« L’indépendance du Kosovo est une farce »
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Le Kosovo vient de fêter ses dix ans d'indépendance. Peut-on dire, pour autant, que le Kosovo est un État souverain, libre et autonome ? Boulevard Voltaire a posé la question au colonel Hogard. Pour celui-ci, avec cette ancienne province serbe - grande comme deux départements français et dont la population s'est modifiée au profit de la population albanaise musulmane lors des soixante dernières années -, on a affaire "à tout sauf à un État" : même les journalistes, dit-il, les plus favorables à l'indépendance du Kosovo parlent aujourd'hui de "faillite du modèle kosovar".
Colonel Hogard, le Kosovo a fêté aujourd’hui ses dix ans d’indépendance.
Peut-on pour autant dire que le Kosovo est un État souverain, libre et autonome ?
"Je ne le pense pas du tout. D’abord, le Kosovo n’a pas les caractéristiques d’un État. C’est une ancienne province serbe dont la population s’est modifiée au profit de la communauté albanaise musulmane lors des derniers cinquante ou soixante ans. Il n’a pas de ressources. C’est une entité extrêmement pauvre avec une absence de gouvernance qui s’est imposée aux yeux de tous. Même les journalistes les plus favorables à l’indépendance du Kosovo parlent aujourd’hui de faillite du modèle kosovar. C’est dire qu’elle est saisissante. Dans un petit pays grand comme deux départements français, le montant de l’aide internationale dépasse par habitant le plan Marshall.
On a donc affaire à tout, sauf à un État. En tout cas, absolument pas un État souverain. Il est très tributaire de l’Albanie voisine pour ce qui est de son influence. Et il est très tributaire des fonds européens, c’est-à-dire de vos impôts et des miens, pour ce qui est de sa survie au jour le jour. Je ne parle pas évidemment des trafics divers, d’organes, de femmes et d’armement qui sont la réalité économique de cette province à mon avis en perdition."
En d’autres termes, le Kosovo est-il dirigé par une sorte de mafia ?
"C’est certain ! Il n’y a pas l’ombre d’un doute.
Le Kosovo est dirigé par plusieurs clans albanais tous très proches les uns des autres.
Ils sont liés à l’UCK, l’organisation rebelle terroriste albanaise qui était en grande difficulté en 1999. Elle a été sauvée en quelque sorte par l’intervention de l’OTAN. Cela lui a permis d’accéder au pouvoir politique dans cette province qui a été détachée de la Serbie et de contrôler aujourd’hui tous les trafics. Nous avons essentiellement en tête les trafics d’organes qui ont été dénoncés à partir de 2010 par un rapport du parlement européen. Mais tous les trafics se poursuivent allègrement. Cela se fait d’ailleurs avec le concours de certaines personnalités américaines comme Madeleine Albright ou d’anciens responsables militaires de l’OTAN à l’époque et qui font toutes sortes d’affaires juteuses au Kosovo aujourd’hui."
Difficile de parler du Kosovo sans parler de l’Albanie et de la Serbie.
Le Premier ministre albanais a déclaré qu’à l’avenir il était fort possible que l’Albanie et le Kosovo fassent cause commune, notamment en matière de diplomatie.
N’est-ce pas déjà un état de fait ?
"Pour être direct, je pense que l’indépendance du Kosovo est une farce. Le drapeau du Kosovo est une farce. Il représente la carte du Kosovo sur fond bleu avec quelques étoiles européennes.
En réalité, le Kosovo appartient soit à la Serbie, soit à l’Albanie et dans ce cas son drapeau est albanais. D’ailleurs vous verrez au Kosovo plus de drapeaux rouges avec du noir que de drapeaux soi-disant kosovars. Cela veut bien dire, comme le disent les responsables albanais kosovars eux-mêmes, que la communauté internationale a « imposé » une indépendance à cette province serbe du fait de son peuplement majoritaire albanais. L’obsession de la caste au pouvoir au Kosovo et peut-être d’une partie de la population d’origine albanaise est le rattachement à l’Albanie. C’est la Grande Albanie, le vieux rêve de la Ligue de Prizren de la fin du XIXe siècle."
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