Législatives partielles : Wauquiez a-t-il gagné ? En tout cas, Macron a perdu

Il y a toujours plusieurs façons d'interpréter des résultats électoraux, surtout lors d'élections partielles dont la participation est très faible - autour de 20 %, hier, dans le Val-d'Oise comme à Belfort.

On peut en faire la lecture de M. Mélenchon, condamné à jouer les commentateurs puisque les candidats de La France insoumise - comme ceux du Front national - furent éliminés dès le premier tour :

Macron battu dans les deux élections partielles. L'ancienne droite bat la nouvelle droite.

Mais, pour ceux qui, de droite, peinent à voir ce qu'il y a de droite dans la majorité LREM, et parfois aussi dans les LR, même remis en selle par Laurent Wauquiez, l'analyse n'est pas tout à fait celle-là. À un détail près, qui nous permet d'être d'accord avec M. Mélenchon : si l'on ne sait pas vraiment si c'est la droite façon Wauquiez qui a gagné, à Belfort avec 58 % et à Pontoise avec 51,5 %, une chose est certaine : c'est bien la majorité d'Emmanuel Macron qui a perdu. Dans le Val-d'Oise, elle nourrissait l'espoir de faire réélire sa candidate, qui était arrivée en tête au premier tour. Et les deux grandes jambes du "en même temps" présidentiel, le chef du gouvernement ex-LR M. Philippe et le chef du parti ex-PS M. Castaner s'étaient déplacées pour la soutenir. Les électeurs ont dit non à tous ces ex. Et au Président Macron. Certes, ils l'ont dit timidement, du bout des lèvres, à 51,5 %, et avec 70 % d'abstention. Mais ils l'ont dit. Et le second tour a bien confirmé le premier : LREM est en panne.

Que M. Wauquiez se félicite, rien de plus normal. Qu'auraient dit ses détracteurs, et d'abord ceux de son parti, si la victoire n'avait pas été là, ou là à Belfort mais pas à Pontoise ? Mme Pécresse y serait allée de son petit refrain sur deux droites irréconciliables, sur le danger de la ligne Wauquiez. Cette double victoire cloue le bec à ces merles juppéo-centristes qui n'ont toujours pas fait leur migration.

Maintenant, ces résultats ouvrent-ils aux candidats LR des perspectives triomphantes ?

S'il y a désaveu pour la majorité d'Emmanuel Macron, il faudra attendre les prochaines élections partielles de mars pour en mesurer la réalité et l'ampleur. En effet, ces défaites ne ressemblent pas du tout aux sanctions systématiques qui ont frappé le PS quand il était au pouvoir : les candidats hollandais étaient eux aussi battus, mais dès le premier tour ! LREM n'en est absolument pas à ce stade !

Et puis ces élections partielles qui scandent la durée d'un quinquennat masquent parfois des mouvements de l'opinion, des attentes qui n'émergent qu'à la fin, au moment des présidentielles. Ainsi, pendant cinq ans, les partielles précédentes opposèrent quasi systématiquement le FN à LR. Et à l'arrivée, l'an dernier, il n'y eut ni LR ni FN à l’Élysée et à l'Assemblée, mais qui vous savez. Tous les espoirs sont donc permis. À tous. Et, bien sûr, aux mouvements qui n'existent pas encore.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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