer. En désaccord avec la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) chargée d’avaliser les dépenses des candidats à la magistrature suprême, le rapporteur reprochait à celle-ci de s’être montrée particulièrement clémente avec le candidat de La France insoumise.

En cause non pas une explosion des comptes de dépenses mais des magouilles qualifiées pudiquement de « savant système d’optimisation ». Autrement dit, des pratiques directement issues de cet odieux capitalisme sur lequel Mélenchon vomit sa bile chaque matin au réveil.

C’est Le Parisien, voilà quelques jours, qui révélait par le menu les accommodements et autres montages de nos donneurs de leçons, et parmi eux le premier : Jean-Luc Mélenchon, grand admirateur de Robespierre, ami de Castro et de Maduro, contempteur du patronat et des puissances de l’argent contre qui il postillonne à longueur de meeting. Un monsieur qui s’est juré et nous a juré de défendre les petits, les sans-grade et surtout les sans-contrat de travail. Car il l’a dit et répété, Mélenchon : il faut mettre un terme à l’ubérisation galopante de la société. Et de dénoncer tout particulièrement le statut d’auto-entrepreneur, un "auto-esclavage" (sic) qui, promis juré craché par terre, prendrait fin avec lui s’il était élu. Allez hop, CDI universel !

Oui, mais voilà, en coulisse c’était un peu différent. On découvre, en effet, que "des dizaines des 122 membres de son équipe de campagne ont adopté ce statut d’auto-entrepreneur pour se faire rémunérer", raison pour laquelle le candidat n’a déclaré avoir versé en salaires que "7.949 € seulement, contre 2,4 M€ pour Marine Le Pen ou 1,7 M€ pour Emmanuel Macron. Et nettement moins que les “petits candidats” Philippe Poutou (64.168 €) ou Jacques Cheminade (22.524 €)".

Plus fort encore, le porte-parole Alexis Corbière, alors enseignant, avait lui aussi opté pour ce statut et s’est ainsi fait rémunérer pour toutes ses interventions télévisées : "Les Français l’ignoraient, mais à chaque passage d’Alexis Corbière sur BFMTV, CNews ou LCI, ils en étaient un peu de leur poche", écrit Le Parisien. "Alexis Corbière a ainsi perçu entre octobre 2016 et avril 2017 la somme de 28.700 € bruts pour du conseil en communication", donc remboursés par le contribuable sur les frais de campagne.

On trouve également des surfacturations pour "prestations intellectuelles" via une association loi 1901 (L’Ère du peuple), retoquées cette fois par la CNCCFP, mais dont les trois salariés étaient aussi membres de l’équipe de campagne. En ligne de mire, également, des loyers étrangement surévalués eux aussi – "deux fois supérieurs au prix du marché" –, de quoi, peut-être, se constituer un petit matelas pour les jours maigres…

Enfin, on retombe sur l’agence Mediascop, que nous évoquions ici même voilà quelques jours. Agence dont l’unique actionnaire est Sophia Chikirou, responsable de la communication de Mélenchon et dont la rumeur parisienne assure qu’elle s’occuperait également de lui de façon très privée. "Au total, écrit Le Parisien, Mediascop a engrangé 1,16 M€, soit pas moins de 10 % des dépenses de la campagne. Or, en consultant la grille tarifaire de Mediascop, les rapporteurs de la CNCCFP ont constaté des “écarts significatifs” – en clair, des surfacturations — qui se montent selon nos sources à 95.000 €. La CNCCFP en a retoqué un tiers, soit 35 000 €."

Là encore, malgré des gains fort conséquents (47 % de marge nette en 2016), la société de Mme Chikirou ne disposait pas de locaux propres et sans doute pas, non plus, de matériel puisqu’elle a "refacturé à l’association de financement de la campagne la location d’ordinateurs et de bancs de montage" (France Inter). Elle ne versait pas, non plus, de salaires, ayant elle aussi recours à l’auto-entreprise.

Bref, Mélenchon et sa clique sont les champions de l’ubérisation !

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01 mars 2018 à 17:23

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