L’idéologie du quart d’heure d’Anne Hidalgo ne passe décidément pas

Hidalgo vélo

En 2001, les Parisiens de droite se chamaillaient en ponctuant leurs diatribes d’un Je préfère encore le socialiste Delanoë à un tel de droite que je déteste. Un peu comme Chirac appela en douce à voter Mitterrand, en 81, par haine de Giscard. Seulement voilà, le rose Delanoë cachait la verte Hidalgo, ventousée comme une moule à son rocher depuis plus de vingt ans.

Ronds-points bloqués par des barrières de béton permanentes, rues rétrécies, chicanes, rue à sens unique qui, à mi-chemin, repart dans la direction opposée, plus de raccourcis ; rues embouteillées plus pollués que jamais, limite à 30 km/h dès le 30 août, tandis que les routes transformées en pistes cyclables sont presque vides ; « la ville pour tous », c’est rendre la vie de tous les conducteurs également infernale. « L’expert danois en cyclisme urbain Mikael Colville-Andersen a déclaré qu’il aurait été congédié s’il avait proposé certaines des "solutions" de vélo de Paris à la ville de Copenhague », rapporte la journaliste du Telegraph Anne-Elisabeth Moutet.

Pas étonnant que depuis 2010, Paris ait perdu près de 110.000 habitants. À moins d’être en forme, jeune, célibataire, rester, c’est restreindre vos besoins aux magasins, médecins, écoles (aux cours ouvertes à tous) et bureau de coworking qui se trouvent à moins de 15 minutes de chez soi — des limites de village imposées à la Ville Lumière où les vitrines sont éteintes la nuit sous peine d’amendes, où la laideur s’y répand comme la saleté, les rats ou les moustiques porteurs de virus profitant de la lubie des zones humides.

La coalition Rouge-Verte a été réélue par 17 % des électeurs inscrits, sa clientèle. Leur plan « Paris ville du quart d’heure, ou le pari de la proximité » aurait dû pousser les Parisiens à s’opposer à leur vision totalement délirante.

Aragon écrit, dans Aurélien, roman publié en 1944, au moment même où von Choltitz, gouverneur militaire du Groß Paris se demandait s’il allait le détruire : « Les Parisiens n’ont jamais de leur ville le plaisir qu’en prennent les provinciaux. D’abord, pour eux, Paris se limite à la taille de leurs habitudes et de leurs curiosités. Un Parisien réduit sa ville à quelques quartiers, il ignore tout ce qui est au-delà qui cesse d’être Paris pour lui. » Le quart d’heure warholien de la mère Hidalgo - célèbre à l’international, se vante-t-elle. Oui ! Pour limiter les libertés au nom d’une « démobilité afin de réduire notre impact environnemental et climatique » et, maintenant - béni soit le Covid-19 -, réduire l’impact sanitaire des déplacements.

Pas un hasard si les bus sont impactés par le plan de circulation délirant de la ville, pas un hasard si l’état des métros se dégrade, pas un hasard, ces travaux commencés et abandonnés, ces plots de béton qui réduisent les voies de circulation, limitant la liberté de déplacement aux besoins définis comme essentiels par des esprits totalitaires. En revanche, c’est aussitôt pour le regretter que l’auteur d’Aurélien poursuit : « Puis il n’y a pas ce sentiment presque continu de se perdre qui est un grand charme. Cette sécurité de ne connaître personne, de ne pouvoir être rencontré par hasard. Il lui arrive d’avoir cette sensation bizarre au contraire dans de toutes petites villes où il est de passage, et le seul à ne pas connaître tous les autres. »

On dit maintenant que la grenouille qui voudrait se faire plus grosse que le bœuf prétendrait concourir pour la présidence. Depuis que « Monsieur 3 % » s’est retrouvé sur la pelouse de l’Élysée comme un lapin pris dans les phares d’une voiture, c’est un peu devenu la présidence pour tous.

 

Thierry Martin
Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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