Macron, ou le retour de l’Inquisition : une étrange conception de la liberté d’opinion

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Le macronisme est une religion, avec son dieu et ses grands prêtres. Pas question de s'opposer aux dogmes qu'ils ont définis ! Ainsi, le bureau du groupe LREM s'est réuni jeudi pour examiner le cas d'une élue de l'Oise, Agnès Thill, accusée de propos hérétiques. On se croirait revenu au temps de l'Inquisition.

Que lui reproche-t-on ? Hostile à la PMA pour toutes, elle ne le cache pas. Elle avait déjà suscité l'ire d'une partie de ses collègues par des propos tenus sur Twitter : « Il y a un puissant lobby LGBT à l'Assemblée et l'Assemblée nationale n'est pas la France. » Aussitôt, les principaux dirigeants de son parti lui reprochent une « sémantique homophobe » et une « mise en cause insidieuse de certains [membres de la majorité] ». Haro sur l'hérétique !

Contrainte de présenter ses excuses, elle continue, l'insolente, de dénoncer les pressions qu'elle subit : « Depuis que nous discutons de la PMA, quand je cherche à faire entendre ma voix sur ce sujet crucial et central de notre société, des collègues parlementaires, y compris ceux de notre groupe, [...] m'ostracisent et m'attaquent régulièrement. » Ayant fait acte de contrition, elle pouvait être absoute.
Mais voici qu'elle vient de récidiver. À l'occasion de la publication du rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique, elle a déclaré que « l'absence de genre dans le mot parent favorise l'éclosion d'écoles coraniques ». Il n'en faut pas plus pour qu'elle soit accusée, non seulement d'homophobie, mais d'islamophobie, voire de xénophobie. L'élue rebelle déclare ne pas craindre une décision d'exclusion, car « on peut parler dans notre groupe » et elle compte continuer de défendre ses idées.

Cette anecdote montre, s'il en était besoin, la conception que se font les cadres macroniens du dialogue, qui en dit long sur le grand débat qu'ils ont organisé. Vous avez le droit de prendre la parole et d'exprimer votre opinion si vous ne vous éloignez pas trop de la pensée normalisée. Au cours des débats de ces derniers jours, Macron est revenu, à plusieurs reprises, sur la nécessité d'être bien informé pour émettre une opinion éclairée, ce qui peut se défendre si l'on estime que le dialogue et la confrontation d'idées permettent d'approcher la vérité ou de trouver un consensus.
Encore faut-il que les sources d'information soient variées et que l'esprit critique ne s'exerce pas à sens unique. Mais notre Président considère implicitement qu'il fait partie de ceux qui savent, sont bien informés, d'où sa dénonciation des « fausses nouvelles » qui se développent sur Internet et les réseaux sociaux, étant bien entendu que lui et son clergé ne propagent que la vérité. Il a même recommandé une « hygiène démocratique du statut de l'information ». Autrement dit, si vous pensez mal, il faut vous soigner.

Macron devrait relire l'œuvre de Soljenitsyne ou, à défaut, 1984 de George Orwell. Il comprendrait que la police de la pensée, les camps de rééducation, le contrôle de l'information sont les procédés habituels des États totalitaires. Dans sa façon de débattre avec ses interlocuteurs, il ne peut dissimuler un sentiment de supériorité. C'est un zélateur infatigable de sa propre religion.

Lui et sa majorité, son grand prêtre Benjamin Griveaux et sa grande prêtresse Marlène Schiappa veulent faire croire qu'ils sont à l'écoute des Français alors qu'ils sont prêts à excommunier tous les dissidents. Pour eux, le dialogue ne peut se concevoir qu'à l'intérieur de la pensée unique. Toute entorse à cette règle doit être réprimée.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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