Le Figaro s’alarme de la fermeture des cafés. Sujet presque « marronnier ». Disons en voie de "marronnisation". 600.000 en 1960. 34.000 en 2016. Bientôt plus rien. Dans son village dortoir, le travailleur a les yeux rivés sur son plan de carrière. Pas le temps d’aller déconner au bistrot avec le tout-venant… C’est un gars sérieux. Responsable. Pour s’exprimer, il a Twitter, Facebook… Il est connecté sur le monde. 7.000 cafés ferment, chaque année. Des millions de comptes Twitter ouverts en France depuis la création du machin. Contrairement aux apparences, le déconnage ne s’est jamais aussi bien porté. Et sans une seule goutte d’alcool ! On n’ose imaginer les réseaux sociaux dotés d’une licence IV.

Pour tenter d’enrayer le phénomène, ici et là,on tente le coup du lieu bobo branchouille. Un bourg du Lot aurait un café-brocante tendance (d’après le très bien informé Figaro…). De quoi attirer le cadre moyen terré dans le lotissement hideux implanté en bordure de commune. Celui qui ne boit qu’avec ses collègues de bureau mais serait bien tenté par le bio. Il peut venir. Peut-être le samedi entre 11 h 00 et 11 h 15, en revenant d’Intermarché où le Nutella® coule à flots.

L’anti-bistrot est atteint avec des offres de connections wi-fi et de co-working ! Espace « fake news » aux abords du comptoir… Trois apéros minimum pour entrer dans les conversations. Le déblocage autour d’un verre doit bénéficier, lui aussi, d’un langage moderne. Pendant que les co-workers se prennent la tête face à leurs écrans, le patron peut attirer le client du lotissement à l’aide d’un vocabulaire macronisé.

Manque à toutes ces initiatives louables l’appel à la rencontre et à l’échange d’idées. Et le jeu ! Les cafés étaient, bien souvent, des lieux où l’autochtone jouait. Aux cartes, au baby-foot, aux dés, aux fléchettes… Toutes activités en mesure de décoincer le cadre déraciné du pavillon morose. L’amusement semble absent des diverses initiatives. Désormais calibré, il devient impensable ailleurs que dans un parc d’attractions.

Le groupement France Boissons réclame l’inscription du café français au patrimoine de l’UNESCO. Et le joueur de belote dans un bocal de formol. Pour les générations futures. Celles qui n’auront jamais connu le bonheur du vrai vivre ensemble.

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19 février 2018 à 20:19

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