Maintenant, un « grand débat des enfants » ! Où s’arrêtera la démagogie du gouvernement ?

enfants

Qui oserait dire que le gouvernement ne développe pas la démocratie participative ? À peine le grand débat terminé, il entreprend de consulter spécifiquement les enfants : « Les adultes ne peuvent plus réfléchir à l’avenir sans prendre en compte leur parole », a déclaré le secrétaire d'État chargé de la Protection de l'enfance, dans un entretien au JDD, cédant à la mode du jeunisme. Mais cette soudaine attention pour les enfants n'est pas dénuée d'arrière-pensées...

« Au plus fort du mouvement des gilets jaunes, beaucoup de personnes ont exprimé des inquiétudes concernant l’avenir de leurs enfants », confie Adrien Taquet. Il va donc organiser, ce mercredi, un grand débat à la Cité des sciences et de l'industrie. Une centaine d'enfants, issus de mouvements comme le Scoutisme français, SOS Villages d'enfants et l'Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes, échangeront, au cours d'un goûter-conférence, sur quatre thèmes : « citoyenneté, environnement, violences scolaires ou en ligne et santé ».

Le secrétaire d'État doit publier avant l'été son « pacte pour l'enfance » et intégrer des jeunes aux groupes de travail sur la réforme de l'aide sociale à l'enfance. Il envisage même la création, au sein du Conseil économique, social et environnemental, d'une « Chambre de l'avenir » : « Ils seraient saisis ou s'autosaisiraient des questions politiques les plus structurantes (sic) qui impactent leur avenir et remettraient un avis au gouvernement. » Tout comme il fait sa cuisine dans les propositions du grand débat national, en en triant les ingrédients, le gouvernement pourrait ainsi prendre des mesures avec la caution de la jeunesse.

Ce genre de procédés est une parodie de la démocratie. Beaucoup d'adolescents ont, certes, encore une spontanéité et un désintéressement dans leurs engagements que pourraient leur envier bien des adultes, mais ces qualités sont facilement exploitables. Si nos dirigeants veulent tant montrer leur attention pour la jeunesse, ils devraient commencer par mettre en œuvre une politique familiale et éducative digne de ce nom.

Faire en sorte, notamment, que le maximum d'entre eux acquièrent un jugement critique qui leur permette de prendre du recul et de ne pas tomber dans l'ornière des préjugés et de la pensée unique. Il y aurait beaucoup à faire dans ce domaine : respect de l'article 26 de la Déclaration universelle des droits de l'homme ("Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants"), objectivité des programmes, neutralité dans sa transmission, pluralisme des médias...

Or, ils font tout le contraire. Les enfants ne les intéressent que parce qu'ils sont de futurs consommateurs et, accessoirement, des électeurs qu'il faut dresser pour qu'ils votent bien. Ils les caressent dans le sens du poil, ils les flagornent pour les séduire : leur démagogie est la forme la plus insidieuse du mépris qu'ils éprouvent à leur égard. Au lieu de les cultiver, ils les baignent dans les eaux usées de la bien-pensance. Ils ont dû prendre des leçons auprès de Big Brother : soustraire les enfants à l'influence de leurs parents et les emprisonner dans les slogans à la mode pour mieux les embrigader...

C'est, probablement, la conception que se font Macron et ses partisans de la démocratie. Seuls ceux qui les singent trouvent grâce à leurs yeux. Tous les autres, qui osent penser par eux-mêmes, sont considérés comme des déviants qu'il faut remettre dans le droit chemin.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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