Ah ! Comme on en a entendu, de ces tirades, aussi longues que les mauvaises consciences ou que les cous d'autruche : « Marine Le Pen : quelle horreur ! La catastrophe ! Et puis, vous n'y pensez pas ! Et l'euro ! Et nos assurances-vie ! Et ce débat ! Beurk ! » Et les mêmes se pâmaient, macronisés du premier ou du second tour : « Il est jeune, brillant ! Et puis la droite et la gauche, c'est fini ! Et regardez comme il a redoré le blason de la France, comme il parle à Poutine, comme il serre la main de Trump ! »

Il paraît qu'il y avait même des militaires pour s'abandonner à cette euphorie. Chez eux, on sait qu'avec le sabre budgétaire et le numéro déplacé du Président plus chef que le chef d'état-major des armées, Macron a perdu tout le crédit qu'il avait et pouvait espérer au sein du milieu militaire, bien plus étendu que nos seuls soldats. C'est d'ailleurs peut-être ce foutu 14 Juillet, qui devait pourtant être le point d'orgue de l'état de grâce du nouveau Président, et la gestion calamiteuse de l'affaire de Villiers qui ont produit dans l'opinion un véritable renversement.

Dans le dernier sondage IFOP pour le JDD, Macron perd 10 points d'opinions favorables. Certes, il reste crédité de 54 %. Mais une chute de 10 points, ce n'est pas rien. Surtout après deux mois de communication régalienne non-stop, et alors qu'aucune véritable mesure n'a été prise qui viendrait impacter la vie et le bonheur macronien du bon peuple de France.

Eh bien, justement, les Français, selon les analystes, commenceraient à ouvrir un œil : "Certains sondés critiquent à voix haute une présidence fondée sur la com’", indique Jérôme Fourquet. Et les premières mesures annoncées déplairaient au cœur de l'électorat qui a plébiscité Macron. Les retraités, à peine soulagés d'avoir sauvé la France et leurs petits-enfants en votant Macron, découvrent que la hausse de la CSG va les obliger à la sauver plus concrètement que par un vote gratuit et facile de printemps. Macron perd 11 points chez les plus de 65 ans et 14 chez les 50-64 ans.

Chez les fonctionnaires, le rétablissement de la journée de carence, les réductions de postes et de budgets ainsi que les efforts demandés à la fonction publique territoriale entraînent une chute de 12 points chez les sympathisants socialistes et de 18 points chez les agents du secteur public. Mais M. Macron perd vraiment sur tous les tableaux, car les rétropédalages successifs sur les mesures fiscales ont déstabilisé les classes moyennes, entraînant la perte de 25 points des sympathisants MoDem et de 11 % des Républicains.

C'est le problème d'un pouvoir ne disposant pas d'un socle politique clair et solide. Quand tout va bien, vous bénéficiez d'un plébiscite d'indifférence, comme l'ont montré les législatives, avec un niveau d'abstention considérable. Mais, dès qu'il faut entrer dans le dur, l'indifférence se retourne en mécontentement. Et le dur, c'est non seulement la situation budgétaire dramatique (n'oublions pas l'ardoise de huit milliards laissée à M. Macron Président par M. Macron ministre de l’Économie), mais aussi tous ces sujets poussiéreux qu'on a remis sous le tapis : immigration, islamisation, terrorisme islamiste, restauration effective de notre outil de défense.

Pour le moment, c'est le portefeuille qui réveille un peu les Français, les retraités aujourd'hui, les étudiants demain, avec leur APL rabotée, et d'autres encore. Et puis viendront d'autres réveils, d'autres gueules de bois. La chute ne fait que commencer.

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24 juillet 2017 à 0:31

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