Livre : Islamisme radical : comment sortir de l’impasse, de Christian de Moliner

Moliner

Livre très courageux que celui de Christian de Moliner, bien connu de nos lecteurs. Aux interminables querelles byzantines de notre vieil Occident essoufflé et malade, il oppose une grande clairvoyance sur le problème islamique et une solution audacieuse pour en finir avec l'islamisation rampante de la France, qui semble irréversible à vue humaine.

En un mot, il propose d'accorder un statut coranique à des enclaves musulmanes sur le territoire français, sans partition ni apartheid. Les islamistes feraient appliquer la charia dans ces territoires, sous réserve de compatibilité avec la Constitution. Ces enclaves jouiraient d'un statut particulier et d'une relative autonomie, et seraient, pour l'auteur, le premier pas vers un apaisement de la société. En parallèle, la haine de ces musulmans envers les mécréants deviendrait un délit.

Il faut saluer, redisons-le, le courage et la proactivité de Christian de Moliner, qui prend acte de la contamination silencieuse de la France par l'islamisme radical. Cela dit, il me semble que la charia, comme Clemenceau le disait de la Révolution, est un bloc, dans lequel une nation de kouffars comme la nôtre n'aurait guère de légitimité pour piocher ce qui l'arrange. Par ailleurs, prendre acte de la défaite (réelle) des mystérieuses « valeurs-de-la-république » est un pari risqué, qui peut conduire soit à renforcer le corps social (c'est la thèse de Moliner), soit à accélérer son effondrement. Enfin, que ferait le gouvernement face aux revendications des autres communautés ? Verrait-on fleurir sur le sol de France, historiquement si difficile à unir, des kibboutzim (juifs, catholiques, africains, chinois...) pour toutes-et-tous, comme on dit maintenant ? Cela aurait, certes, le mérite de reconnaître officiellement les multiples fractures ouvertes de notre patrie et de permettre à des populations qui ne se mélangent plus de vivre à leur guise. On en arriverait rapidement aux « »isolats » prophétisés (encore) par Jean Raspail comme remède à la décadence occidentale.

Mais c'est là que le bât blesse. La France, en effet, deviendrait alors non pas l'hôtel de passage décrit par Attali mais un hôtel tout de même : plusieurs suites, plusieurs ambiances, chacun selon son goût. Il a fallu Hugues Capet, Bouvines, Jeanne d'Arc, Villers-Cotterêts (entre autres murs porteurs) pour que la France devienne un pays. Va-t-elle redevenir, en quelques années, un agglomérat fragile, exposé à de nouvelles guerres de religion ? Christian de Moliner ouvre la voie, en creux, à cette vertigineuse hypothèse.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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