« Enfin ! », diront les Français opposés à l'extension de la PMA. « De quoi se mêlent-ils ? », s'indigneront les partisans du projet de loi et tous ceux qui font une crise d'urticaire dès que les évêques haussent le ton. Mais leur réaction n'arrive-t-elle pas trop tard ?

Force est de constater que la majorité des évêques ne brillent pas par leur courage pour rappeler l'enseignement de l'Église, sauf s'il s'agit d'inciter à accueillir les migrants ou à ne pas voter pour des partis comme le Rassemblement national. Raison de plus pour relever les positions qu'ils ont prises au collège des Bernardins et les propos tenus devant la presse par Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.

Les évêques ont moins condamné la PMA pour toutes que ses conséquences sur la société et l'avenir de l'humanité. On a pu entendre des intervenants souligner que « nous sommes dans l'ère des professeurs Nimbus et des savants fous », que « nos sociétés se trompent collectivement lorsqu’elles transforment la médecine chargée habituellement de guérir, en une institution qui répond aux frustrations » ou qu'« on nous assure que la PMA ne conduit pas à l’eugénisme. Mais on élargit les conditions de tous les diagnostics. On permet la congélation des ovocytes. On les triera, on les vérifiera et on éliminera ceux qui ne seront pas satisfaisants. »

Mais ce qui a provoqué le plus l'indignation des journalistes bien-pensants, ce sont les paroles du président de la Conférence des évêques. S'il a rappelé que ce n'est pas le rôle de l'Église d'organiser une manifestation contre ce projet de loi – « Ce n'est pas notre manière d'agir », a-t-il précisé –, il a déclaré : « Personnellement, je ne vois pas comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester [le 6 octobre prochain] s’ils pensent que c’est un moyen utile pour se faire entendre », ajoutant, horribile auditu : « J’aurais tendance même à dire qu’ils ont le devoir de le faire. »

Ceux qui désapprouvent, voire condamnent, ces propos jugés rétrogrades de l'épiscopat chercheront en vain, dans ce discours, des preuves de conservatisme ou de réaction primaire. Bien au contraire ! Mgr de Moulins-Beaufort, appuyé par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris et médecin de formation, a mis en garde contre une « procréation livrée à la manipulation médicale », une « filiation [livrée] au bricolage que la sophistication de notre société est capable d'imaginer ». Il a regretté que « nos responsables politiques, les parlementaires ou une grande partie d'entre eux restent aveugles aux défis, aux enjeux de ce qu'ils vont décider parce qu'ils sont fascinés par les promesses de la technique médicale et de la technique juridique ».

D'aucuns trouveront dommage que ces propos pleins de bon sens, qui s'adressent, au-delà des catholiques, à tous les Français, interviennent si tard dans le débat. Mais, comme dit le proverbe, mieux vaut tard que jamais. On entend déjà des commentateurs, dont la liberté de jugement est entravée par leur grille idéologique, crier au scandale, à l'homophobie, à la discrimination. Ils oublient qu'au-dessus de toutes les idéologies, la recherche de la vérité doit s'imposer. Les évêques ont apporté leur pierre à cet objectif, qui transcende tous les préjugés et les sectarismes.

Reste à savoir si leur voix sera entendue dans une société où de prétendus maîtres à penser disposent de tant de relais pour répéter, comme des perroquets, les lieux communs à la mode.

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17 septembre 2019 à 14:50

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