[LIVRE] Antisémitisme de gauche : Clément Weill-Raynal met les pieds dans le plat

Dans son nouveau livre La Gauche antisémite (Éditions L’Artilleur), Clément Weill-Raynal retrace la généalogie d’« une haine qui vient de loin ». Une claque au conformisme intellectuel !
L’antisémitisme de gauche est un sujet d’actualité… sensible. La gauche en admet l’existence — bien obligée — mais est gênée aux entournures. Il n’y aurait pas d’« équivalence » entre un antisémitisme « contextuel » et « l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national ». Subtil, le distinguo est de l’ordre de la préposition. L'intellectuel Michel Dreyfus propose de dire « antisémitisme à gauche » pour en marquer le caractère exceptionnel — quand on parle d’« antisémitisme d’extrême droite ».
Mélenchon et ses louveteaux
Foin de telles arguties dans l’ouvrage de Clément Weill-Raynal. Le journaliste qui révéla le scandale du mur des cons, en 2013, met les pieds dans le plat. Depuis le 7 octobre 2023, la cause palestinienne semble avoir libéré « de toutes les préventions » les LFI et NFP, les Caron, Soudais, Panot, Portes, Obono, Hassan… Honneur au boss : en 2019, Mélenchon utilisait pour son analyse l’idée de « complot juif » et évoquait, avec ses mots, le peuple déicide ! « Lorsque Jean-Luc Mélenchon nie contre l’évidence l’antisémitisme du Hamas, s’interroge Clément Weill-Raynal, n’est-ce pas finalement le sien qu’il cherche à dissimuler ? »
Toute l’extrême gauche est mouillée. Les féministes, qui chassent de leur rang les organisations juives féministes au motif que « le sionisme n’est pas une cause féministe », les LGBTQ+, les étudiants de Sciences Po, sans oublier France Inter et « l’affaire du prépuce ». Avec cette bonne blague, Guillaume Meurice exploite un cliché antisémite identifié. Il reçoit le soutien sans failles de LFI et de Mediapart et, miracle, la Justice le blanchit.
Le concept de « lobby juif » admis par la 17e chambre
Dans les années 2000, la « seconde Intifada » a provoqué de semblables attitudes, chez les mêmes. France Inter, encore, avec Daniel Mermet dans les émissions duquel on « passe sans grande difficulté de l’État au peuple pour en arriver à la dénonciation d’un maléfique lobby juif mondial ». Le Monde, encore, où Edgar Morin déplore que la Shoah soit devenue « la légitimation d’un colonialisme, d’un apartheid et d’une ghettoïsation pour les Palestiniens ». Assignés en Justice, Mermet comme Morin reçoivent un soutien politico-médiatique et la Justice se montre indulgente. Complaisante, même : s’agissant de Mermet, la 17e chambre admet l’expression de « lobby juif »…
Ce « lobby juif », le vieux et malade Mitterrand en parlait déjà à Jean d’Ormesson, lors d’une conversation à bâtons rompus. Son passé vichyste a été autant minimisé que toléré. Tout comme celui d’Hubert Beuve-Méry, qui dissimulait tant bien que mal un écrit sur l’Allemagne nazie, publié en 1939 et qui cultivait « une étrange ambiguïté ». Beuve-Méry dirige Le Monde de 1944 à 1969, journal acharné contre Israël. Rendons justice au Libé de Serge July, qui n’est pas en reste lors de l’attentat d’Entebbe (1976) et de celui contre le restaurant Goldenberg (1982). Sur cet attentat, Clément Weill-Raynal rappelle les propos du dessinateur Siné dans une émission de la radio libre Carbone 14 avec le tout jeune Jean-Yves Lafesse : « Je veux que chaque Juif vive dans la peur » — entre autres amabilités qui lui vaudront une condamnation.
Les grands ancêtres
Faurisson vient de l’extrême gauche, Garaudy du Parti communiste. Voilà qui recadre le négationnisme. Le PCF (avec Duclos) et la CGT (avec Frachon) ont eux aussi leur antisémitisme, sinon institutionnel, du moins rampant. Henri Krasucki, Georges Mandel, Léon Blum, Pierre Mendès France pourraient en témoigner — comme victimes. Les procès qui ont lieu à l’Est, ceux de Prague (1952) et ceux du Kremlin menés par Staline (1953), reçoivent le soutien de la presse française qui dissimule leur antisémitisme derrière l’antisionisme et l’anticapitalisme
Aux racines du mal, Karl Marx. Il faut lire son œuvre « pour prendre la mesure de l’antisémitisme de Karl Marx, de ses obsessions qui confinent au délire, de sa détestation des Juifs qu’il associe constamment à l’argent et à la bourgeoisie qu’il exècre », écrit Clément Weill-Raynal. Les intellectuels socialistes du XIXe — Guesde, Proudhon, Jaurès et tant d’autres, oubliés — ne sont pas en reste. Leur antisémitisme se nourrit d’un racisme légitimé par le positivisme ambiant. Au moment de l’affaire Dreyfus, la gauche n’est pas unanimement dreyfusarde, contrairement à la réécriture qui en a été faite.
Au terme du livre, le constat est établi : « À travers les époques, du stalinisme au Hamas, un antisémitisme décomplexé — se camouflant derrière les oripeaux de l’antisionisme — a toujours prospéré. » Ce à quoi nous assistons aujourd’hui ne vient pas de nulle part. L’antisémitisme de gauche est systémique.

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17 commentaires
N’oublions jamais que nazisme signifie national-socialiste !!
C. Weil Reynal n’a pas lu le même Capital que nous, ex cocos des années 60, qui devions lire in extenso les pavés du Capital », et d’autres ouvrages , comme « Le gauchisme, maladie infantile du communisme », où pire , l’imbitable Anti durhing!
Le Marxisme c’est une Philosophie: le matérialisme dialectique, et une Science : le matérialisme historique.
C’est un outil de compréhension de la société humaine industrielle en phase expansive, du début XIXème siècle.
On peut tout lui reprocher, en particulier de ne pas avoir été adapté aux mutations profondes du système capitaliste, mais pas d’être anti-judaïque, ce qui est un mensonge.
La Chine, qui a imposé la « dictature du prolétariat » sous Mao, est devenue 1re puissance mondiale.
Les autres, l’URSS ou la caricature de Corée du nord , ont imposé le pouvoir personnel, ce que l’on nomme trivialement une dictature.
Le privilège dit « de gauche » semble avoir du plomb dans l’aile. Les livres sur « la gauche » ( peu amènes ) se succèdent, et ce n’est pas reluisant. On « sait » depuis M. Mitterrand, et même avant, mais ça ne se disait pas ! Déjà, il y a quelques années Simon Epstein signait un livre : » un paradoxe français » qui explicitait tout cela… ( enfin, pas l’époque actuelle ).
Faut-il rappeler qu’en 1910 les cadres du Communisme étaient tous ou presque de confession Israélite ?
Jean Aymar… Le communisme en
1910?
Sans oublier Jaures, qui fût un antisémite furibard, et sur lequel on est bien discret.
Il defendit Dreyfus dise timidement ses partisans… Oui mais 4 ans après le début de l’affaire et la parution du » J’Accuse » de Zola… et après avoir été le premier à demander l’envoi du capitaine au poteau.
Et il est au Panthéon…
Très intéressant
Il serait intéressant ici de rappeler la lignée des Rothschild et le rôle de La City de Londres où ils régnèrent entre les 2 guerres dans le montée du nazisme en Allemagne…et, pour la connaissance vraie, expliquer que l’antijudaïsme est le refus d’une religion et l’antisémitisme, celui d’une « race ou ethnie » qui intègre l’ensemble des sémites, arabes compris.
Tout cela est bien confus…
Zola antisémite?
Karl Marx antisémite? Mais je croyais qu’il était juif…
René Girard écrit que la confusion amène la violence. Mélanger judaïsme et état d’Israël par exemple provoque la violence. Est-ce qu’on parle de sionisme ou de judaïsme ?
Est-ce que l’antisémitisme est la haine de tous les juifs ou uniquement de ceux qui ont des richesses? Si Marx est antisémite, est-ce un antisémite envers les nantis (bourgeois du capital) parmis eux? Ou tous? Et alors pourquoi?
Antisémite ne veut il pas dire au départ contre les sémites? C’est plus vaste que les juifs donc. Les juifs d’Europe du nord ne sont pas très sémites si on va dans ce sens.
Si c’est une détestation de la religion parce qu’on la considère comme discutable, pourquoi s’énerver? On peut en discuter et il n’y a pas de quoi aller au delà d’un débat intellectuel.
Je n’y comprends rien. Ce que je vois est la violence parce que tout est mélangé. (Tohu bohu)… Que la lumière soit…
Pour ce que j’ai appris ( très récemment ), Zola a été quelque peu antisémite ; mais l’ « affaire » l’a scandalisé. Quant à Marx, là, c’est violent, stigmatisant avec tous les « clichés » etc Antisémite, oui !
Vous avez raison: vous n’y comprenez rien parce que vous faîtes dans l’analyse formelle (judaïsme, juif, sionisme, riches) etc…) et que la pureté des raisonnements, hors contexte, mène toujours à des impasses pour comprendre le présent. J’explique:
-1) « Karl Marx antisémite? Mais je croyais qu’il était juif… » : OUI c’est possible (et ça vaut pour tout le monde)
– 2) « Est-ce qu’on parle de sionisme ou de judaïsme ? » : parler de « sionisme », aujourd’hui, n’est plus d’actualité parce que les Juifs ont une terre et un Etat. Ceux qui prétendent être antisioniste, aujourd’hui, sont antisémites et cachent leur racisme derrière un discours politique défendable avant 1948.
– 3) « Est-ce que l’antisémitisme est la haine de tous les juifs ou uniquement de ceux qui ont des richesses? » Confusion typique du discours antisémite: on justifie l’antisémitisme par démagogie, en essayant de rameuter les pauvres dans sa haine des Juifs.. Il n’y a pas de bon antisémitisme. Tous les Juifs que je connais, d’ailleurs, sont pauvres….
-4) « Si c’est une détestation de la religion parce qu’on la considère comme discutable, pourquoi s’énerver? » : il faut dire ça, alors, au Hamas ( 7 octobre 2023), et il fallait le dire aux Nazis: apparemment, il y a des gens qui ne peuvent pas se contenter de critiquer la religion juive mais qui ont besoin de tuer ses adeptes (racisme)
Un numéro du Livre Noir abordait cette question de l’antisémitisme de gauche ,en particulier au XIX° siècle ,Zola lui-même était antisémite ,son article « J’accuse » en faveur de Dreyfus était une attaque en règle contre l’Armé ,l’Eglise et une certaine France.
L’antisémitisme n’est l’apanage d’aucun mouvement politique : on le trouve indifféremment à l’extrême droite et à l’extrême gauche.
Quant à l’excellent Edgar Morin, ancien résistant et dont les 2 parents étaient juifs, il est faut de dire qu’il est antisémite …
Sans compter que ce que veut la gauche, c’est changer le gouvernement du monde en changeant l’homme, en le rééduquant pour en faire un travailleur, certes pauvre, mais heureux. Un peu comme Schwab.
Les juifs ne cherchent pas à changer l’homme pour en faire un travailleur docile. Ils cherchent seulement que « ce qui est détestable à tes yeux, ne le fais pas à autrui. » (Rabbi Hillel hazaken)
La recherche de la justice et de la justesse inhérente au judaïsme est tellement étrangère au monde de la gauche qu’elle en est antisémite fondamentalement.
Il serait intéressant d’étudier également l’antisémitisme de certains juifs dans l’histoire ,nous savons qu’il existait un mouvement juif bolchévik en URSS dont la mission était de déjudaïser les juifs prolétariens ,aujourd’hui des juifs athées dans toutes les sphères de la société agissent de la même façon .
Un peu ras-le-bol de tout ça quand même….
Effectivement. Il est toujours plus facile, la plupart du temps par la violence, de vouloir changer les autres que de travailler à évoluer soi-même.